Après s'être penché à
plusieurs reprises sur la Nunsploitation (Le trône de
feu,
Les démons,
Lettres d’amour d’une nonne portugaise),
le réalisateur espagnol Jess Franco s'est également intéressé
durant sa carrière à un autre sous-genre du cinéma
d'exploitation : la Nazisploitation
qui, comme son nom l'indique inclus dans son propos le thème du
nazisme. Nous pourrions évoquer Ilsa, la louve des SS
de Don Edmonds et ses succédanés qui demeurent parmi les plus
connus du genre, mais c'est à une autre sorte de long-métrage
auquel va avoir à faire le spectateur en cette année 1983. S'il est
encore question ici de soldats nazis, Jess Franco, comme tant
d'autres avant et après lui, va les mixer avec l'un des genres
horrifiques les plus populaires auprès des amateurs de cinéma
d'horreur et d'épouvante : le zombie. L'espagnol n'ayant pas
été le seul à s'intéresser à cet étonnant brassage, on a pu
notamment découvrir des œuvres telles que Le
commando des morts-vivants
(Shock Waves)
du réalisateur américain Ken Wiederhorn en 1977 ou celle du
français Jean Rollin intitulée Le lac des
morts-vivants
en 1981. Le film dont nous allons parler dans cet article semble être
d'ailleurs très officiellement la suite de ce dernier, le
réalisateur français abandonnant alors sont titre de metteur en
scène au profit de l'espagnol Jess Franco. À dire vrai, malgré la
thématique reposant sur la Nazisploitation,
les deux longs-métrage n'ont en réalité que peu de choses en
commun si ce n'est de faire partie des pires films du genre !
Dans les années 2000, la Nazisploitation
semble avoir retrouvé le chemin des salles de cinéma avec quelques
exemples notables parmi lesquels les volets de la franchises Dead
Snow
de Tommy Wirkola en 2009 et 2014 ou Frankenstein's
Army de
Richard Raaphorst en 2013...
Mais
retournons en 1983, près de trente ans en arrière. Un voyage dans
le temps qui risque de s'avérer particulièrement douloureux pour
les amateurs de zombies d'origines diverses et (a)variées. Immunisés
depuis longtemps, les fans de Jess Franco n'auront sans doute aucune
difficulté à subir ce navrant spectacle qu'offre comme cadeau
empoisonné L'abîme des morts-vivants
(La Tumba de los Muertos Vivientes).
Un titre qui pour une fois mérite bien sa traduction française tant
son contenu semble mériter d'être oublié après avoir été jeté
dans un abîme sans fond. Un bon moyen de réévaluer les œuvres
authentiquement cultes que sont L'Avion de
l'apocalypse de
Umberto Lenzi et Virus cannibale
de Bruno Mattei. Deux classiques du nanar
absolument indispensables que continuera sans doute malgré tout de
renier une partie du public allergique à ce type de produit
cinématographique (tant pis pour eux). L'abîme
des morts-vivants,
lui, mérite tout à fait sa réputation de film Z.
Une sous-catégorie moins élogieuse que celle qui enferme pour notre
plus grand plaisir les nanars
de toutes sortes. Il faut dire que l’œuvre de Jess Franco est si
peu agréable à regarder qu'on ne lui accordera qu'un intérêt tout
relatif. Également écrit par le réalisateur espagnol lui-même,
L'abîme des morts-vivants
bénéficie pourtant d'un scénario prometteur auquel son auteur n'a
malheureusement pas été capable de rendre hommage. Tourné dans
l'archipel des Îles Canaries et en Espagne, l'action se déroule
majoritairement dans le désert et se compose de deux actes très
précis...
Convoquant
la présence de l'acteur Javier Maiza (dont la carrière au cinéma
se comptera sur les doigts d'une seule main), celui-ci incarne le
rôle du capitaine Blabert de l'armée britannique qui durant le
second conflit mondial l'opposant à l'armée allemande, combattit
auprès de ses hommes une section nazie constituée par le tristement
célèbre officier Erwin Rommel et transportant un très important
chargement de lingots d'or. Le massacre est tel que le capitaine
Blabert est seul à survivre à la bataille. Retrouvé inanimé dans
le désert près de l'oasis où eut lieu le massacre par un Sheik du
nom de Mohamed Al-Kafir (Antonio Mayans), il est emporté jusqu'à la
très luxueuse demeure de son sauveteur où à son réveil, il fera
la connaissance de sa fille Aisha (l'actrice Doris Regina). Si un
premier ''soulèvement'' des zombies nazis morts lors du massacre
s'est déjà produit, cette première partie de L'abîme
des morts-vivants
ressemble moins à film d'horreur et d'épouvante qu'à un film
d'aventures fauché mâtiné d'une intrigue romantique entre le
capitaine de l'armée britannique et la jeune et exotique Aisha. De
cette première partie qui aurait sans doute gagné en valeur
artistique si elle ne s'appesantissait pas temps sur des plans d'une
longueur et d'une lenteur astronomiques, l'on retiendra somme toute
la beauté qui incarne le personnage d'Aisha, une certaine ambition,
mais aussi une séquence de guerre totalement brouillonne lors de
laquelle, soldats britanniques et allemands portent tous le même
uniforme. De quoi se perdre littéralement dans ce champ de bataille
où les tirs et les explosions se multiplient !
La
seconde partie débute lorsque le propre fils du Capitaine Blabert
consulte le journal de voyage de son père, lequel a été depuis
assassiné par un certain Colonel Kurt Meitzell (l'acteur Eduardo
Fajardo dans le rôle d'un ancien officier nazi espérant mettre la
main sur le chargement de lingots toujours enfoui sous le sable du
désert). Avec quelques amis, Robert (l'acteur Manuel Gélin), qui
vient de découvrir l'existence du chargement d'or, décide de
quitter l'Angleterre pour rejoindre l'oasis et mettre la main dessus.
Toujours aussi peu enclin à insuffler de l'énergie à son film,
Jess Franco fait se croiser tous les protagonistes du film avant d'en
confronter une grande partie à la poignée de zombies disponibles
sur le tournage. Des maquillages encore moins dignes que les pizzas
étalées sur le visages des morts-vivants de L'Avion
de l'apocalypse.
Une vitesse de déplacement qui ne justifie jamais qu'aucun des
vivants ne puisse leur échapper. Un jeu d'acteur aussi pathétique
du côté des morts que de celui des vivants. Un tout petit brin
d'érotisme (toujours très gratuit chez l'espagnol) et surtout, oui
surtout, un rythme lent.... à se cogner la tête contre les murs !
Considéré comme l'un des pires représentants du film de zombies,
L'abîme des morts-vivants mérite
amplement sa réputation...
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