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mercredi 18 mai 2022

Les démons de Jess Franco (1973) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Démarrage d'un court cycle consacré au réalisateur espagnol Jesús Franco Manera plus connu sous le nom de Jess Franco. Nous allons débuter avec Les Démons datant de 1973. Réalisateur frénétique, amateur d'horreur et d'érotisme, grand pourvoyeur de séries Z, Jess Franco signe cette année là l'un de ses meilleurs longs-métrages. Du moins, l'un de ceux qui paraissent visuellement les plus maîtrisés et donc, les plus intéressants d'un point de vue technique. Surtout, le film s'inscrit au cœur d'une trilogie consacrée à l'inquisition. Effectivement, trois ans auparavant il aura signé Le trône de feu et reviendra sur le sujet en 1977 avec Lettres d’amour d’une nonne portugaise. Nous retrouverons d'ailleurs dans le premier l'un des charismatiques antagonistes des Démons en la personne du juge George Jeffreys. Un authentique personnage historique ayant vécu au dix-septième siècle où il fut membre du Conseil privé avant de devenir Lors Chancelier sous le règne de Jacques II. Surnommé le ''Juge qui pend'', c'est bien de lui dont il s'agit ici et non pas de son homonyme qui vécut entre la fin du dix-neuvième siècle et le milieu du vingtième et qui lui fut un célèbre évangéliste, leader du mouvement de Pentecôte. Incarné dans Les démons par l'acteur sud-azerbaïdjanais Cihangir Gaffari (qui apparaîtra notamment dans la série télévisée britannique Dick Turpin restée célèbre chez nous sous le titre Dick le rebelle), il fut à l'origine incarné par Christopher Lee dans Le trône de feu.


S'inscrivant dans toute une série de films basant leur thématique sur l'inquisition, donc, et malgré le soin apporté à la mise en scène, le long-métrage de Jess Franco a bien du mal à s'aligner face aux mastodontes du genre que représentent Le grand inquisiteur de Michael Reeves réalisé en 1968, La marque du Diable que tourna Michael Armstrong en 1970 ou le chef-d’œuvre absolu du genre que s'avère être Les diables auquel donna naissance le réalisateur Ken Russell en 1971. Pourtant, on ne se plaindra pas trop du résultat qui s'affiche à l'écran puisque si Les démons n'est très clairement pas un grand film, on sent bien que Jess Franco y a mis tout son potentiel créatif . Les décors se situent au sein d'un monastère où vivent enfermées des nonnes et où sont pratiquées dans l'indifférence presque générale, des tortures sur celles qui sont soupçonnées d'être des sorcières. En effet, le film s'ouvre sur le procès d'une vieille femme. Reconnue comme faisant partie de l'une d'elles, elle est brûlée sur le bûcher mais a le temps de prononcer une malédiction à l'attention des trois personnalités qui l'ont condamnée : Lord Justice Jeffries (Cihangir Gaffari, donc, qui à cette occasion usa de l'un de ses pseudonymes, John Foster), Thomas Renfield qu'incarne Alberto Dalbés, mais aussi et surtout Lady de Winter qu'interprète l'actrice Karin Field. Un visage angélique mêlé de perversité dont le personnage fait preuve d'une moralité plus que douteuse. Excitée par les tortures infligées, s'offrant à son amant Thomas Renfield et s'adonnant tout autant au saphisme, la jeune femme se rend au couvent de Blackmoor où sont supposées être Kathleen et Margaret, les filles de la sorcière brûlée récemment et dont le destin sera de tuer les trois bourreaux de leur mère...


D'une durée avoisinant les deux heures, Les démons est une co-production franco-portugaise qui sans doute aurait mérité d'être quelque peu élaguée. Trop long et donc parfois très ennuyeux, le film bénéficie cependant d'un budget relativement confortable qui se voit à l'écran. Les paysages extérieurs bien que rarement exploités sont souvent magnifiques. Quant au village et surtout le couvent dans lequel le film situe la plupart des séquences, ils n'ont absolument pas à rougir face à la concurrence. Les décors parviennent à rendre crédible cette chasse aux sorcières perverse à la tête de laquelle trône l'actrice Karin Field, véritable garce, sadique, licencieuse, se complaisant comme pas mal des personnages d'ailleurs, dans la luxure. D'où un certain nombre de séquences érotiques justifiant la présence d'actrices plutôt remarquables parmi lesquelles nous retrouvons la belge Anne Libert et la portugaise Britt Nichols, deux fidèles interprètes du réalisateur espagnol. Tout ou presque n'est que prétexte à foutre à poil telle ou telle actrice. Qu'il s'agisse de lui demander de faire l'amour avec l'une de ses ''camarades'' ou lors de tortures dont on aurait sans doute aimé que ces dernières se montrent beaucoup plus cruelles et sanglantes, les interprètes féminines passent davantage de temps dénudées qu'habillées de l'une des tenues d'époque. On s'amusera par contre cependant de la musique signée de Jean-Bernard Raiteux qui parfois s'éloigne de la thématique pour nous offrir des plages de rock psychédélique qui n'ont rien à voir avec le contexte mais créent un climat délirant que l'on ne reprochera malgré tout pas au film de Jess Franco. Au final Les démons doit s'envisager comme une sympathique alternative aux classiques évoqués plus haut. Une œuvre qui souffre d'une lenteur relativement importante, bénéficiant de nombreuses séquences érotiques qui satisferont les amateurs du genre mais qui manque par contre d'hémoglobine...

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