Avant de me lancer dans un cycle consacré au réalisateur espagnol
Jesús Franco, auteur de deux-cent films et aux pseudos aussi divers
et variés que Jess Frank, Adolf M. Frank, David Khune, Lulu Laverne,
Candy Coster, ou encore Clifford Brown, petit détour chez l'un de
ses compatriotes connu sous le nom de Juan Piquer Simón. Un
réalisateur aussi culte que Z auquel l'on doit notamment quelques
grands moments du nanar tels que Supersonic Man en
1979, Le Sadique à la tronçonneuse en 1982 ou Slugs
six ans plus tard. En 1978, le réalisateur espagnol collabore avec
un certain Carlos Puerto afin de mettre en scène Escalofrio
(La nuit de l'enfer).
Se traduisant par froideur,
Escalofrio met
principalement en scène deux couples composés d'un côté par les
acteurs Ángel Aranda et Sandra Alberti et de l'autre par José María
Guillén et Mariana Karr. Si les trois premiers sont espagnols, la
dernière est quant à elle originaire de Buenos Aires en Argentine.
Le film s'ouvre sur le visage du Docteur Jiménez del Oso. Un
authentique psychiatre et journaliste qui fut du temps de son vivant
un spécialiste en parapsychologie et qui en ouverture de Escalofrio
tente d'apporter une certaine crédibilité au thème abordé de la
sorcellerie et de la démonologie. Le spécialiste tente en effet de
justifier l'existence de Satan en donnant une définition personnelle
du mythe. Une fois cette séquence d'ouverture achevée, l'on assiste
au sacrifice d'une jeune femme par une sorte d'étrange gourou qui
avant de la tuer d'un coup de poignard profitera d'elle en la
violant. Cette seconde scène donne le ton de ce que sera Escalofrio
par la suite. Soit, une œuvre fantastique bien plus encline à
exposer les chairs qu'à les transformer en bouillie...
Dans
la lignée d'un Jesús Franco (ce qui tombe assez bien vus mes
objectifs prochains), le long-métrage de Juan Piquer Simón et
Carlos Puerto est doté d'un scénario ultra-mince situant son action
dans une demeure construite au sommet d'une colline. Un curieux
édifice constitué de pièces exhalant l'exubérance de leurs
propriétaires et d'environnements déjà nettement moins
encourageants comme cette cuisine aussi glaçante qu la chambre
froide d'une morgue où trône un congélateur semblable à celui
dans lequel un certain Leatherface planqua le corps de
l'une de ses victimes en 1974. C'est là que vont s'y retrouver pour
la nuit les propriétaires Bruno et Berta, lesquels convient Ana et
Andrés, ce dernier étant supposément un ancien camarade d'école
de Bruno. Après avoir partagé un verre, tous les quatre se
retrouvent autour d'une table pour une séance de Oui-ja.
L'on y apprend notamment que Bruno aurait tenté de se suicider et
que son sort est déjà scellé. Épuisés, tout le monde fini par
rejoindre sa chambre pour la nuit. Mais Ana ne parvient pas à
s'endormir car dehors est resté son chien Blackie qui depuis, ne
cesse d'aboyer. Alors que la jeune femme quitte la chambre pour le
retrouver, elle est victime d'une tentative de viol par un inconnu.
Mais bon, vu qu'il va falloir combler un scénario déjà mince et
qu'il reste environ cinquante minutes avant le générique de fin, la
jeune femme va curieusement passer outre cette traumatisante séquence
pour participer avec Andrés à un sabbat érotique organisé par
leurs hôtes. Autant dire qu'en matière d'incohérence on tient là
un monument...
Juan
Piquer Simón et Carlos Puerto étant nettement davantage intéressés
par la plastique de leurs quatre interprètes et notamment de Sandra
Alberti et Mariana Karr, ces dernières et leurs ''conjoints ''
respectifs vont avoir la fesse facile et se dénuder à tour de bras.
À deux ou à quatre, rien ne fait peur à nos quatre acteurs qui
passent le plus clair de leur temps à poils, à se faire l'amour,
lors de séquences longues, longues, si longues que l'on s'ennuie
assez rapidement. D'autant plus que ces scènes de nus, au lit, au
dessus d'un pentagramme dessiné sur le sol du salon ou dans une
baignoire prennent le pas sur le récit. À croire que tout ce qui
intéresse les deux réalisateurs espagnols est de tourner ensemble
un film érotique plutôt qu'une œuvre fantastique. Tourné en
anglais mais ensuite post-synchronisé, on a droit à des coupures au
niveau des dialogues parfaitement incompréhensibles. Fauché,
Escalofrio n'est
au final rattrapé que par les yeux de chat de Mariana Karr, et oui,
par certains plans de nus, que voulez-vous... C'est d'ailleurs sans
doute ce que recherchaient Juan Piquer Simón et Carlos Puerto.
Remplacer leur totale absence d'imagination et de talent de metteurs
en scène par des scènes de sexe multiples. Malheureusement, cela ne
suffit pas à faire de Escalofrio
un bon film. Ce qui s'avère dommage puisque si l'on pense au
potentiel que revêtait à l'origine le scénario de Carlos Puerto,
confié à un cinéaste de talent, le long-métrage aurait sans doute
bénéficié d'une autre réputation que celle d'être un série Z
fauchée...
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