Eli
commence comme une version de l'Amérique profonde de Dans la Brume
de Daniel Roby, puis se poursuit comme à peu près n'importe quel
film de fantôme japonais ou espagnol avant de finir comme un ersatz
de L'Exorciste
et sa plâtrée de succédanés. Un mélange des genres qui ne manque
ni de charme, mais malheureusement aussi, ni d'incohérences. Et dans
le genre, justement, le réalisateur irlandais Ciarán Foy ainsi que
les scénaristes David Chirchirillo, Ian B. Goldberg et Richard Naing
s'y sont mis à plusieurs pour nous pondre quelques révélations proprement invraisemblables. Mais avant de revenir sur
ces erreurs de script plutôt vilaines, parlons d'abord du sujet. Le
jeune Eli, qui donne son (pré)nom au titre du dernier long-métrage
de l'irlandais, auteur de deux autres films et de plusieurs
courts-métrages, est un tout jeune adolescent qui souffre depuis
quelques années d'une très faible défense immunitaire qui
l'empêche de vivre comme n'importe quel garçon de son âge.
Sacrifiant tout ce qu'ils possèdent, ses parents Rose et Paul
l'emmènent dans un institut dont la directrice et médecin Isabella
Horn leur a certifié pouvoir guérir leur enfant du mal qui
l'empêche de respirer l'air ambiant sous peine d'être victime de
symptômes respiratoire et épidermiques très graves. Très
rapidement, et alors que le traitement a déjà commencé, Eli reçoit
la visite de la jeune Haley. Une habitante du village voisin. Mais
aussi et surtout celle de fantômes qui inquiètent l'adolescent mais
que ses parents et le docteur Horn mettent sur le compte du stress et
du traitement lourd qu'il est contraint de supporter. Pourtant, en
investiguant dans les murs de l'édifice, Eli va s'apercevoir que ce
qu'il prenait pour un danger est peut-être l'avertissement d'un
phénomène beaucoup plus important et lié au traitement que lui
fait subir le docteur Horn...
On
l'aura compris, Eli
se situe donc dans l'une de ces grandes demeures de style gothique
qui fleurissent dans ce genre de production. Ici, l'édifice est de
surcroît nimbé d'une brume permanente qui renforce l'impression
d'isolement. Un peu à la manière de Silent
Hill,
toutes proportions gardées. L'une des bonnes choses que le cinéastes
et les spécialistes en matière d'effets-spéciaux ont plutôt bien
mené se situe lors des différentes apparitions fantomatiques qui
vont de l'apparition subite d'un ectoplasme au beau milieu d'un
couloir, jusqu'au ''transport'' du héros par des entités visibles
uniquement à travers les reflets que produisent fenêtres, miroirs
et sols lustrés. Malgré son jeune âge, l'acteur Charlie Shotwell
parvient assez confortablement à faire passer l'angoisse de son
personnage. Quant à ses parents, on a droit à une Kelly Reilly
douce et très attachée à son enfant tandis que Max Martini incarne
lui, un père froid et quelque peu distant. Quant au docteur Isabella
Horn, c'est l'actrice Lili Taylor que l'on a pu notamment découvrir
en 1995 dans le dérangeant The Addiction
d'Abel Ferrara qui l'interprète.
Contre toute attente, les événements vont prendre une tournure
inattendue et qui s'extraie du tout venant en matière de fantômes
au cinéma. Si la conclusion menant à la solution pourra paraître
quelque peu grotesque (du moins, l'ai-je ressentie ainsi), elle n'est
cependant rien en comparaison de l'ignominie de certains échanges
verbaux qui laissent supposer que les scénaristes n'ont par relu
attentivement leur script. À titre d'exemple le plus flagrant, on
peut citer la séquence durant laquelle la mère de famille
s'inquiète des propos qu'ont échangé son époux et le docteur Horn
et sa réaction face à la réponse de celui-ci. Une séquence
anodine qui devient tout bonnement incohérente lorsque l'on apprend
que finalement, la mère elle-même était au courant des réelles
intentions de son couple et de celui du docteur Horn. On appréciera
tout de même les jeux d'ombres et de reflets, l'impeccable
interprétation, le joli cadre austère, ainsi que la mise en scène
même si elle s'avère des plus classique...
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