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lundi 4 mars 2019

Trauma de Lucio A. Rojas (2017) - ★★★★★★☆☆☆☆



Jugé insupportable, le quatrième long-métrage du cinéaste chilien Lucio A. Rojas mérite-t-il sa réputation d’œuvre insoutenable ou n'est-il qu'un des nombreux films d'horreur tentant vainement de repousser les limites de l’innommable tout en y parvenant que très succinctement ? Difficile de répondre à cette question sans prendre en considération quelques éléments d'importance. L'un d'eux relève de l'expérience du spectateur dans le domaine de l'horreur, et en l'occurrence, ici, du Rape and Revenge. Un autre, quant à lui, relève de la sensibilité de ce même spectateur. De l'émoi qu'il peut ressentir devant des actes de barbarie sans cesse plus réalistes (on peut louer le talent de maquilleurs repoussant sans cesse les limites de leur profession). Sanglant, voire gore, et en tous les cas, graphiquement impressionnant, Trauma l'est. Mais cela justifie-t-il que l'on se pâme ou que l'on rejette en bloc ses visions outrancières ? Pas forcément. Surtout que le contenu dont fait l'objet la réputation du film se situe surtout en début de métrage, la suite n'arborant alors plus que les atours d'un banal film d'horreur parsemé ça et là de quelques séquences, reconnaissons-le, particulièrement gratinées.
L'un des principaux défauts du long-métrage de Lucio A. Rojas est d'avoir concentré les pires des abominations au tout début du scénario. Perdant ainsi une partie de son public, le plus sensible, et décevant par la suite, l'autre partie, qui sera gratifiée de séquences violentes, mais beaucoup moins extrêmes en matière d'horreur. Il faut dire que Trauma s'aventure sur le même terrain de jeu qu'un certain A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) de sinistre mémoire en invoquant des thèmes demeurant encore 'relativement' tabou dans la plupart des pays. Tortures, viol, nécrophilie, inceste, et tout cela en l'espace de quelques minutes. De quoi retenir l'attention des blasés. De ceux que l'étalage permanent d'horreurs, cette fois-ci bien réelles, sur certains sites d’hébergement vidéos, ne provoque presque plus rien.

La séquence est aussi repoussante que gratuite et ne sert qu'un propos dont la perversité s’étend au delà de la seule démonstration d'un individu pervers se vengeant de l'infidélité de sa compagne. Car comme le laisse envisager le titre du film, la descendance de cette femme humiliée, violée par son propre fils (et c'est là qu'intervient la comparaison avec le film de Srdjan Spasojevic) puis abattue d'une balle dans la tête, c'est bien sa progéniture qui sera au centre d'un récit ignoble dont l'intensité est malheureusement contrecarrée par des scènes d'une extraordinaire futilité. Histoire d'ajouter un peu d'huile sur le feu, Lucio A. Rojas fait de ses quatre héroïnes des lesbiennes, dansant sur une soupe FM aussi indigeste que les lignes de dialogue que les quatre actrices (Catalina Martin, Macareba Carrere, Ximena del Solar et Dominga Bofill) sont contraintes de répéter devant la caméra. Des séquences d'une lourdeur pire que celles de nos Mystères de l'Amour nationaux.
Heureusement qu'interviennent Juan (Daniel Antivilo) et son fiston, aux rapports incestueux, en cours de route pour violer ces quatre jeunes femmes dans des conditions affreuses mais qui ne feront ni chaud ni froid à celles et ceux qui furent échaudés par l'insupportable séance de viol du mythique Irréversible de Gaspar Noé. Le film prend une tournure sinistre, et donc débarrassé de son insupportable ambiance Soap.

Lucio A. Rojas entre enfin dans le vif du sujet de ce que sont venus chercher les amateurs de sensations fortes. Du sexe, de la sueur et du sang. Pour les deux premiers, les spectateurs auront droit à quelques images de poitrines en sueur (sans doute celle de la peur), malmenée comme le reste du corps de leur propriétaires, humiliées par un Juan totalement habité par le Mal et par un fils effroyablement insensible. Question sang, le spectateur est servi. Entre une tête explosée dont le résultat à l'écran est particulièrement crédible et toute une série de meurtres atroces (Juan décapitant presque un flic à l'aide d'un couteau), Trauma ne fait pas dans la dentelle. Pour autant, le film du chilien n'est pas le traumatisme promis. C'est sanglant, oui. Violent, également. Glauque, même, parfois, mais certainement pas l’œuvre sulfureuse invoquée par certains. Le film de Lucio A. Rojas est donc plaisant à voir mais ne renouvelle jamais le genre...

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