Ça ressemble à un
mauvais fait divers comme on en trouve dans les torchons racoleurs
imprimés sur papier glacé du type 'Nouveau Détective'
et consorts. L'histoire sordide de deux prostituées découvertes
assassinées à Bruxelles et dans des circonstances similaires. Vingt
ans plus tard, une juge d'instruction, Anne Gruwez, décide de
reprendre les investigations là où elles furent interrompues.
Beaucoup plus mince qu'elle ne le pensait le dossier concernant le
double homicide concerne en partie quatre suspects sur lesquels
portera une partie de son attention. Aidée de trois policiers, elle va
enquêter sur ces quatre individus, allant même jusqu'à faire
exhumer le corps de l'un d'eux, mort depuis un certain temps. Ni
Juge ni Soumise aurait
donc pu servir de scénario à un long-métrage policier, et
pourtant, toutes les images que le spectateur découvrira
proviendront de documents réels. Car en effet, le film de Jean Libon
et Yves Hinant n'est pas une fiction mais bien un documentaire
mettant en lumière le délicat travail d'une juge d'instruction
belge qui outre son attachement à résoudre cette sordide affaire,
devra s'occuper d'autres cas plus ou moins graves. Vol à
l'arrachée, coups et blessures sur conjointe, infanticide etc... Que des
innocents, bien entendu, qui pleurent sur leur sort plutôt que sur
celui de leurs victimes. Ni Juge ni Soumise
confronte
des criminels de petite envergure à une juge d'instruction
inflexible, n'ayant jamais sa langue dans sa poche et provoquant une
certaine hilarité. Non pas devant des avocats et des accusés
tétanisés, mais plutôt face à un public qui ne s'attendait
certainement pas à assister à un spectacle aussi loufoque.
Car
Anne Gruwez s'éloigne très sensiblement de l'image que l'on se fait
du juge d'instruction inflexible. Si la belge le demeure elle aussi,
elle s'exprime sans langue de bois, employant des termes flirtant
parfois très dangereusement avec le racisme (l'évocation des
albanais alors même qu'elle reprochera plus tard à un suspect de
tenir des propos tendancieux), elle rebute, puis se montre attachant,
flirtant aussi avec un humour souvent très noir. Le documentaire de
Jean Libon et Yves Hinant tente d'exorciser la profession de juge
d'instruction de manière tout à fait inattendue.
Alors
que l'émission de télévision belge Strip-Tease
s'arrête
en 2012 après vingt-sept ans de bons et loyaux services en raison
d'un documentaire jugé scandaleux (Recherche
Bergère Désespérément),
c'est au cinéma, et donc sur grand écran que l'émission culte
créée en 1985 par Jean Libon Marco Lamensch refait surface. La juge
Anne Gruwez fit l'objet de deux documentaires dans cette même
émission avec Le
Flic, la Juge et l'Assassin en
2008 et Madame la
Juge
en 2012. Ni Juge ni Soumise
est un incroyable documentaire construit sur le principe de
l'interrogatoire mené d'une main de fer par une juge d'instruction
ne se laissant jamais émouvoir. Brut de décoffrage mais pour
autant, pas forcément insensible (elle propose des mouchoirs aux
suspects larmoyants), les menaces ne lui font pas peur. Rompue au
self-défense (c'est elle qui le dit), elle a beau se retrouver face à
des criminels aguerri, rien ne lui fait peur. Et surtout pas la vue
d'un cadavre fraîchement exhumé (et exhibé devant la caméra), ni
les photos d'une scène de crime particulièrement atroce. Fidèle
à l'image culte véhiculée durant de nombreuses années,
Strip-Tease
renaissait donc sur grand écran en 2017. Un O.F.N.I indispensable
qui, espérons-le, fera des petits...
Contente de savoir que tu a aimé ! Moi c est ma nouvelle idole et ça fait 3 fois que je le vois (toujours avec plaisir et découvrant des petites remarques a chaque fois)
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