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vendredi 27 décembre 2024

Rumours de Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson (2024) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Alors qu'en ce mois de décembre bien entamé j'ai choisi L'esprit Coubertin de Jérémie Sein pour représenter la comédie françaises à l'imaginaire cérémonie des staphylocoques d'or(é)s qui, malheureusement, n'aura donc pas lieu, dans cette même veine mais cette fois-ci nous provenant du Canada, la palme de la comédie étrangère devrait objectivement être remise à Rumours réalisé par Guy Maddin ainsi que par Evan et Galen Johnson. L'esprit critique des trois cinéastes mêlé à une curieuse conception du septième art semblent leur être spécifiques. Et donc, lorsque l'on tombe sur leur dernier ouvrage, cette comédie dite horrifique que d'aucun pourrait surnommer de zombiesque ou de très tardive relecture de la très vieille Momie réalisée en 1932 par Karl Freund et de tout un tas d'ersatz, n'est pas l'excellente surprise à laquelle je m'attendais. Mettant ma compagne devant un choix cornélien s'agissant de ce que nous allions décider de voir le soir-même, entre Goliath de Frédéric Tellier, All is Lost de J.C.Chandor et donc Rumours, son choix se porta finalement sur ce dernier. Merci, merci, merci, aurais-je envie de lui dire tout en déposant sur ses lèvres un baiser. Non pas que le dernier long-métrage du trio dont nous découvrions alors pour la première les travaux m'ait emballé, bien au contraire. Mais le fait d'avoir immédiatement lancé sa projection avant même d'avoir eu le temps d'imaginer les monts et merveilles qu'il devait receler nous empêcha d'une part d'être trop cinglants vis à vis du résultat. Et d'autre part de suivre les aventures des membres du G7 que constitue l'essentiel des personnages comme une étrange expérience en terre plus ou moins conquise. Et par ''plus ou moins conquise'', c'est avec une relative expérience dans le domaine de la cinéphilie qu'un nom, un seul, m'est venu à l'esprit lors de la projection de Rumours (ou Rumeurs, chez nous) : Bertrand Mandico. Ce cinéaste bien de chez nous dont l'univers décalé et coloré semble transpirer sur certains plans du long-métrage de Guy Maddin, Evan et Galen Johnson. De la brume, en veux-tu, en voilà. Et surtout, des éclairages roses, mauves ou bleutés que l'on retrouve déjà chez l'auteur du génial Les garçons sauvages ou dans Ultra-Pulpe et Aflter Blue.


Mais pas que puisque les dialogues eux-mêmes, semblent avoir été produits par la même main qui écrit les textes du Sieur Mandico. Une richesse dont l'ampleur finit malheureusement par se bouffer la queue, comme un serpent, oui, à force de se confondre entre génie et grandiloquence. Et bien, avec Rumours, c'est la même chose. Le même soucis du détail qui vous ruine un concept. Car si d'emblée réunir des membres du G7 dans une comédie horrifique est une idée relativement séduisante, encore faut-il être capable de signer une œuvre suffisamment homogène et cohérente pour que le public suivre et comprenne le délire étalé à l'image jusqu'à la toute dernière minute de la projection. Enrichi par les présences de Cate Blanchett, de Charles Dance, de Nikki Amuka-Bird, de Roy Dupuis ou de Denis Ménochet dans le rôle d'un président de la République Française enlaidi, tourné en bourrique, au ridicule, traîné tout une partie du film dans une brouette et donc finalement beaucoup moins méprisable que celui qui demeure actuellement au pouvoir dans notre pays, Rumours a la délicate mission de nous expliquer sur un ton plus ou moins léger la question du pouvoir et ses implications à l'échelle du G7. Entre métaphores et allégories, le film s'embourbe très rapidement après une première partie plutôt intrigante. Engoncé dans une chape de plomb où s'infiltrent la direction artistique de John O'Regan, la photographie de Stefan Ciupek ou l'assourdissante musique de Kristian Eidnes Andersen, rien ne fonctionne. Mal écrit, Rumours foire l'un des aspects primordiaux de ce genre de concept. À toute comédie horrifique devrait forcément venir se greffer une part d'humour noir. Mais ici, rien de tout cela. Rire est une attitude que l'on ne vous imposera jamais. Trembler est une posture qui est étrangère à tout sentiment ressenti devant cet authentique Objet Filmique Non Identifié. Quant au cynisme tant attendu, tant rêvé, tant espéré, l'on est toujours en attente de comprendre le sens de ce qu'ont voulu très précisément nous dire les trois cinéastes pour commencer à étudier et réfléchir au sujet de ce salmigondis de séquences ni faites ni à faire. Le spectateur passe son temps dans ce même type de brouillard qui envahit l'image, à tenter de démêler le sens réel du propos. Gâchant ainsi à peu près tout l'intérêt que revêt la réunion d'excellents interprètes. Au final, Rumours se révèle être une expérience de cinéma très pénible, ennuyeuse et souvent incompréhensible...

 

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