Alors qu'en ce mois de
décembre bien entamé j'ai choisi L'esprit Coubertin
de Jérémie Sein pour représenter la comédie françaises à
l'imaginaire cérémonie des staphylocoques d'or(é)s qui,
malheureusement, n'aura donc pas lieu, dans cette même veine
mais cette fois-ci nous provenant du Canada, la palme de la comédie
étrangère devrait objectivement être remise à Rumours
réalisé par Guy Maddin ainsi que par Evan et Galen Johnson.
L'esprit critique des trois cinéastes mêlé à une curieuse
conception du septième art semblent leur être spécifiques. Et
donc, lorsque l'on tombe sur leur dernier ouvrage, cette comédie
dite horrifique que d'aucun pourrait surnommer de zombiesque ou de
très tardive relecture de la très vieille Momie
réalisée
en 1932 par Karl Freund et de tout un tas d'ersatz, n'est pas
l'excellente surprise à laquelle je m'attendais. Mettant ma compagne
devant un choix cornélien s'agissant de ce que nous allions décider
de voir le soir-même, entre Goliath
de Frédéric Tellier, All is Lost
de J.C.Chandor et donc Rumours,
son choix se porta finalement sur ce dernier. Merci, merci, merci,
aurais-je envie de lui dire tout en déposant sur ses lèvres un
baiser. Non pas que le dernier long-métrage du trio dont nous
découvrions alors pour la première les travaux m'ait emballé, bien
au contraire. Mais le fait d'avoir immédiatement lancé sa
projection avant même d'avoir eu le temps d'imaginer les monts et
merveilles qu'il devait receler nous empêcha d'une part d'être trop
cinglants vis à vis du résultat. Et d'autre part de suivre les
aventures des membres du G7
que constitue l'essentiel des personnages comme une étrange
expérience en terre plus ou moins conquise. Et par ''plus ou moins
conquise'', c'est avec une relative expérience dans le domaine de la
cinéphilie qu'un nom, un seul, m'est venu à l'esprit lors de la
projection de Rumours
(ou Rumeurs,
chez nous) : Bertrand Mandico. Ce cinéaste bien de chez nous
dont l'univers décalé et coloré semble transpirer sur certains
plans du long-métrage de Guy Maddin, Evan et Galen Johnson. De la
brume, en veux-tu, en voilà. Et surtout, des éclairages roses,
mauves ou bleutés que l'on retrouve déjà chez l'auteur du génial
Les garçons sauvages
ou dans Ultra-Pulpe
et Aflter Blue.
Mais
pas que puisque les dialogues eux-mêmes, semblent avoir été
produits par la même main qui écrit les textes du Sieur Mandico.
Une richesse dont l'ampleur finit malheureusement par se bouffer la
queue, comme un serpent, oui, à force de se confondre entre génie
et grandiloquence. Et bien, avec Rumours,
c'est la même chose. Le même soucis du détail qui vous ruine un
concept. Car si d'emblée réunir des membres du G7
dans une comédie horrifique est une idée relativement séduisante,
encore faut-il être capable de signer une œuvre suffisamment
homogène et cohérente pour que le public suivre et comprenne le
délire étalé à l'image jusqu'à la toute dernière minute de la
projection. Enrichi par les présences de Cate Blanchett, de Charles
Dance, de Nikki Amuka-Bird, de Roy Dupuis ou de Denis Ménochet dans
le rôle d'un président de la République Française enlaidi, tourné
en bourrique, au ridicule, traîné tout une partie du film dans une
brouette et donc finalement beaucoup moins méprisable que celui qui
demeure actuellement au pouvoir dans notre pays, Rumours
a la délicate mission de nous expliquer sur un ton plus ou moins
léger la question du pouvoir et ses implications à l'échelle du
G7.
Entre métaphores et allégories, le film s'embourbe très rapidement
après une première partie plutôt intrigante. Engoncé dans une
chape de plomb où s'infiltrent la direction artistique de John
O'Regan, la photographie de Stefan Ciupek ou l'assourdissante musique
de Kristian Eidnes Andersen, rien ne fonctionne. Mal écrit, Rumours
foire l'un des aspects primordiaux de ce genre de concept. À toute
comédie horrifique devrait forcément venir se greffer une part
d'humour noir. Mais ici, rien de tout cela. Rire est une attitude que
l'on ne vous imposera jamais. Trembler est une posture qui est
étrangère à tout sentiment ressenti devant cet authentique Objet
Filmique Non Identifié.
Quant au cynisme tant attendu, tant rêvé, tant espéré, l'on est
toujours en attente de comprendre le sens de ce qu'ont voulu très
précisément nous dire les trois cinéastes pour commencer à
étudier et réfléchir au sujet de ce salmigondis de séquences ni
faites ni à faire. Le spectateur passe son temps dans ce même type
de brouillard qui envahit l'image, à tenter de démêler le sens
réel du propos. Gâchant ainsi à peu près tout l'intérêt que
revêt la réunion d'excellents interprètes. Au final, Rumours
se révèle être une expérience de cinéma très pénible,
ennuyeuse et souvent incompréhensible...
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