Ce mois-ci, si l'envie
vous prend d'aller faire un tour en Bretagne tout en demeurant
cloîtré chez vous, deux occasions se présentent à vous. Soit vous
choisissez d'aller voir l'opportuniste et démagogue Les
barbares
de Julie Delpy, laquelle aurait mieux fait de rester bien au chaud
dans sa confortable demeure de West Hollywood plutôt que de revenir
en France nous faire la morale. Soit vous préférez vous détendre
devant la dernière comédie de Hervé Mimran dont il ne faut
probablement pas attendre grand chose. Votre serviteur étant
relativement fébrile lorsque l'on évoque le racisme quasiment
atavique et pratiquement généralisé dont sont accusés ses
concitoyens, il a donc choisi cette dernière. Comme si la fin du
monde s'approchait à grands pas, Didier Bourdon tourne et tourne
encore jusqu'à plus soif. Cinq longs-métrages l'année dernière et
déjà trois en 2024. Un véritable boulimique que l'on pourrait
soupçonner de vouloir se mettre au régime en remplaçant la bonne
chère par des tournages en continu, histoire de le divertir de sa
gourmandise. Mais que celles (et peut-être ceux) qui fantasment de
le découvrir nu dans son apparat le plus simple se rassurent, c'est
bien nanti de ses kilos en trop que notre Didier national osera
braver le moindre complexe en passant à deux ou trois occasions
devant la caméra, sur une moto et nu comme un ver. À ses côtés,
l'acteur franco-marocain, Gérard Darmon. De l'homme de main de Farès
dans la comédie culte de Gérard Oury en 1973 Les
aventures de Rabbi Jacob
jusqu'à aujourd'hui, cet acteur au timbre presque caverneux et
auprès duquel la gente féminine semble avoir décelé un certain
charme est le compagnon d'aventure de cette nouvelle comédie sortie
sur les écrans français le 4 septembre dernier. Sur un scénario de
Igor et William Gotesman ainsi que Carine Prevot, la légèreté de
l'écriture est telle que l'on devine par avance tout ce qui va se
produire lors du récit. Sans vraiment gâcher la surprise puisqu'au
fond, le fait même qu'il ne s'agisse ''que'' d'une comédie n'est en
soit pas un problème, la faiblesse de l'écriture est un soucis
permanent que rencontre le cinéma français humoristique. Pour
accompagner nos deux acteurs, l'on retrouve Chantal Lauby, ancienne
Nuls,
laquelle incarne Nadège, l'épouse de Henri qu'interprète quant à
lui Gérard Darmon.
Meilleur
ami de Jean-Jean (Didier Bourdon), les deux hommes vivent sur une
petite île de Bretagne avec pour l'un plus que pour l'autre, des
rêves pleins la tête (du moins ceux qu'essaie de lui enfoncer dans
le crâne son épouse Nadège). Adaptation française de Waking
Ned Devine
que mis en scène le réalisateur et scénariste britannique Kirk
Jones en 1998, A l'ancienne
est une comédie plutôt sympathique qui dérangera davantage le
transit intestinal de ceux qui ne souffrent plus de voir sortir
chaque année sur les écrans, des films clonés sur les pires
expériences cinématographiques françaises. L'un des principaux
atouts du long-métrage de Hervé Mimran, ce sont ses splendides
décors. Filmé en cinémascope, A l'ancienne
propose aux spectateurs de savourer notamment les très beaux
environnements de Landévennec
dont les habitants se sont laissés prêter au jeu de la figuration.
Un cadre vis à vis duquel Didier Bourdon et Gérard Darmon sont
d'ailleurs tombés sous le charme. Concernant le récit lui-même, A
l'ancienne
nous conte les péripéties de deux amis qui vont s'emparer du ticket
de loto gagnant d'un voisin peu apprécié mais mort chez lui lors de
la présentation télévisée des résultats. Lorsque j'écrivais
plus haut que l'on pouvait à coup sûr deviner la plupart ou la
totalité des séquences avant même qu'elles ne se présentent à
l'écran, ça n'est pas tout à fait vrai. En effet, de manière très
curieuse, Hervé Mimran expose à l'image un certain nombre d'indices
qui auraient dû permettre au film de prendre un virage quelque peu
différent. Car lorsque Jean-Jean et son meilleur ami s'introduisent
par effraction chez le détenteur du billet gagnant afin de s'en
emparer, le second se blesse, son sang maculant le sol de la demeure
tandis que Jean-Jean lui donne un chiffon trouvé à quelques pas de
là et orné du nom de son propriétaire. Mise en place de quelques
éléments de preuves servant à une hypothétique enquête
policière, cet aspect du récit semble finalement avoir été
abandonné au profit d'une comédie pure. S'il arrive que certaines
séquences provoquent le rire, A
l'ancienne
n'en est pas moins une comédie assez fade en ce sens où elle
n'apporte rien de véritablement nouveau. C'est donc sans déplaisir
mais avec la furieuse impression que le film aurait mérité
d'attendre un passage à la télévision que l'on quitte la
projection. Sympa, sans plus...
Je vais plutôt choisir la troisième option : me rendre directement sur place... :-)
RépondreSupprimerC'est vrai qu'ils tournent beaucoup, Didi et Gégé, ils ont des arriérés d'impôts à payer ou quoi ?