''Sur mon chemin en
venant ici, je m'demandais comment tu pouvais être. Je veux qu'tu
saches que tu es tout ce que je souhaitais trouver dans un fils. Et
je suis très fier de toi. Je t'aime, Van..'' Profitez bien de
cette réplique parce que c'est la seule et unique qui désigne une
certaine profondeur dans le langage éminemment brut minimaliste du
héros incarné par Chuck Norris. Après un premier volet potable et
un second qui lui fut nettement supérieur, James Braddock revenait
en 1988 pour accomplir son dernier acte héroïque. En effet,
Braddock : Portés disparus III signe la fin des
aventures de ce colonel de l'armée américaine qui en trois
longs-métrages n'aura eu de cesse que de combattre l'ennemi
vietnamien. Pourtant, cet épisode signé du propre frère de la star
du cinéma d'action n'honore absolument pas ce personnage héroïque,
adepte des armes à feu et du combat rapproché. Aaron Norris met
donc en scène son frère dans un opus où le ridicule l'emporte
généralement sur tout le reste. On était habitués à ce que
l'ennemi soit incapable de viser juste dans les précédents épisodes
mais le réalisateur repousse ici le concept jusqu'aux dernière
extrémités, même lorsque Braddock est à l'air libre, face à des
dizaines de vietnamiens surarmés dont pas un n'est capable de lui
infliger la moindre blessure. Mieux : lorsque le colonel entre
en contact direct avec l'un d'eux, il semble qu'à chaque fois aucun
ne soit en mesure de hurler afin de prévenir ses camarades. Question
infiltration, la gestion des quelques séquences lors desquelles
Chuck Norris s'approche de ses futures victimes avec l'intention de
pratiquer son légendaire étranglement est compliquée. Pas un
n'ouvre la bouche pour crier, alerter ou même simplement murmurer un
dernier râle d'agonie lors des quelques secondes de vie qu'il lui
reste. Le scénario est l'œuvre de la star elle-même et du
scénariste James Bruner. Deux hommes pour un script théoriquement
intéressant mais qui une fois mis en images propose un spectacle
sinon navrant, en tout cas pas à la hauteur de la concurrence ni
même à celle du deuxième opus. Après James Hong, Ernie Ortega et
Soon-Tek Oh, c'est au tour de l'acteur originaire de
Trinité-et-Tobago Aki Aleong d'incarner le grand méchant de
l'histoire. Dans le rôle du Général Quoc, tout porte à croire
comme pour les deux précédents volets que plus on est gradé et
plus on est apte à incarner le rôle d'un officier vietnamien
totalement déséquilibré.
En ces termes, le Général
Quoc va plus loin encore dans la caricature, hurlant sans cesse le
nom de Braddock avant que la soliloque ne se transforme en un
borborygme inintelligible ! Après Brian May, Braddock :
Portés disparus III voit le retour au commandes de la
partition musicale du compositeur Jay Chattaway, jamais lassé de
nous proposer des nappes synthétiques qui dans le cas présent
cadrent assez mal avec le contexte. Comme s'il avait puisé dans les
réserves du tracklisting de Maniac pour ajouter à ses
quelques compositions épiques et guerrières quelques froides
partitions dont lui seul a le secret. Je ne reviendrai pas sur la
phrase mythique imputée au colonel Braddock mais plutôt sur
l'inconsistance du jeu de Chuck Norris. Déjà peu gâté en terme
d'écriture et de dialogues, l'acteur semble effectivement éprouver
le plus grand mal à exprimer ses sentiments. Surtout lorsque après
avoir retrouvé son épouse qu'il croyait morte depuis des années,
celle-ci meurt subitement, à quelques minutes d'intervalle seulement
après leurs retrouvailles. Concernant l'histoire, c'est un peu
toujours la même chose. Et même si les prisonniers américains sont
ici remplacés par une cinquantaine d'enfants, fruits de l'union de
vietnamiennes et de soldats américains (j'ai eu beau tenter de les
compter, impossible de connaître précisément leur nombre), rien ne
change vraiment en dehors du fait que qu'Aaron Norris pousse si loin
le curseur de l'invraisemblance qu'on n'y croit pas un seul instant.
Ne parlons même pas de la séance de torture totalement foirée et
qui fait grise mise en comparaison de celle vécue trois ans
auparavant par Sylvester Stallone dans Rambo 2 : la mission. Des
dizaines, voire, des centaines de morts côté vietnamiens. Des
explosions en veux-tu, en voilà, un sympathique révérend
interprété par Yehida Efroni, un très antipathique Little John
campé par Jack Rader et le jeune Van Tan Cang incarné par Roland
Harrah III. Bref, l'apothéose tant attendue s'inscrit surtout en
terme d'action et certainement pas en terme de profondeur
psychologique ou d'écriture. Il était donc temps pour le colonel
James Braddock de prendre sa retraite...
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