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mardi 5 novembre 2024

Braddock : Portés disparus III de Aaron Norris (1988) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

''Sur mon chemin en venant ici, je m'demandais comment tu pouvais être. Je veux qu'tu saches que tu es tout ce que je souhaitais trouver dans un fils. Et je suis très fier de toi. Je t'aime, Van..'' Profitez bien de cette réplique parce que c'est la seule et unique qui désigne une certaine profondeur dans le langage éminemment brut minimaliste du héros incarné par Chuck Norris. Après un premier volet potable et un second qui lui fut nettement supérieur, James Braddock revenait en 1988 pour accomplir son dernier acte héroïque. En effet, Braddock : Portés disparus III signe la fin des aventures de ce colonel de l'armée américaine qui en trois longs-métrages n'aura eu de cesse que de combattre l'ennemi vietnamien. Pourtant, cet épisode signé du propre frère de la star du cinéma d'action n'honore absolument pas ce personnage héroïque, adepte des armes à feu et du combat rapproché. Aaron Norris met donc en scène son frère dans un opus où le ridicule l'emporte généralement sur tout le reste. On était habitués à ce que l'ennemi soit incapable de viser juste dans les précédents épisodes mais le réalisateur repousse ici le concept jusqu'aux dernière extrémités, même lorsque Braddock est à l'air libre, face à des dizaines de vietnamiens surarmés dont pas un n'est capable de lui infliger la moindre blessure. Mieux : lorsque le colonel entre en contact direct avec l'un d'eux, il semble qu'à chaque fois aucun ne soit en mesure de hurler afin de prévenir ses camarades. Question infiltration, la gestion des quelques séquences lors desquelles Chuck Norris s'approche de ses futures victimes avec l'intention de pratiquer son légendaire étranglement est compliquée. Pas un n'ouvre la bouche pour crier, alerter ou même simplement murmurer un dernier râle d'agonie lors des quelques secondes de vie qu'il lui reste. Le scénario est l'œuvre de la star elle-même et du scénariste James Bruner. Deux hommes pour un script théoriquement intéressant mais qui une fois mis en images propose un spectacle sinon navrant, en tout cas pas à la hauteur de la concurrence ni même à celle du deuxième opus. Après James Hong, Ernie Ortega et Soon-Tek Oh, c'est au tour de l'acteur originaire de Trinité-et-Tobago Aki Aleong d'incarner le grand méchant de l'histoire. Dans le rôle du Général Quoc, tout porte à croire comme pour les deux précédents volets que plus on est gradé et plus on est apte à incarner le rôle d'un officier vietnamien totalement déséquilibré.


En ces termes, le Général Quoc va plus loin encore dans la caricature, hurlant sans cesse le nom de Braddock avant que la soliloque ne se transforme en un borborygme inintelligible ! Après Brian May, Braddock : Portés disparus III voit le retour au commandes de la partition musicale du compositeur Jay Chattaway, jamais lassé de nous proposer des nappes synthétiques qui dans le cas présent cadrent assez mal avec le contexte. Comme s'il avait puisé dans les réserves du tracklisting de Maniac pour ajouter à ses quelques compositions épiques et guerrières quelques froides partitions dont lui seul a le secret. Je ne reviendrai pas sur la phrase mythique imputée au colonel Braddock mais plutôt sur l'inconsistance du jeu de Chuck Norris. Déjà peu gâté en terme d'écriture et de dialogues, l'acteur semble effectivement éprouver le plus grand mal à exprimer ses sentiments. Surtout lorsque après avoir retrouvé son épouse qu'il croyait morte depuis des années, celle-ci meurt subitement, à quelques minutes d'intervalle seulement après leurs retrouvailles. Concernant l'histoire, c'est un peu toujours la même chose. Et même si les prisonniers américains sont ici remplacés par une cinquantaine d'enfants, fruits de l'union de vietnamiennes et de soldats américains (j'ai eu beau tenter de les compter, impossible de connaître précisément leur nombre), rien ne change vraiment en dehors du fait que qu'Aaron Norris pousse si loin le curseur de l'invraisemblance qu'on n'y croit pas un seul instant. Ne parlons même pas de la séance de torture totalement foirée et qui fait grise mise en comparaison de celle vécue trois ans auparavant par Sylvester Stallone dans Rambo 2 : la mission. Des dizaines, voire, des centaines de morts côté vietnamiens. Des explosions en veux-tu, en voilà, un sympathique révérend interprété par Yehida Efroni, un très antipathique Little John campé par Jack Rader et le jeune Van Tan Cang incarné par Roland Harrah III. Bref, l'apothéose tant attendue s'inscrit surtout en terme d'action et certainement pas en terme de profondeur psychologique ou d'écriture. Il était donc temps pour le colonel James Braddock de prendre sa retraite...

 

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