Un prix, un seul pour Le
Grand Bain
de Gilles Lellouche aux Césars. Alors, bien entendu, je n'ai pas vu
le Shéhérazade
de Jean-Bernard Marlin, le Jusqu'à la Garde de
Xavier Legrand ou Les Frères Sisters
de Jacques Audiard, mais à part ce dernier, la cérémonie des
Césars
semble s'être définitivement tournée vers une forme d’œuvre
caritative mettant en avant les critiques sociales avant le
divertissement. Entre un divorce qui se déroule dans des conditions
délicates et la rencontre entre une jeune fille des quartiers
populaires de Marseille et un ex-taulard de 17 ans, on aurait
peut-être aimé que la divine comédie dramatique de Gilles Lelouche
reparte avec davantage de statuettes que la seule offerte au
savoureux Philippe Katerine (meilleur acteur dans un second rôle).
Les
petits maux de chacun semblent avoir en effet beaucoup moins touché
le jury. Des affres humaines qui touchent pourtant des millions
d'âmes dans l'hexagone et plus encore de part le monde et à laquelle
le réalisateur parfois sous-évalué (Narco
est bien meilleur que certains l'affirment) Gilles Lellouche apporte
une solution originale.
C'est
dans le grand bain d'une piscine municipale que Bertrand, Laurent,
Marcus, Simon, Thierry, Basile, Avanish, et plus tard John, vont
retrouver le goût de vivre. Tous plus ou moins dépressifs ou en
passe de le devenir, ils vont tous ensemble, sous l'impulsion de
l'ancienne nageuse Delphine, former la première équipe de natation
synchronisée masculine de France. Raillés par leurs collègues de
travail respectifs, par certains de leurs amis, et même par l'équipe de water-polo masculine, les sept membres de l'équipe vont
découvrir bientôt que cette discipline habituellement réservée
aux femmes possède son propre championnat du monde situé en
Norvège. C'est d'abord avec l'aide de Delphine, puis plus tard de l’entraîneuse paraplégique de l'équipe de water-polo, Amanda, que les
sept hommes vont s'entraîner d'arrache-pied afin de monter jusqu'en
Norvège et ainsi participer au championnat du monde de natation
synchronisée masculine...
Je
l'évoquais déjà l'année dernière : parmi les innombrables
déceptions que le cinéma comique français produit chaque années,
quelques long-métrages parvinrent à s'extraire du lot. En 2018,
nous avions notamment eu droit aux excellents Le
Retour du Héros
de Laurent Tirard, à Tout le Monde Debout de
Frank Dubosc, ou encore au Brillantissime de
Michèle Laroque (pour ce dernier, évidemment, JE PLAI-SAN-TE...
quoique, certains semblent avoir MIRACULEUSEMENT aimé cette
abominable engeance). Et puis donc, ce Grand
Bain,
bébé presque exclusif d'un Gilles Lellouche qui n'y participera pas
en tant qu'acteur mais qui sera non seulement derrière la caméra,
mais également derrière l'écriture du scénario (assisté de Ahmed
Hamidi et Julien Lambroschini) et des dialogues.
Le Grand Bain,
c'est le genre de film qui vous met la banane, vous donne la pêche.
On s'y fend la poire, sans se prendre le melon et sans avoir honte de
rougir comme une tomate devant l'émotion que le réalisateur a
ajouté à cette merveilleuse comédie qui tort le coup à toutes ces
mauvaises pensées qui trahissent parfois notre bien-être. L’œuvre
de Gilles Lellouche est un régime alimentaire à destination de
l'âme. Après avoir vu Matthieu Amalric (le chômeur dépressif puis
vendeur de meubles), Guillaume Canet (le directeur d'une aciérie et
fils d'une mère sénile), Philippe Katerine (employé à la piscine
municipale), Benoît Poelvoorde (le pisciniste), Jean-Hugues Anglade
(le musicien raté) et les autres s'engueuler, partager leurs
angoisses, un pétard, leurs espoirs et enfin la victoire, l'espoir
renaît. Mieux qu'un anti-dépresseur, qu'une batterie de calmants,
que l'alcool ou la drogue, le film est un bain de jouvence dans
lequel des acteurs venus de bords différents forment un groupe soudé
et convaincant.
Parmi
lesquels on n'oubliera pas de noter la présence féminine de
Virginie Efira, dans le rôle de Delphine, et de Leïla Bekhti dans
celui d'Amanda. Le Grand Bain
est drôle, original, ponctué de quelques savoureux échanges
verbaux (Claire/Marina Foïs réglant ses comptes avec sa sœur
Clem/Mélanie Doutey entre les rayons d'un supermarché), mais aussi,
parfois, très émouvant (Delphine témoignant de son expérience
douloureuse). On n'oubliera pas non plus la présence de l'increvable
Claire Nadeau dans le rôle (plus amusant que dramatique) de la mère
sénile de Laurent/Guillaume Canet. Deux heures (ou presque) de Cinéma...
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