Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 29 novembre 2016

Dark Summer de Paul Solet (2015)



Daniel, un jeune adolescent, se retrouve contraint de rester seul enfermé dans la maison familiale pendant que sa mère est en voyage. Restreint par les autorités après qu'il ait été reconnu coupable d'avoir violé l'intimité d'une certaine Mona Wilson, jeune adolescente elle aussi, Daniel peut tout de même compter sur ses deux seuls vrais amis. Abby, qui est secrètement amoureuse de lui, et Kevin, son pote "black". Surveillé de très près par l'agent Stokes, Daniel n'a pas le droit d'aller au delà des frontières que représente le trottoir qui jouxte le jardin.
Enfermé et seul, ses amis lui permettent par des moyens détournés d'aller sur internet. Mais alors qu'il tombe sur une demande de discussion de la part de sa victime Mona Wilson, il hésite avant d'y répondre et finit par craquer. Mais ce qui l'attend va le bouleverser. La jeune femme s'adresse à lui par webcam interposée avant de se suicider en direct d'un coup de revolver sous le menton.

Dès lors, de curieux événements se produisent à l'intérieur de la demeure. Et même ses amis, qui selon son témoignage doutent de lui finissent par être les témoins d'effrayants phénomènes : Daniel en est certain : c'est Mona qui agit. Elle veut se venger. Les trois amis ne se laissent pas impressionner et s'épaulent afin d'éclaircir ce mystère...

Paul Solet est d'abord connu pour avoir réalisé Grace il y a quelques temps, film qui fut primé au festival du film fantastique de Gerardmer. Dark Summer est donc sa nouvelle œuvre. Encore une histoire de fantôme, mais qui sort un peu du lot. Pour commencer, le rythme des actions et des personnages (et ici, en l'occurrence, surtout celui campé par le jeune Keir Gilchrist) est assez particulier. La caméra divague parfois, comme si le personnage de Daniel voguait sur un bateau plongé dans une mer houleuse. Comme s'il était drogué ou pris de boisson. Il y a quelque chose d'assez curieux également dans les rapports qu'entretiennent le hacker et son amie Abby (Stella Maeve). Une emprise émouvante et innocente de Daniel pour sa jeune amie, tout en étant un peu morbide, à l'image de ces stars que certains idéalisent à outrance. Et pourtant, peut-être seul le personnage de Abby est-il en mesure de comprendre ce qui a pu pousser Daniel à espionner sa voisine. Kevin Maestro Harrel), lui, est nettement plus en retrait. Sorte de soupape dans le trio que forment les trois adolescents, sa présence a pourtant quelque chose de rassurant. Contrairement à Mona (Grace Phipp) qui choisi les forces du mal comme compagnons de jeu.

Malheureusement, les apparitions de la jeune femme tombent presque toutes à l'eau. On ne ressent en effet jamais le grand frisson, et c'est bien dommage pour un tel film. On remarquera l'étonnante présence de Peter Stormare (Fargo) en flic un peu décalé mais finalement plutôt réconfortant. On appréciera Dark Summer surtout pour le passage qui montre le adolescents en apprentis détectives. Dans ces moments là, le film nous fait regretter qu'il n'y ait pas davantage de tension durant tout le reste de l’œuvre que lors de la visite de la maison de Mona Wilson.

Le film de Paul Solet demeure un bon divertissement, agréable à suivre et sans prise de tête. C'est tout...

lundi 28 novembre 2016

Nos Femmes de Richard Berry (2015)



Ils se connaissent depuis 35 ans. Et depuis 35 ans, ils sont les meilleurs amis du monde. Max est radiologue. Franc, il a pour habitude de tout dire à ses patients, sans le moindre ménagement. Paul, lui, est rhumatologue. Et contrairement à Max, il est plutôt optimiste, rassurant ainsi toujours ceux qui viennent le consulter. Simon est quant à lui propriétaire de deux salons de coiffure qui connaissent un beau succès auprès de leur clientèle. Mais alors qu'un soir les trois amis ont rendez-vous chez Max pour une partie de cartes, Simon est en retard. Et pour cause : après s'être violemment disputé avec Estelle, son épouse, il l'a étranglée, la laissant pour morte dans leur appartement. Dès son arrivée chez Max, Simon avoue tout à ses deux amis, comptant ainsi sur leur soutient. Malheureusement pour lui, Max et Paul hésitent et se demandent s'ils doivent aider Simon en leur procurant un alibi, ce qui lui éviterait de partir en prison, ou bien tout dire à la police et condamner ainsi leur ami de 35 ans de finir sa vie entre les barreaux...

A la réalisation, Richard Berry. Et dans les trois principaux rôles, lui-même, ainsi que Daniel Auteuil et Thierry Lhermitte. Un luxueux appartement situé en face de la Tour Eiffel à Paris et surtout, une pièce de théâtre à l'origine elle-même mise en scène par Richard Berry. Eric Assous adapte lui-même sa propre pièce, créée en septembre 2013. Si l'on retrouvait déjà Daniel Auteuil et Richard Berry dans deux des trois principaux rôles, celui tenu par Thierry Lhermitte fut interprété sur scène par le comédien Didier Flamand.

Nos Femmes est principalement interprété par trois excellents acteurs, vu qu'il s'agit d'un huis-clos, et vu que le film est adapté d'une pièce de théâtre, l'ombre du Dîner de Cons et du Prénom (pour ne citer que ces deux exemples) plane donc forcément au dessus de cette œuvre dont on se demande logiquement si elle sera en mesure d'égaler ce qui sert désormais de référence au grand public. La réponse est définitivement non. On a beau dire que Lhermitte, Berry et Auteuil sont d'excellents interprètes (ce qui n'est pas faux), ici, la démesure n'a pas sa place. Et lorsque je parle de démesure, je veux bien entendu parler de l'hystérie dont font preuve Richard Berry et Daniel Auteuil lors de joutes verbales pourtant fort bien écrites et magistralement interprétées. L'acteur-cinéaste a oublié une chose importante : c'est qu'ici, il s'agit non pas de théâtre, mais de cinéma. Thierry Lhermitte étant relégué durant une bonne partie du film au second plan (son personnage, assommé par l'alcool et les médicaments, dort profondément dans la chambre d'amis), Richard Berry et Daniel Auteuil (comprendre leurs personnages, hein ?) règlent leurs comptes.
Vu que

De ce « sur-jeu » permanent qui oppose les deux acteurs, c'est sans doute Auteuil qui s'en sort le mieux, Richard Berry en faisant parfois des tonnes en matière de grimaces. Et ça n'est pas parce que l'on adapte une pièce de théâtre au cinéma qu'elle se doit d'être similaire en terme d'interprétation. C'est pourquoi on a souvent l'impression d'être face à une pièce de théâtre filmée et non pas devant une œuvre cinématographique. De plus, au regard de nombreux huis-clos humoristiques (ceux cités plus haut mais peut-être plus encore Un Air de Famille ou Cuisine et Dépendances), les dialogues de Nos Femmes paraissent extrêmement pauvres. Pire encore, certaines scènes sont longues, mais longues...
On ne regarde pas sa montre, mais presque. C'est d'autant plus dommage que le cadre (un superbe appartement situé juste en face de la célèbre Tour Eiffel), les interprètes (le trio, mais également les seconds rôles, comme celui de l'insupportable Estelle interprété par l'actrice Pauline Lefèvre) et le script pouvaient laisser envisager une œuvre savoureuse. Sauf qu'elle tombe à plat. Ça n'est pas tant la maîtrise qui manque à Richard Berry, mais l'adaptation de la pièce d' Eric Assous est plutôt ratée. A savoir que lorsque le film est sorti, il a fait l'objet de critiques en raison de son scénario basé autour d'un féminicide par l'époux de la victime. Certains ayant vu dans ce sujet, une forme de banalisation des violences faites à la femme. Comme le disait le personnage de Jean-Claude dans Les Valseuses de Bertrand Blier : Pas de toute, nous sommes bien en France...

Débarquement Immédiat de Philippe de Chauveron (2016)



Ary Abitan, c'est José Fernandez, membre de la Police des Frontières. Medi Sadoun, lui, est Karzaoui, un petit escroc sans envergure qui sévit en France mais qui surtout est recherché par la police pour avoir agressé au couteau une vieille dame. Il a beau affirmer avoir volé les papiers d'un autre et ne pas être celui que les autorités ont l'intention de renvoyer dans son pays d'origine, Karzaoui se retrouve malgré tout embarqué à bord d'un avion entouré de José, mais également de Guy Berthier, lui aussi membre de la Police des Frontières.
Lors du vol en direction de Kaboul, l'avion est détourné vers malte en raisons de conditions climatiques désastreuses. Les trois hommes n'ont d'autre solution que de patienter jusqu'au lendemain. Mais rien ne va se dérouler comme prévu et la dernière mission au sein de la Police des Frontières va durer plus de temps que prévu...

Débarquement Immédiat est le dernier long-métrage du cinéaste français Philippe de Chauveron. Alors qu'il avait déjà employé les deux principaux interprètes de son dernier film dans le précédent, Qu'est-ce Qu'on a fait au Bon Dieu ?, on pouvait s'attendre encore à une comédie centrée sur les différences d'origines et pourtant, il n'en est rien. Ou si peu. Cela ne fait malheureusement pas de Débarquement Immédiat une œuvre particulièrement originale. Les gags demeurent même parfois poussifs. Ary Abitan et Medi Sadoun ont beau former un duo sympathique, la sauce prend mais sans jamais être vraiment exceptionnelle. D'abord, quelle idée stupide d'avoir fait prendre un tel accent à Medi Sadoun. Alors même que l'on aurait pu croire au départ qu'il participait au personnage d'escroc qu'il s'était construit pour survivre dans notre pays, voilà qu'en fait il s'agit bien de celui du personnage qu'il campe. Une fausse identité pour un homme qui risque de se retrouver en terre inconnue et surtout, extrêmement dangereux. Une bonne idée sur le papier mais qui au final est assez mal exploitée.

Débarquement Immédiat fait partie de ces longs-métrages aussitôt relégués au rang de comédie familiale un peu ringarde. Une écriture légère (trop peut-être), quelques répliques amusantes, d'autres beaucoup moins drôles, et surtout, le sentiment de s'être fait enfler à la caisse de son marchand de DVD. Le genre du film qui nous inspire la réflexion suivante : « Ça m'aurait embêté de débourser dix euros pour aller voir ça au cinéma ». Alors que penser d'une sortie en DVD qui vous obligera à vous délester d'une quinzaine d'euros ?
Ary Abitan et Medi Sadoun font ce qu'on leur demande et ça n'est déjà pas si mal. On notera à leurs côtés la présence de Cyril Lecomte en séducteur impénitent, celle de Slimane Dazi en transporteur de migrants, la très belle actrice Reem Kherici dans le rôle de Maria ou encore Loïc Legendre dans celui du commandant de bord. A part cela, Débarquement Immédiat demeure une comédie anecdotique...

dimanche 27 novembre 2016

Cannibal Ferox de Umberto Lenzi (1981)



Niant l'existence des tribus cannibales, la jeune étudiante en anthropologie Gloria Davis se rend en Amazonie en compagnie de son frère Rudy et de leur amie Pat Johnson. Alors que leur jeep s'est embourbée, le trio prend la route à pied à travers la forêt et tombe nez à nez avec les corps mutilés d'un homme et d'une femme. Débarquent alors Mike Logan et Joe Costolani, deux hommes qui fuient une tribu de cannibales qui a déjà fait une victime en la personne du « portugais », un guide qui devait les emmener jusqu'à un filon de rubis.
Malgré le récit que les deux hommes font des événements, le groupe nouvellement formé s'enfonce un peu plus dans la jungle et part à la découverte du village cannibales. Le spectacle qu'y découvrent Gloria, Rudy et Pat est affreux. Le cadavre du « portugais » est méconnaissable. Il a en effet été dépecé et emasculé. Un second cadavre repose au sol, éventré. Heureusement pour le groupe, les hommes du village sont partis chasser. Gloria et ses amis ont tout intérêt à partir u plus vite avant de se retrouver piégés dans ce village qui sent la mort.
Pourtant, malgré les apparence, les cannibales ne sont pas les plus dangereux à craindre dans cet univers hostile et perdu au milieu de nulle part...

Réalisé par Umberto Lenzi profite de l'engouement du cinéma d'horreur italien pour le cannibalisme et le succès d'un film tel que Cannibal Holocaust pour apporter sa touche personnelle au genre. Cannibal Ferox est en effet représentatif de cette vague de shockersqui inonda les salles de cinéma transalpins.
Tout comme son prédécesseur Ruggero Deodato, Umberto Lenzi (qui tourna quelques policiers particulièrement violents) filme un groupe de jeune gens pas vraiment préparés à ce qu'ils vont devoir affronter. Tout comme pour Cannibal Holocaust on pourra reprocher à Cannibal Ferox le massacre d'animaux pour les biens du film. De quoi tourner quelques plans saignants sans avoir recours au moindre effet spécial. La méthode est plus que reprochable et n'apporte pas grand chose à une œuvre au départ sans trop d'intérêt. En effet, le film de Umberto Lenzi s'enlise dans un scénario spectaculairement mince, voire inexistant.

Fort heureusement, on a droit à quelques passages plutôt croustillants. Non pas les quelques scènes de nudité visiblement obligatoires pour ce genre de productions à l'époque, mais les plans horrifiques avouons-le, plutôt bien fichues.
Comment ne pas retenir cette sympathique émasculation d'un personnage un brin dérangé et la suspension par les seins à l'aide de crochets d'une non moins stupide accompagnatrice ? Graphiquement ces deux scènes ont de quoi bouleverser les estomacs les moins avertis mais auront peut-être un peu de mal à contenter ceux qui auront vu l'abominable séance de massacre finale de l’œuvre de Ruggero Deodato.
Cannibal Ferox demeure, parmi le grand nombre de films sur le sujet, comme l'un des meilleurs exemples. Ce qui ne veut malheureusement pas dire qu'il s'agisse là d'un chef-d’œuvre, bien au contraire.

A noter la présence de Giovanni Lombardo Radice, acteur aperçu notamment dans le Frayeurs de l'immense Lucio Fulci...

samedi 26 novembre 2016

La Nouvelle Vie de Paul Sneijder de Thomas Vincent



La Nouvelle Vie de Paul Sneijder de Thomas Vincent, c'est un peu comme Le Tout Nouveau Testament de Jaco van Doarmel. Si le traitement de l'intrigue s'éloigne très largement de ce à quoi l'on pouvait s'attendre, la déception n'est fort heureusement pas au rendez-vous. Jamais ! D'un côté, Thierry Lhermitte. De l'autre, Benoît Poelvoore. Deux acteurs que l'on a plus souvent l'habitude de voir dans des comédies mais qui ne se sont jamais refusé quelques rôles plus graves. C'est ainsi donc que j'ai découvert le dernier long-métrage de Thomas Vincent. Une comédie ? Oui, certes, mais pas seulement. Un drame également, et pas simplement une comédie dramatique. Car de ruptures de ton en changements d'humeur, La Nouvelle Vie de Paul Sneijder assène le même genre de sentiment que le film auquel je le compare juste au dessus.

Majoritairement apprécié de la presse spécialisée, je me suis tout de même penché sur l'avis d'un certain F.F qui n'a visiblement pas éprouvé la moindre émotion devant cette petite merveille qui renouvelle plusieurs genres à travers un récit, certes, très académique (un homme victime d'un curieux accident dans lequel sa fille a perdu la vie tente de remonter la pente malgré des souvenirs diffus, une épouse carriériste et « intéressée, et l’imminence d'un procès dont il ne sait s'il va aller jusqu'au bout) mais réalisé d'une main de maître par un Thomas Vincent qui aborde son sujet de manière très intelligente parfois extraordinairement sensible.

« Comment un bon livre est-il devenu ce film médiocre ? L'image est constamment laide, le décor (banlieue de Montréal ?) est insignifiant […] Thomas Vincent filme la déprime du personnage [...] mais ne réussit guère à faire partager cet intérêt. »

Très amusant, et surtout parfaitement incompréhensible, surtout lorsque l'on se trouve devant l'écran, saisit par des images au contraire judicieusement filmées. Pas du sépia mais presque en monochrome grisâtres, accompagnés parfois d'effets visuels étonnants. Si F.F semble s'être copieusement ennuyé, dommage pour lui, mais tel n'a pas été mon cas. Bien au contraire, l'intérêt de cette Nouvelle Vie de Paul Sneijder que partage avec nous l'exceptionnel Thierry Lhermitte est d'aller parfois là où on n'attend pas forcément son personnage. Et puis, il y a cette manière remarquable qu'à le cinéaste de filmer parfois son acteur principal en gros plan, légèrement de biais, nous faisant partager avec lui tout ce qui semble le « travailler ». Car plutôt que d'en faire un personnage s'apitoyant sur son sort, il en fait au contraire un homme qui désire aller de l'avant, sans même se préoccuper du « qu'en-dira-t-on » que professent certains et non des moindres puisque sa propre femme (la géniale mais glaçante Géraldine Pailhas) semble tout faire pour détruire le nouvel idéal de ce Paul Sneijder attachant, vivant sa douleur avec une très grande pudeur.

Et que dire des acteurs québécois que le cinéaste français met en scène avec autant de rigueur que le personnage campé par Thierry Lhermitte. Pierre Curzi et Guillaume Cyr. Un avocat et le responsable d'une entreprise chargée de promener les chiens. Deux individus de milieux sociaux différents (que les dialogues respectifs n'oublient pas de distinguer), exceptionnels de bonté et incroyablement bien interprétés, aidés en cela par de très bons dialogues écrit par Thomas Vincent lui-même et par Taël Cojot-Goldberg également. La tension dramatique de certaines scènes dont quelques-unes sont capables de faire se dresser les cheveux sur la tête (l'internement) sont heureusement pour notre plus grand bonheur désamorcées lors de situations parfois surréalistes. Nous ne sommes pas prêts d'oublier le personnage de Benoît Charistéas, collectionneur de nombres premiers ou bien encore l'acteur lui aussi québécois, Hugo Dubé, dont les rapports avec sa chienne Charly demeureront éternellement ambigus.
La bande originale elle-même participe grandement à l'univers créé par Thomas Vincent et ce, grâce aux talents conjugués des compositeurs Lionel Flairs, Benoît Rault et Philippe Deshaies (membres du groupe electro Hit'n Run) et de Jeanne Trellu. Entre compositions surréalistes provenant parfois du même moule que l'oeuvre d'un certain Quentin Dupieux et titres blues-folk interprétés par le duo canadien Timber Timbre. L'une des plus belles surprises de cette fin d'année demeure donc cette Nouvelle Vie de Paul Sneijder de Thomas Vincent...

La Tétralogie Des Portes De L'Enfer: ...Quella villa accanto al cimitero de Lucio Fulci (1981)



Redécouvrir Lucio Fulci aujourd'hui lorsque l'on a été un adolescent féru de gore dans sa globalité, et plus précisément séduit par celui du cinéaste transalpin, revêt une forme assez particulière d'extase. Pourtant loin d'être un cinéma exprimant le bonheur chez ses protagonistes, l’œuvre de Lucio Fulci est bien au contraire d'une noirceur si profonde que son cinéma devrait logiquement nous plonger dans une torpeur glaçante.   La Maison près du cimetière est peut-être, et même sans doute, le dernier long-métrage du cinéaste à cultiver suffisamment d'intérêt auprès du public, du moins ceux qui demeurent regardant, comparant et distinguant ainsi ce qui fut de ce qui sera. Alors que j'ouvrais les hostilités le lundi 21 mai 2012 en affirmant que L'Enfer des Zombies était le premier volet d'une trilogie, il aurait été plus judicieux d'affirmer qu'il s'agissait en réalité du premier volet d'une tétralogie qui allait se poursuivre à travers trois autres classiques : Frayeurs en 1980, ainsi que L'Au-Delà et La Maison près du cimetière l'année suivante.


Je reprends...

Redécouvrir Lucio Fulci aujourd'hui à travers La Maison près du cimetière lorsque l'on a été un adolescent […] revêt une forme assez spécifique de... dégoût. Mince me dis-je. Comment ai-je pu me laisser piéger à l'époque par cette bande horrifique qui, soyons sérieux un moment, est d'un ridicule qui confine au grotesque. Terminer une si éblouissante tétralogie de l'Enfer par une œuvre aussi mièvre a de quoi décevoir. Pourtant, il y a déjà plus de trente ans, on remarquait une nette baisse en terme de qualité. Moins de gore, et une accumulation de scènes inintéressantes au possible. Des incohérences en veux-tu, en voilà. Il en pleut des trombes et celle durant laquelle l'héroïne (une fois encore interprétée par l'actrice britannique Catriona MacColl) assiste au nettoyage du sol maculé de sang par Anna la babysitter (la troublante Ania Pieroni) sans qu'à aucun moment elle ne se demande d'où il peut provenir est totalement ahurissante. Certains effets gore sont mal réglés comme lorsque l'époux de Lucy, le Docteur Norman Boyle est mordu à la main par une chauve-souris enragée (je vous rassure, ni celle du sketch de Jean-Marie Bigard, ni celle de Cujo de Stephen King). Lorsque celui-ci lui plante un couteau dans le dos, le sang coule de plusieurs orifices et non pas de l'endroit même où a lieu la pénétration de la lame. Un détail me direz-vous ? Sûrement oui, mais cela démontre le manque de sérieux de La Maison près du cimetière.

Le pire, c'est qu'en accumulant des bourdes de cet acabit et un trop grand nombre d’invraisemblances (et que dire de certaines situations infamantes de bêtises), Lucio Fulci réalise en fait un bon gros nanar qui fait davantage sourire que se dresser les poils de l'épiderme. Tout ce qui faisait la force de son cinéma, c'est à dire le gore premier degré et l'ambiance morbide des trois premiers volets de la tétralogie disparaît donc au profit d'une œuvre renvoyant le tout aux calendes grecques du genre. Avec un peu plus de moyens et un peu plus de « gueule », le cinéma de Lucio Fulci se faisande, mais pas de la plus délicate des façons. Un peu à la manière du cadavre purulent qui hante la cave de cette Maison près du cimetière. Si vous n'avez jamais vu un seul Lucio Fulci, je vous conseille donc de regarder celui-ci en premier, et pourquoi pas, même, le zapper, sachant que dans la forme, chaque épisode de la tétralogie peut se « consulter » de manière tout à fait indépendante et antéchronologique. Ce dernier volet de la tétralogie des portes de l'enfer ouvre les portes au cinéma Z d'un certain Lamberto Bava. Quelques années plus tard, les deux cinéastes italiens ne nous permettront presque plus de les distinguer. Tout deux en effet s'appliqueront à l'avenir à ne tourner que d'authentiques navets. R.I.P Lucio...

vendredi 25 novembre 2016

La Tétralogie Des Portes De L'Enfer: ...E tu vivrai nel terrore! de Lucio Fulci (1981)



Et vous vivrez dans la terreur est la traduction littérale et beaucoup poétique du chef-d’œuvre du cinéaste italien Lucio Fulci, ...E tu vivrai nel terrore! Un titre chez nous traduit par L'Au-Delà, mais connu également dans son pays natal sous le titre L'aldilà, d'où sa traduction dans notre pays. Alors que le cinéaste a fait ses armes dans la comédie, puis a changé de direction en réalisant quelques fameux westerns-spaghettis et quelques films d'aventure, il s'est lancé ensuite dans une série de Giallo dont Le Venin de la peur et La longue nuit de l'exorcisme ne sont pas des moindres. En france, Lucio Fulci s'est d'abord fait connaître grâce à ce qui est devenu sa spécialité, le gore, à partir de 1979 et son célèbre L'Enfer des Zombies (appelé également Zombi 2, lorgnant ainsi sur le succès du Zombie de George Romero). Il réalisera pour son pays, quelques-uns des grands films du genre à travers les classiques que sont devenus Frayeurs, La Maison près du Cimetière et L'Au-Delà dont il est question ici. Ce film marque un tournant dans la carrière du cinéaste qui peu à peu tournera des œuvres de moindre envergure, allant même jusqu'à produire de réels navets. Mais la question n'étant pas là, concentrons-nous sur cet authentique chef-d'oeuvre du cinéma gore transalpin.

Principalement interprété par l'actrice britannique Catriona MacColl, que l'on pu déjà voir dans Frayeurs, puis plus tard dans La Maison Près du Cimetière, le film est la pierre angulaire du cinéma horrifique de Lucio Fulci. Il y exprime en effet tout son imaginaire macabre, dans des scènes particulièrement crues et sanglantes. Parfois blasphématoire, à l'image de ce sorcier torturé, puis crucifié tel un Christ incompris dans la cave d'un hôtel qui sera repris cinquante ans plus tard par le personnage campé par Catriona MacColl, L'Au-Delà ne ménage aucun effet, au risque même de mettre en images ses héros dans des situations totalement incohérentes. Une habitude chez ce cinéaste dont on a parfois l'impression qu'il a oublié une chose essentielle : l'importance du montage.

On ne reviendra en effet jamais assez sur l'illogisme de certains passages quand d'autres, au contraire, font preuve d'une extraordinaire imagination. On pense notamment à l'incroyable scène durant laquelle, les deux héros, Liza Merril et le docteur John McCabe (l'acteur David Warbeck qui joua la même année dans un autre Fulci, Le Chat Noir) descendent les escaliers d'un hôpital jusqu'à se retrouver directement dans la cave de l'hôtel maudit. Que le film ait pu être interdit aux moins de dix-huit ans à l'époque de sa sortie et qu'il le soit aux moins de seize aujourd'hui peut très facilement se comprendre. Car à l'instar de plusieurs autres de ses films, Lucio Fulci, contrairement à des Peter Jackson, Sam raimi ou Jim Muro, préfère jouer la carte du gore sérieux. Le cinéaste italien était en effet très « premier degré » et cela se ressent dès les premières minutes avec cette insoutenable scène de torture dont fait les frais un peintre considéré comme maudit. Torturé à coups de chaînes, crucifié contre le mur de la cave de l'hôtel et aspergé de chaux vive, on assiste à la lente agonie d'un homme qui reviendra cinquante ans plus tard hanter l'hôtel qui l'abritait, mais pas seulement puisque le cadre des événements sera prolongé jusqu'à l'hôpital où travaille le docteur John McCabe, autre point névralgique dans lequel vont se dérouler des événements aussi divers qu'incompréhensibles.

Lucio Fulci décrit dans L'Au-delà SA vision de l'Enfer, découlant d'un ouvrage nommé Eibon. Relativement bien interprété et nanti d'effets gore particulièrement gratinés, le film n'est qu'une succession de scènes horrifiques prolongées par des bruitages peu ragoutants. Comme celle durant laquelle un plombier réapparaît après avoir été tué par le monstre personnifiant le peintre revenu d'entre les morts. Nous retiendrons également la superbe partition musicale du compositeur Fabio Frizzi et qui hante l’œuvre jusqu'à son terrible final, tableau angoissant et pessimiste représentant l'Enfer décrit par Lucio Fulci. Un classique...

jeudi 24 novembre 2016

La Femme de mon Pote de Bertrand Blier (1983)



Neuf ans après Les Valseuses, l'actrice Isabelle Huppert et le cinéaste Bertrand Blier se retrouvent pour la seconde fois avec La Femme de mon Pote. Un titre apparemment très léger pour un scénario qui ne semble pas l'être moins. Aux côtés de la délicieuse française, Thierry Lhermitte et Coluche. Un casting étonnant mais différent de celui qu'avait prévu à l'origine Bertrand Blier. Plus logiquement et bien dans ses habitudes, il avait tout d'abord pensé confié les rôles de Viviane et Pascal à Miou-Miou et Patrick Dewaere. Problème, ce dernier s'est suicidé et Miou-Miou refuse alors d'interpréter le rôle de l'héroïne. Coluche, déjà prévu depuis le départ est donc le seul membre du trio à accepter de jouer dans La Femme de mon Pote. Un rôle qui dénote dans la carrière de l'acteur qui n'a jusqu'à maintenant interprété que des personnages purement comiques. Car si l’œuvre de Bertrand Blier concourt bien dans le genre, il y demeure une certaine forme de charge dramatique que l'acteur-humoriste va pleinement et magistralement assumer. De quoi le préparer au film qu'il tournera l'année suivante et qui lui permettra de remporter le César du meilleur acteur pour son interprétation de Lambert dans Tchao Pantin de Claude Berri.

Pour l'heure, il est Micky, meilleur ami et confident de Pascal depuis dix ans. Les deux hommes sont installés dans la station de ski de Coiurchevel. Pascal a un très grand défaut. Il ne peut s'empêcher de tomber amoureux. Alors, lorsqu'il rencontre la belle Viviane, il ne peut s'empêcher de confier ses sentiments à Micky. Ayant peur que la belle jeune femme qu'il a installé chez lui se sauve pendant qu'il travaille au magasin, il demande à son meilleur ami de rester avec elle et de s'assurer qu'elle ne va pas prendre la poudre d'escampette. Micky accepte mais va très vite tomber amoureux lui aussi de Viviane. Une situation délicate puisqu'il n'a ni envie de trahir Pascal, ni vraiment envie d'abandonner l'idée d'entretenir une relation avec la jeune femme. D'autant plus qu'elle-même n'a pas l'air totalement indifférente à celui qui tous les soirs rejoint la boite de nuit dans laquelle il assure le poste de disc-jockey...

Étonnant que ce film estampillé « Blier ». Si le cinéaste, fils de l'immense acteur Bernard Blier, semble s'être quelque peu rangé avec La Femme de mon Pote, il n'a tout de même pas abandonné la verve qui est la sienne. Et même si l'on est moins en présence de répliques cultes que par le passé, son œuvre en assène suffisamment pour que l'on retrouve l'empreinte de cet immense dialoguiste français. Moins « barré » qu'à son habitude, Bertrand Blier signe une comédie tendre, aux personnages très attachants, parsemée de moments d'intimité entre Coluche et Isabelle Huppert. D'un côté, l'humoriste légèrement ventripotent, de l'autre, une actrice superbe. Un visage de garce, une voix douce, un corps magnifique. De quoi troubler le plus insensible des cœurs d'hommes. Si l'histoire est relativement classique,la mise en scène elle, demeure beaucoup plus personnelle qu'elle n'y paraît. Contrairement à ce que beaucoup affirment, il s'agit bien d'une œuvre de Bertrand Blier avec tout ce que cela sous-entend. Toujours cette même manière d'exploiter l'espace entre deux individus filmés dans de longs et lents travellings. Quelques phrases bien senties donc, et une œuvre finalement pas si drôle que cela. Une certaine amertume plane dans l'atmosphère de ces deux chalets où se retrouvent ces deux âmes esseulées. Viviane, fille volage, incapable de se fixer définitivement comme elle le précisera, et Micky, célibataire endurci qui au contact de la belle, se rend enfin compte du besoin et de la nécessité d'accueillir chez lui une présence féminine.

Tombant dans la dépression, le personnage de Micky n'est finalement pas si éloigné de ce que connaît Coluche à l'époque La Femme de mon Pote dans sa vie privée. Un défi donc pour l'acteur-humoriste dont on pouvait craindre que son interprétation sonne faux mais qui au contraire parvient à rendre crédible son personnage de meilleur ami et d'amant. La Femme de mon Pote n'a peut-être pas les atours des meilleurs Blier, mais il demeure un très beau film qui plane bien au dessus de la simple comédie. N'oublions pas non plus l'interprétation de Thierry Lhermitte qui sait, contrairement au Popeye des Bronzés, se faire distant, discret, pour mieux rendre grâce au duo formé par Isabelle Huppert et Coluche. Un vrai bon « petit » film...

mercredi 23 novembre 2016

TROMA : Beware Children at Play de Mik Cribben (1989)



Beware Children at Play a dû en faire réagir plus d'un lorsque la firme Troma a décidé de distribuer cette petite production horrifique réalisée par un certain Mik Cribben en 1989. Non parce que comme dans une grande majorité des œuvres que l'on trouve dans le catalogue du distributeur, le film est fauché, mal joué, mal réalisé et surtout atrocement doublé dans la langue de Molière (une responsabilité qui à la décharge de Troma ne lui incombe pas), mais parce que la fin, en forme de « bad end », propose un hallucinant massacre d'enfants. De quoi réjouir tous ceux qui en travers de la gorge cette éternelle formule qui consiste à les sauver de la mort. Habitude qui, fort heureusement, demeure bien moins souvent appliquée de nos jours. Le doublage français de Beware Children at Play est donc des plus médiocres. Mais s'il on peut reprocher aux doubleurs d'avoir sapé le boulot, c'est surtout parce que les dialogues se révèlent plutôt bien écrits et cohérents. Pour une fois, on ne va pas s'en plaindre, bien au contraire.

L'intrigue de Beware Children at Play se situe dans l'Amérique profonde, celle des rednecks. Les bouseux d'un terroir où l'alcool frelaté semble couler à flot et où les croyances religieuses et les légendes ont rendu certains d'entre eux « zinzins ». Des gosses disparaissent, et malgré les recherches effectuées par le shérif du comté et son adjoint (qui ont surtout l'air de passer leur temps à contenir la nervosités des habitants), une treizième disparition vient d'être déclarée. Afin d'éclaircir la situation, on fait appel à un écrivain spécialisé dans les ouvrages occultes. Prêtant main forte aux habitants, il va découvrir bientôt que tout n'est que l’œuvre d'un gamin disparu dans la forêt dix ans plus tôt. Une sorte de gourou adolescent dont l'emprise est telle que même les jeunes enfants qui ont été enlevés quelques jours seulement auparavant sont prêts à le suivre. Jusqu'à tuer même leurs propres parents. Une drôle de tribu qui pour se nourrir mange de la viande humaine.

Vous aurez compris qu'en terme de cohérence, cette fois-ci, la logique s'est faite la malle! Mais bon, on s'en fout. Nous tout ce qu'on demande à une bonne petite production Troma, c'est de partir en vrille. De nous en mettre plein la gueule et les oreilles. De nous asperger d'hémoglobine, de nous jeter des membres arrachés au visage et surtout, de nous faire rire. Pour ce dernier aspect, il faudra repasser, et même si certaines scènes nous arrachent un sourire, c'est forcément indépendant de la volonté du cinéaste américain qui semble prendre la chose très au sérieux.

On ne pourra pas reprocher à Mik Cribben d'être avare en matière de scènes gores et même si son film est nanti d'un budget ridicule, il parvient à quelques « prouesses » fort réjouissantes. Beware Children at Play est un peu (trop) long. Une bonne quinzaine de minutes et le film aurait gagné quelques gallons. On jouit d'un plaisir peu commun (et un peu honteux) lorsque la journaliste meure en s'empalant sur un piège tendu par les enfants. Quelle emmerdeuse celle-là ! Quant aux villageois, ils relèvent presque tous de la consanguinité. Autre défaillance scénaristique à noter et relevant justement des insupportables apparitions de la journaliste. Alors même qu'elle parvient à convaincre les villageois de l'inutilité de la présence de l'écrivain (dont elle ne cesse de rabâcher les grotesques thèmes littéraires), ceux-ci se convainquent finalement de la réalité des propos de l'un d'eux, persuadé que la légende qui court dans la région est responsable de la disparition des enfants. Des enfants dont ils s'inquiètent durant plus d'une heure de métrage avant d'opter pour une solution radicale : les tuer tous. Là encore, la logique...

Bref, tout ça pour en arriver au final qui provoqua la controverse aux États-Unis :! cinq minutes durant lesquelles, les enfants, filles et garçons approximativement âgés entre 6 et 14 ans, sont trucidés par les adultes. Leurs propres parents ! L'un se prend une fourche dans la gorge. Un autre est poignardé à mort. Plusieurs autres meurent tués par balle et, clou du spectacle, l'une des jeune victimes à le visage qui explose littéralement sous l'effet d'un tir. Beware Children at Play a donc comme principal intérêt ce déluge de meurtres à l'encontre des enfants. Une vision assez rare et particulièrement osée. A part cela, le film de Mik Cribben se situe dans la moyenne basse des œuvres distribuées par la firme Troma...

mardi 22 novembre 2016

Spider Baby de Jack Hill (1964)



Les membres d'une famille vivant recluse dans une luxueuse demeure sont tous atteints par un même mal dénommé Syndrome de Merrye du nom d'un lointain ancêtre, Ebenesiah Merrye. Cette maladie qui touche les enfants vers l'âge de dix ans provoque une régression mentale inéluctable dont la dernière étape est une modification physiologique grave. Très précautionneusement gardés auprès de lui par l'ancien domestique de leur père récemment décédé, Elizabeth, Virginia et surtout Ralph ont tous les trois contracté la maladie. Les voisins les plus proches préfèrent ignorer leur existence que d'être mis en contact avec cette famille souffrant de plus, d'un étrange comportement. Notamment celui de Virginia qui se prend pour une araignée et Ralph qui passe son temps enfermé dans un monte-charge.
Mais alors que Bruno, le majordome veille au grain, la famille reçoit un jour une lettre leur signifiant l'arrivée prochaine de deux membres de la famille dont l'intention est de récupérer l'intégralité du domaine, de la demeure, ainsi que du mobilier tout entier. Alors que Bruno prépare les enfants avant l'arrivée d'Emily, de Peter, ainsi que de l'avocat Schlocker et de sa secrétaire Ann, tout semble prêt pour accueillir les nouveaux arrivants. Mais sous l'emprise du terrible mal qui touche les membres de la famille Merrye et des secrets que recèlent la demeure, rien ne va se dérouler comme prévu...

Spider Baby s'ouvre quasiment sur une scène de meurtre. Celui du facteur venu apporter la lettre indiquant que la vie presque paisible de cette petite famille, digne héritière du Freaks de Tod Browning va être bientôt bousculer. A une ou deux années près, ce troisième long-métrage du cinéaste américain Jack Hill (La Femme Guêpe, L'Halluciné) plante un décor qui s'inspire et inspirera deux œuvres majeures du cinéma d'épouvante. Tout d'abord Psychose d'Alfred Hitchock, et sa demeure filmée en contre-plongée, comme avalant littéralement tous ceux qui osent s'en approcher. Gargantuesque, fascinante, inquiétante et pesant de tout son poids. Quant à tous ceux qui connaissent par cœur Massacre à la Tronçonneuse version 1974, comment pourrait-on ignorer une certaine filiation entre ce film de 1968 et l'oeuvre de Tobe Hooper. Je n'irais pas jusqu'à dire que ce dernier s'est réapproprié plan par plan la scène d'introduction du facteur dans la propriété des Merrye, mais tout de même. Il y a de singulières similitudes entre celle-ci et le passage inoubliable où les personnages de Pam et de Kirk cherchent à savoir s'il y a présence d'un quelconque habitant dans la demeure de la famille Tronçonneuse. Similitude que l'on retrouve quelques instants plus tard lorsque le piège retombe sur le facteur, la fenêtre-guillotine remplacée six ans plus tard par une porte métallique.

Passées ces premières constatations, Spider Baby est une œuvre hallucinante. Totalement en marge de la production de l'époque et surtout, dans son traitement, très en avance sur son temps. Un film morbide, mélangeant déviances, maladie et nécrophilie. Dans un contexte où l'on mystifie des cas rares de dégénérescence physiologiques, le cinéaste développe volontairement un amalgame entre lycanthropie et hypertrichose, faisant de ses bêtes de foires des monstres du bestiaire fantastique. On se demande dans quelle mesure certains protagonistes sont de réels malades jusqu'à ce que l'on découvre que le Ralph du film n'est autre que l'acteur Sid Haig que l'on a pu revoir ces dernières années dans plusieurs longs-métrages de Rob Zombie.
Spider Baby est parfois si barré que l'on s'étonne que le film date de 1968. Nauséeux, il rappelle parfois un certain Lolita dans son approche de l'érotisme. En fait, la date précise demeure en réalité 1964, la faillite du producteur ayant reculé de quelques années toute possibilité de sortie du film de Jack Hill. Sorti sous plusieurs titres (The Liver Eaters , Attack of the Liver Eaters , Cannibal Orgy , ou encore The Maddest Story Ever Told) est considéré comme une œuvre culte. L’apanage de quelques œuvres qui à l'époque ont apporté un sang nouveau au genre fantastique-horreur. A l'image de Carnival of Souls dont j'espère pouvoir parler un jour en ces pages.Le film de Jack Hill distille autant le sourire que le malaise. On ne sait jamais s'il vaut mieux rire ou s'inquiéter des membres étranges de cette famille, en tout cas, merveilleusement bien interprétés. A noter le rôle de Bruno, campé par le célèbre Lon Chaney Jr.... 

lundi 21 novembre 2016

Le Professionnel de Georges Lautner (1981)



Après avoir passé deux années entières enfermé dans une prison au Malagawi pour avoir tenté de tuer le président N'Jala, l'agent des services secrets français Josselin Beaumont parvient à prendre la fuite et, de retour en France, a bien l'intention d'honorer le contrat pour lequel il avait été envoyé par ses services en Afrique. Mais en deux ans, tout à changé, et alors que N'Jala doit passer trois jours dans l'hexagone, les autorités sont sur les dents. Avertis de la présence de « Joss » dans les parages et de son intention de tuer le président africain, ils vont tout mettre en œuvre pour arrêter leur agent avant qu'il ne mettre son plan à exécution...

Réalisé par Georges Lautner sur un scénario écrit par ce dernier et par Jacques Audiard également (adaptation tirée du roman Mort d'une bête à la peau fragile de Patrick Alexander), Le Professionnel se situe très exactement entre deux séries de films mettant en scène l'acteur français Jean-Paul Belmondo dans des rôles de personnages exubérants. Qu'il soit flic ou voyou, c'est un peu le même type d'emploi que lui accordent les différents cinéastes qui le prennent comme principal interprète de leurs œuvres.
C'est pourquoi Le Professionnel peut être considéré comme une incartade dans la carrière de l'acteur. Du moins, en ce qui concerne sa filmographie entre le milieu des années soixante-dix et la fin des années quatre-vingt. Tout d'abord, il y a cette musique, sublime, émouvante et obsédante du compositeur italien Ennio Morricone. Un air qui parcourt le film de la première à la dernière seconde. Une œuvre nostalgique, emprunte d'une émotion vive qui laisse un troublant sentiment de solitude. Celle de ce personnage admirablement campé par Jean-Paul Belmondo qui n'était à l'époque, rien de moins que l'une des plus grandes star du cinéma français.
Comme Louis de Funès était à la comédie, Jean-Paul Belmondo était le grand rendez-vous du dimanche soir dans le domaine du film d'action.

Alors, revoir aujourd'hui son œuvre, et donc, notamment, Le Professionnel revêt, ici aussi, une forme de nostalgie. Un personnage beaucoup plus sombre, désespérément seul malgré une épouse, une ancienne maîtresse, et un ami (le toujours exceptionnel Michel Beaune) tous proches de lui dans l'âme mais tellement éloignés de ses principales préoccupations. « Donné » par sa patrie, sa hiérarchie, drogué, forcé à faire des aveux lors d'un pastiche de procès en Afrique, torturé puis contraint aux travaux forcés, l'homme à de quoi en vouloir à la France. Mais plus qu'un « soldat » Jean-Paul Belmondo campe un homme à la ruse et à l'intelligence exceptionnelles. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, il joue un Joss tout en retenue, mais sans jamais être véritablement avare en matière de répliques. De celles dont il nous a habitué tout au long de sa carrière. Une fois encore, l'acteur assure lui-même les cascades.

Face à lui, un casting solide, fait d’interprètes aux caractères bien trempés. Jean Desailly, Cyrielle Clair, Jean-Louis Richard, Michel Beaune donc, mais également Bernard-Pierre Donnadieu (excellent comme toujours) et surtout Robert Hossein. Blafard, sinistre, incapable d'exprimer le moindre sentiment. A part peut-être lorsqu'il exprime la pitié qu'il ressent vis à vis d'Edouard Valéras qu'il a pourtant lui-même contraint à trahir son ami Joss. Ce dernier justement, et le Commissaire Rosen, l'un se cachant toujours derrière l'autre, jusqu'à ce duel ultime entre les deux hommes renvoyant aux westerns-spaghettis chers au cinéaste italien Sergio Leone. Trente-cinq ans plus tard, Le Professionnel n'a pas pris une ride et demeure comme faisant partie des plus belles réussites de la star Belmondo...
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