Allegra Geller est
mondialement connue et très populaire parmi les amateurs de jeux
vidéos pour avoir créé un nouveau prototype d'interface se
branchant directement sur la moelle épinière. Lors d'une
représentation, elle propose à une dizaine de personnes du public
de participer à la démonstration en se connectant eux-même au tout
nouveau modèle de bioport créé par Allegra. Lors de la séance, la
créatrice est attaquée par un commando nommé Les Réalistes, et
opposé à toute forme de technologie. Heureusement pour elle, le
jeune employé en marketing Ted Pikul l'aide à prendre la fuite...
Si David Cronenberg n'a
jamais véritablement mis de côté ses obsessions, il a, peu de temps
après Existenz, et même Spider, son
film suivant, changé presque radicalement de registre. En fait de
radicalité, il a su au mieux intégrer une part immense et de plus
en plus importante de psychologie au détriment de l'horreur. En
effet, dès l'admirable Faux-Semblant, le cinéma de
Cronenberg emble revêtir un visage autrement plus mature que par le
passé. Ce qui, en réalité, n'est qu'une apparence. D'ailleurs, le
cinéaste d'origine canadienne joue sur cette ambiguïté dans
chacune de ses œuvres. Passé maître dans l'art de manipuler le
corps et la conscience, il a, à peu de chose près, frayé dans tous
les domaines, créant ainsi une véritable encyclopédie de l'horreur
génétique.
Depuis Frissons
et Rage, à la sexualité débridée, en passant par
Chromosome 3 et Scanners,
deux films dont l'intrigue se concentre sur le contrôle et le
pouvoir psychiques. Videodrome,
lui, s'attarde sur l'influence des médias, et en l’occurrence,
celle de la télévision. Crash
mêle la chair au métal et Le Festin Nu,
l'écriture aux drogues. Existenz ne déroge pas à la règle et
aborde un thème qui, pourtant à l'époque, n'a pas encore atteint
le degré d'importance qu'il connaît seize ans plus tard en 2015. Le
jeu vidéo. Le jeu vidéo et son univers factice. Le jeu vidéo et
ses implications morales, religieuses, politiques et même tout
simplement, sociales.
Existenz
est sans doute l'une de ses œuvres les moins comprises, et les moins
acceptées. Certains y voyant même sont plus mauvais film (enfin,
son moins bon, dirons-nous). Avouons qu'au premier abord, les décors
ont l'air un peu cheap. Prenons par exemple la scène où les deux
principaux protagonistes prennent la fuite à bord d'un véhicule.
Les décors extérieurs de l'habitacle ont l'air d'être faits de
carton-pâte. Comme ceux de ces vieux films sans le sou qui passaient
un film derrière une voiture en réalité plantée dans un studio de
cinéma. Croyez-le ou non, mais cette image un peu puérile et au
départ grandement décevante était bien recherchée par son auteur.
Et pour en avoir la confirmation, il suffit juste de se rappeler de
la fin du film pour s'en convaincre. Elle se justifie à ell seule au
travers d'une intrigue qui joue presque intégralement sur des
faux-semblants.
Là
où Existenz
rejoint les œuvres passées de David Cronenberg, c'est dans la
manipulation de ses personnages, et en même temps du public. Car en
effet, même si l'on a une vague idée de ce qu'à l'intention de
nous raconter le cinéaste, les spectateurs sont au moins autant, si
ce n'est plus, dans le brouillard le plus complet. Le film n'est pas
facile d'accès. D'ailleurs ceux qui ne connaissent pas son œuvre
risquent de le bannir à jamais s'ils commencent par celui-ci. Même
en tant que fan du réalisateur, on peut avoir beaucoup de mal à
adhérer au traitement subit par la bobine.
David
Cronenberg convoque pour cette aventure un brin surréaliste Jennifer
Jason Leigh, Jud Law ainsi que Ian Holm et Willem Dafoe. Nouvelle et
ancienne génération se retrouvent donc dans une œuvre au premier
abord complexe mais dont les tenants et les aboutissants deviennent
clairs à la toute fin du film. Pas sûr pourtant que tout le monde
puisse tenir jusqu'au bout...
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