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samedi 16 décembre 2023

Nuit d'or de Serge Moati (1976) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Ainsi, à travers ce cycle, voulait s'exprimer un certain regard pour le cinéma français de l'étrange. Du plus profond de la nuit, cet art et ce goût si particulier pour la poésie et le surnaturel dont l'incommodante saveur fait parfois fuir même les spectateurs les plus endurcis. Dans une approche chronologique non ordonnée, l'invitation semble a priori séduisante mais fera sans aucun doute quelques déçus. Et pour commencer, Nuit d'or de Serge Moati. Oui, cet attentif spectateur de la vie politique qui ''osa'' consacrer un documentaire à l'ancien chef du Front National, ce journaliste et documentariste français, ce conseiller de François Mitterrand mais aussi, et cela est déjà plus surprenant, cet acteur que l'on découvrit notamment à l'âge de treize ans dans Les quatre cents coups de François Truffaut en 1959 ou dans Allons z'enfants d'Yves Boisset vingt-deux ans plus tard. Acteur de cinéma, certes, mais de télévision également. Comme dans la mini-série Sam, le pion de Patrice Martineau en 2002. Auteur de nombreux documentaires dont une bonne partie consacrée à la politique, a également réalisé un certain nombre de téléfilms ainsi que deux longs-métrages cinématographiques. Nuit d'or, donc, ainsi que Des feux mal éteints en 1994. Concernant le premier des deux, l'arrivée de Serge Moati dans le septième s'exprimait en grandes pompes en cette année 1976 qui vit les sorties de La meilleure façon de marcher de Claude Miller, de L'alpagueur de Philippe Labro, du Juge et de l'assassin de Bertrand Tavernier, du formidable Le Locataire de Roman Polanski, de Marie Poupée de Joël Séria ou de Calmos de Bertrand Blier, fils de Bernard Blier que compte justement parmi ses interprètes le long-métrage de Serge Moati. Une œuvre difficile à aborder, il est vrai mais qui au fond, colle assez bien avec l'éternelle ambiguïté que traînait derrière lui l'acteur allemand Klaus Kinski. Ici, l'interprète de cinq des plus grands films et d'un documentaires tous signés de son fascinant compatriote Werner Herzog entre 1972 et 1999 incarne Michel Fournier, membre d'une riche famille laissé pour mort mais revenu pour se venger de ceux qui avaient prévu de le faire assassiner.


Dans une ambiance feutrée, trouble et ''surnaturelle'', Serge Moati convoque pour l'occasion une sacrée brochette d'interprètes. Car outre Klaus Kinski et Bernard Blier (lequel, trois ans avant d'incarner l'inspecteur Morvandieu dans le chef-d’œuvre réalisé par son propre fils, Buffet Froid, interprétait déjà un rôle de flic apparemment inébranlable) l'on retrouve au générique des têtes aussi connues que celles de Charles Vanel, Maurice Ronet, Jean-Luc Bideau chez les hommes et Anny Duperey, Marie Dubois ou Catherine Arditi du côté féminin. Nimbé d'une photographie signée d'André Neau, Nuit d'or s'offre comme une succession de couches de peinture écaillée brisant l'apparente monotonie d'une famille aisée et d'un flic bien sous tous rapports et laissant apparaître une sordide histoire de meurtre. Ou plutôt, de tentative puisque le supposé fantôme de Michel Fournier ne se révélera finalement pas tel que l'on pouvait le supposer mais de retour après que son assassin supposé ait avoué n'avoir pas eu le courage de le tuer. Le mystère d'une œuvre provient, parfois, d'idées saugrenues plus que de l'atmosphère qui s'en dégage. Si dans le cas de Nuit d'or émane un climat pesant, brumeux et à la limite du rêve et plus certainement du cauchemar, la mise en scène, l'interprétation et le scénario restent sans doute les éléments les plus mystérieux de cette histoire qui de nos jours ne passionnera sans doute que les fans de fantastique à la française parmi les plus scrupuleux ! Dans un style théâtrale parfois très pompeux (l'incarnation hystérique de Klaus Kinski), Serge Moati signe une œuvre prédisposée à encadrer une soirée consacrée au cinéma hexagonal dans ce qu'il peut avoir de plus auteurisant. Chiant pour les uns, attractif pour les autres, on ne saisit pas forcément tout ce qu'il est pourtant important de savoir au sujet de ses personnages ou de l'intrigue. Reste que Nuit d'or demeure une expérience très particulière englobant tour à tour rejet et fascination. Ce que l'on a coutume de nommer Objet Filmique Non Identifié...

 

jeudi 23 mars 2023

Alice ou la dernière fugue de Claude Chabrol (1977) & Le secret derrière la porte de Fritz Lang (1947)

 


 

S'il est bien connu que le réalisateur français Claude Chabrol vouait une véritable adoration pour le britannique Alfred Hitchcock, le grand public sait peut-être moins qu'il admirait également d'autres cinéastes. Et parmi lesquels, l'allemand Fritz Lang auquel il rendait hommage ici en lui dédiant en 1977 l'étrange Alice ou la dernière fugue. Œuvre très particulière dans la filmographie de l'auteur de Que la bête meure ou de La cérémonie. À tel point que l'on n'y retrouvait pas vraiment la marque de fabrique de celui qui mit un point d'honneur à égratigner la bourgeoisie provinciale hexagonale. L'un des films de chevet de Claude Chabrol demeurant Le secret derrière la porte réalisé trente ans auparavant par l'auteur de M le maudit ou de Metropolis, il est tout d'abord amusant de noter le rapport qu'entretiennent les affiches respectives des deux longs-métrages qu'il s'agit ici d'évoquer. Cette posture féminine, bras ouverts et visages marqués par une certaine forme d'inquiétude, la première des silhouettes semblant alors se calquer sur la seconde. Comme d'autres avant et après lui, Claude Chabrol aura-t-il eu avant tout lui aussi l'idée d'exploiter la beauté toute naturelle de l'actrice et mannequin néerlandaise Sylvia Kristel, connue pour avoir incarné à cinq reprises le personnage d'Emmanuelle au cinéma ? La réponse est oui, définitivement. Trois ans après son compatriote Jean-Pierre Mocky et son Un linceul n'a pas de poche de joyeuse mémoire, Claude Chabrol invite donc Sylvia Kristel a franchir le pas d'un univers dont les barrières végétales vont contraindre la jeune Alice à demeurer un temps indéfini sur une propriété appartenant à un certain Henri Vergennes (l'acteur Charles Vanel). Un prénom et un univers qui appuient très fortement sur la corrélation qui existe entre le film et le roman de Lewis Carroll, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles.
Et comme si cela ne suffisait pas, Claude Chabrol offre à son personnage féminin le même patronyme que l'auteur du dit roman (en lieu et place de Liddell dans cette même œuvre littéraire), histoire qu'il n'y ait plus aucun doute ! Alors oui, le réalisateur français finira par effeuiller la belle néerlandaise mais surtout, il lui offrira l'un de ses plus beaux rôles puisque Sylvia Kristel porte quasiment sur ses seules épaules l'intrigue toute entière de cette
Alice ou la dernière fugue hors du commun. Parions d'ailleurs que si le film avait été interprété par Régine ou Jackie Sardou, notre attention aurait sans doute été moins absorbée par l'héroïne que sur ce récit relativement porté sur le contemplatif. C'est qu'il ne s'y passe pas grand chose durant une grande partie de l'intrigue, telle est la chose qu'il faut retenir. Dans un récit où les rencontres sont rares mais particulièrement énigmatiques (d'André Dussolier à Thomas Chabrol en passant par François Perrot ou Jean Carmet) et où les explications se concentrent dans les tout derniers instants, que conserverons-nous de cette aventure qui n'a que peu de rapport avec l'habituel univers Chabrolien de son auteur ? Une promenade surréaliste au cœur d'un édifice qui recèle des secrets sous une forme pourtant nettement moins fantasmagorique que l’œuvre littéraire dont il emprunte le personnage d'Alice. Bien que n'apportant que très peu d'eau à son moulin durant une bonne partie du récit, Alice ou la dernière fugue mérite que l'on s'y attarde, ne serait-ce que pour la seule présence de l'actrice néerlandaise, pour cette approche inédite du fantastique chez Claude Chabrol, pour ces quelques visions bricolées avec les moyens du bord donnant à l'ensemble un cachet bien spécifique (les images déformées accompagnant l'héroïne), pour son atmosphère tantôt vaporeuse, tantôt inquiétante mais aussi pour son final percutant et en définitive, parfaitement logique...


Maintenant, observons un instant de silence religieux avant d'entamer la projection du Secret derrière la porte de Fritz Lang, génie de l'expressionnisme allemand qui aux côtés, et pour ne citer que les plus célèbres, de Freidrich Wilhelm Murnau (Nosferatu le vampire en 1922) et Robert Wiene (Le Cabinet du docteur Caligari en 1920), offrit ses lettres de noblesse à un courant aux atours fantastiques qui influença et continue d'influencer tout un pan du septième art... Remontons donc trente ans en arrière avant la sortie d'Alice ou la dernière fugue pour comprendre pourquoi cette passion de Claude Chabrol pour le réalisateur allemand et pourquoi spécifiquement pour cette œuvre ci. L'on passe de la couleur au noir et blanc avec, pour commencer, un générique des plus classique contrairement à celui d'Alice dont le déroulement ressemblait à ceux qu'il est coutume de voir afficher en conclusion de n'importe quel long-métrage (avec le recul, on pouvait d'ailleurs y déceler d'emblée un indice nous aiguillant sur le funeste destin de son héroïne). ''Les Potter vous ont invitée au Mexique, allez-y. Ce sera votre dernière fugue...''. C'est en ces termes que le collaborateur (l'acteur James Seay dans le rôle de Bob Dwight) du frère de l'héroïne Celia Lamphere récemment disparu conseille à la jeune femme de partir quelques temps avant de prendre diverses décisions quant à l'avenir de l'entreprise familiale. Nouvelle connexion entre l’œuvre de Fritz Lang et celle de Claude Chabrol.
Ici, le faste de la mise en scène où les reliquats de l'expressionnisme allemand se répercutent sur les jeux d'ombres et de lumières tranchent avec le minimalisme de
Alice ou la dernière fugue. Si ce dernier débutait par une rupture, Le secret derrière la porte, lui, s'ouvre sur une union. Celle de la jeune beauté qui pour l'instant se fait appeler Celia Barrett avant qu'elle ne devienne Madame Lamphere en épousant Mark Lamphere, un homme qu'elle rencontrera lors de sa visite au Mexique. Mais j'en vois déjà certains s’interroger sur le nom même de ce personnage dont l'attitude s'avérera rapidement étrange. On pourrait accorder à Fritz Lang une certaine malice en usant d'un patronyme dont le sens est chez nous phonétiquement double comme le fera d'ailleurs beaucoup plus tard le réalisateur Alan Parker avec son cauchemardesque Angel Heart dans lequel l'acteur Robert De Niro interprétera le rôle de Louis Cyphre (Lucifer, avec l'accent anglais) ! Pourtant, la version originale tend à démontrer que la chose n'est que pur hasard. Cela discrédite-t-il pour autant l'impression incommodante que l'on ressent devant l'attitude étrange du personnage de Mark Lamphere (L'enfer) qu'incarne l'acteur britannique Michael Redgrave ?


Interprétée par la magnifique actrice américaine Joan Bennett, Celia n'est au départ que l'une des figures cinématographiques de l'une des épouse de Barbe Bleue, personnage imaginaire emprunté au conte de Charles Perrault La Barbe Bleue (édité en 1697) mais néanmoins inspiré à l'écrivain français par le roi d'Angleterre Henri VIII qui non content de porter lui-même la barbe (rousse cette fois-ci), fit exécuter deux des six femmes qu'il épousa. Le cadre de l'immense demeure servant de décor au long-métrage de Fritz Lang est un personnage à part entière. Avec ses chambres reconstituant des faits marquants et particulièrement sordides, et notamment celle que refuse d'ouvrir à quiconque et pas même à Celia l'époux tant admiré. Le secret derrière la porte arbore à travers les décors, la passion amoureuse de ses deux principaux protagonistes et la bande musicale du hongrois Miklós Rózsa, des atours romanesques auxquels l'allemand injecte une forte dose de suspicion à laquelle n'est sans doute pas demeuré insensible Claude Chabrol. Au delà même de cette chambre qui semble enfouir un secret si terrible que Mark s'emporte à la seule évocation de l'ouvrir au regard de son épouse, c'est bien ce personnage lui-même énigmatique qui façonne le côté angoissant du récit.
Collectionneur de scènes de crimes ambigu, Fritz Lang en rajoute une couche avec le personnage de David (Mark Dennis), fils de Mark et d'une épouse disparue, un adolescent glaçant dont la personnalité paraît tout aussi préoccupante que celle de son propre père. Durant sa carrière, Fritz Lang aura mis en scène autant de criminels que d'innocentes victimes accusées à tort ou à raison. Avec un réalisme sociologique qui parfois donna des frissons dans le dos (
Furie en 1936 et sa traque du héros par une foule déchaînée ou L'Invraisemblable Vérité en 1957 qui à n'en point douter inspira probablement le troublant La vie de David Gale que réalisa Alan Parker quarante-six ans plus tard), le réalisateur exilé sur le territoire américain depuis huit ans signait avec Le secret derrière la porte une œuvre parfois suffocante, étouffée sous des lambris d'aspect gothique et sous une lumière nocturne renvoyant parfois aux grandes heures du cinéma d'épouvante britannique. Si l'on s'attend à une découverte sans surprise une fois la clé introduite dans la serrure de la fameuse chambre, la stupéfaction, en réalité, n'en sera que plus grande. La force du scénario écrit par Silvia Richards sur la base du roman Museum Piece No. 13 de Rufus King est en tout point remarquable, servi par une interprétation tout aussi admirable et par la mise en scène sans faille du réalisateur allemand...

 

mercredi 12 octobre 2022

Si le soleil ne revenait pas de Claude Goretta (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si Le soleil ne revenait pas... Derrière cette phrase aussi poétique que préoccupante se cache tout d'abord un roman de l'écrivain et poète suisse Charles Ferdinand Ramuz datant de 1937. Année même lors de laquelle se déroulent de curieux événements se situant dans le petit village de Saint-Martin-en-Haut localisé à 730 m d’altitude dans le département du Rhône en région Auvergne-Rhône-Alpes. C'est là que le vieux guérisseur Antoine Anzevui va un jour faire une terrifiante prédiction reposant sur des calculs qu'il confiera à l'un de ses patients : Prédisant qu'au prochain printemps le soleil ne reviendra pas, l'homme jette la torpeur et l'inquiétude parmi les villageois qui avec effroi vont attendre ce jour fatidique où l'obscurité s'imposera définitivement au sein du village mais également de la planète toute entière... Derrière ce sujet ô combien fascinant se cache également une adaptation signée du réalisateur, scénariste et producteur suisse Claude Goretta, surtout connu pour avoir rendue célèbre l'actrice Isabelle Huppert avec La dentellière en 1976 que pour avoir mis en scène Si Le soleil ne revenait pas, œuvre dont l'austérité ne quitte pas un seul instant ses personnages et cette région où le village est implanté entre deux flancs de montagnes empêchant les rayons de soleil de baigner les lieux de sa clarté. Sous un décor enneigé et une brume presque permanente offrant parfois une aura quasi mystique, le long-métrage de Claude Goretta repose sur un rythme et une ambiance propre à ces villages d'antan où le temps semblait s'être suspendu. Charles Vanel, qui endossa le costume du détective Alfred Fichet dans Les diaboliques d'Henri-Georges Clouzot, celui du faux dur à cuir Jo dans Le Salaire de la peur du même réalisateur ou l'horrible professeur Brézé dans Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio est ce prédicateur/guérisseur qui après de savants calculs va prédire ce que l'on pourrait considérer comme la fin du monde et de toute trace de vie sur la Terre. Face à lui des habitants désemparés mais visiblement près à accepter leur sort...


Parmi eux s'en trouve un qui n'acceptant pas de laisser derrière lui le moindre bien à Satan a choisi de tout vendre et d'en boire le bénéfice ! Cet homme, c'est Arlettaz. Personnage détruit par l'alcool et par la disparition de sa fille qu'il désespère jour et nuit de retrouver. Est-elle morte ou a-t-elle simplement choisi de quitter cette existence d'austérité ? Le film semble conserver une certaine ambiguïté à ce sujet. Se soutenant les uns les autres jusqu'à ce jour ultime prédit par le vieil Antoine Anzevui, il en est également une qui elle a choisi de garder l'espoir. Elle, c'est Isabelle Antide qu'interprète l'actrice Catherine Mouchet. Véritable bouffée de chaleur dans un contexte relativement sinistre, aussi froid que le blanc manteau qui recouvre les toits et les chemins de terre du village de Saint-Martin-en-Haut ! L'on retrouve l'ambiance calme mais parfois troublante des superbes Retour de Martin Guerre de Daniel Vigne et de Cœur de verre de l'allemand Werner Herzog. Cette âpreté et cette rudesse qui n'appartiennent qu'aux habitants isolés des campagnes ou ici des montagne n'ayant visiblement aucun relais avec le monde extérieur. D'où ces croyances qui remontent aux temps ancestraux, ces pratiques de prescience reposant sur un seul homme faisant office de médecin guérisseur et de propagateur de mauvaises nouvelles (sa prédiction survenant au moment même où le prêtre interprété par René Bériard annonce qu'il ne reviendra pas au village avant le printemps prochain). Une chape de plomb enveloppe littéralement le village, ses habitants ainsi que le récit. Suspendant le temps au rythme des dialogues et d'une mise en scène languissante (prenant parfois le temps de filmer toute une série de visages comme l’examen d'une toile peinte par un artiste), l’œuvre est portée par l'angoissante et minimaliste partition d'Antoine Auberson, l'optimisme de Catherine Mouchet/Isabelle Antide et par le visage marqué par les excès du toujours habité Philippe Léotard qui interprète le personnage d'Arlettaz. Une œuvre envoûtante, prise dans un étau où l'optimisme le dispute au pessimisme. Des deux, lequel l'emportera ? Seule la fin du récit nous le dira...

samedi 19 novembre 2016

Tintin et le Mystère de La Toison d'or de Jean-Jacques Vierne (1961)



Au château de Moulinsart, le capitaine Haddock reçoit un courrier lui signifiant la mort de son très viel ami, le loup de mer Themistocle Paparanic, lequel lui a laissé en héritage la Toison d'Or, un vieux rafiot baignant dans les eaux du port d'Istanbul. Tintin, Milou et le capitaine se rendent donc à l'étranger, et ce dernier prend possession de son bien. Mais très vite, un certain Anton Karabine lui propose de racheter la Toison d'Or au prix de 400 000 livres turques. Devant le refus du capitaine, l'homme lui propose cette fois-ci la somme de 600 000 livres turques. Puis encore plus tard, 900 000. Autant d'argent pour une vieille bicoque, Tintin et le Capitaine Haddock s'étonnent d'un tel engouement de la part de cet étrange homme d'affaire.
Afin d'en savoir un peu plus sur la Toison d'Or, Tintin et le capitaine mènent l'enquête et partent retrouver les anciens compagnons de Themistocle Paparanic. De plus, ils apprennent que celui-ci a, plusieurs années auparavant, provoqué un coup d'état au Tétaragua en compagnie de plusieurs amis.
Avant d'avoir été chassés du pays, lui et quatre autres hommes ont vidé les coffres de la Banque Centrale puis se sont enfuis. Lors de leur enquête, Tintin et le Capitaine rencontrent chacun à leur tour les compagnons de Themistocle Paparanic. Malheureusement pour eux, ils tombent un à un, assassinés par des bandits qui en veulent à la Toison d'Or...

Les Aventures de Tintin fait très certainement partie des bandes dessinées les plus célèbres au monde. La série créée par le dessinateur belge Georges Remi (plus connu sous le nom de Hergé) a en effet été traduite dans plus de quatre-vingt langues et dialectes et s'est écoulée à plus de deux cent trente millions d'exemplaires dans le monde. Tintin et le Mystère de La Toison d'or fut le second long-métrage à voir le jour après une adaptation du Crabe aux Pince d'Or en 1947. A la différence des bandes dessinées qui seront adaptées plus tard pour la télévision et le cinéma, celui-ci a été réalisé par le réalisateur français Jean-Jacques Vierne sous la forme d'une œuvre cinématographique interprétée par de véritables acteurs. Un peu comme le seront beaucoup plus tard les mangas-lives au Japon. Film en prises de vue réelles donc, Tintin et le Mystère de La Toison d'or est une sympathique petite aventure qui, si elle accuse son âge, demeure tout de même assez réjouissante à suivre. Entre le cabotinage du capitaine Haddock (Georges Wilson), la physionomie et la vigueur de Tintin (Jean-Pierre Talbot), la présence de Milou (le chien Ladeuche), où celles des frères Dupont et Dupond (les frères gamonal) et du Professeur Tournesol (Georges Loriot), on retrouve tous les ingrédients qui forment l'esprit de la bande dessinée. 
 
Tout commence au Château de Moulinsart, scène tournée au château de Villette à Condécourt, situé dans le département du Val-d'Oise. Puis, départ pour la Turquie, dans la célèbre ville d'Istanbul. Plus tard, c'est en Grèce que nos amis partent découvrir le mystère entourant la Toison d'Or. De décors majestueux en traditions, le film a le mérite de nous faire découvrir deux pays à travers des décors entièrement naturels d'une très grande beauté. On assiste en compagnie de Tintin et de ses amis à de nombreuses excursions dans de petits villages typiques, quand ils ne sont pas tout simplement invités à participer à des fêtes locales dépaysantes. Accompagnant le récit, la musique du compositeur, arrangeur et chef d'orchestre français André popp colle parfaitement au récit. C'est une invitation perpétuelle au voyage et au dépaysement. Alors oui, Tintin et le Mystère de La Toison d'or a un peu vieilli, mais le plaisir demeure intact pour qui aime les héros de la célèbre bande-dessinée. Le film donnera naissance à une bande dessinée qui prendre la forme d'un roman-photo reprenant les principaux événements du long-métrage de Jean-Jacques Vierne. A noter que les éditions Karexport (faisant référence à l'entreprise plusieurs fois citée dans le film) a sorti une version BD en noir et blanc non officielle du film en 1996. En 2000, les Éditions Hommage ont réédité l'ouvrage mais cette fois-ci, en couleur. Suivi quatre ans plus tard par une version différente de celle de Karexport et éditée par les Éditions Ectoplasme. En 1963, le réalisateur Pjilippe Condroyer prendra la relève au cinéma avec un autre inédit intitulé Tintin et les Oranges Bleues, lui aussi tourné en prises de vue réelles...

jeudi 14 janvier 2016

Les Diaboliques de H.G. Clouzot (1954)


Christina Delasalle, jeune directrice d'un pensionnat pour garçons, connaît une existence difficile aux cotés de son époux Michel, directeur lui-même, et personnage abominable qui se comporte en véritable despote. Envers sa femme mais aussi sa maîtresse Nicole Horner qui, malgré les rapports qu'ils entretiennent, se rapproche de plus en plus de Christina avec laquelle elle partage une haine profonde pour Michel.

C'est ainsi que Nicole propose à Christina de l'aider à se débarrasser de Michel en le tuant. Mais l'épouse de l'odieux personnage hésite. Faible, la jeune femme est cardiaque et pense aux conséquences que pourrait avoir un tel acte. A force de brimades, la directrice finit somme toute par accepter d'éliminer Michel et les deux femmes profitent du pont qui leur laisse trois jours pour organiser et exécuter leur sombre projet.

Attiré dans un guet-apens, Nicole et Christine y attirent Michel qui ne se doute de rien. Exigeant des explications quant à la fuite de son épouse, celle-ci lui affirme vouloir le quitter. Essayant par tous les moyens de raccommoder leur couple, Michel y parvient presque mais au moment où Christina renverse du vin sur le costume de Michel que ce dernier retrouve sa vraie nature. Il gifle Christina qui lui sert finalement l'alcool qu'elle s'était presque promise de lui refuser : Un vin rouge dont la bouteille a été préalablement mélangée à un somnifère puissant. Après trois verres, l'homme s'endort et c'est ainsi que Nicole débarque dans la pièce. Elle tente de raisonner Christina qui manque de s'endormir et les deux femmes alors portent le corps de Michel qu'elles placent au fond de la baignoire remplie d'eau...

Extraordinaire film à suspens, Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot vaut pour son implacable scénario qui se distille dans un climat trouble durant presque deux heures. Pourtant, ce qui fait habituellement l'une des forces d'un film au suspens aussi tangible, c'est sa bande-son. La partition musicale des Diaboliques dure pourtant moins de cinq minutes et n'accompagne que les génériques de début et de fin. C'est dire si la mise en scène et le jeu des acteurs (formidables Simone Signoret, Paul Meurisse, Véra Clouzot et Charles Vanel) est remarquable. Pas un seul air pour accompagner l'angoisse qui sourde durant les moments les plus important de la machination orchestrée par Nicole et Christina, mais une véritable ambiance distillée au compte-goutte et qui verse même parfois dans une épouvante du plus bel effet.

Film à tiroirs, Les Diaboliques nous plonge au cœur d'un projet que l'on partage volontiers avec celles qui l'ont organisé. Rarement l'on aura vu un personnage aussi détestable que celui interprété par Pau Meurisse. De quoi nous faire accepter un peu plus facilement le sort qui lui est destiné.

Vera Clouzot, jeune actrice d'origine brésilienne et épouse du cinéaste H.G Clouzot, meurt d'une crise cardiaque en 1960, de cette même maladie qui toucha par le passé (comme on l'apprend au cours du film), le personnage qu'elle interprète ici. Simone Signoret, déjà, hante le plateau de sa présence. Son regard et son grain de voix si caractéristique imprègnent la pellicule.

Finalement, ce pur chef-d’œuvre du cinéma français souffre d'un seul défaut., et non des moindres. La construction même de son intrigue et le twist final font qu'une seconde vision n'a pas vraiment d'intérêt dès lors que l'on a assisté une première fois au terrible et à l'implacable dénouement.
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