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mercredi 30 octobre 2019

Tenue de Soirée de Bertrand Blier (1986) - ★★★★★★★★☆☆



Planté comme un furoncle au beau milieu du paysage français en cette année 1986, entre le Mocky de La Machine à Découdre, le Veber des Fugitifs (également interprété par Gérard Depardieu en compagnie de l'irrésistible Pierre Richard), le Jean-Marie Poiré de Twist Again à Moscou ou le Bernard Nauer de l'assez vulgaire (et beaucoup moins bon que la pièce de théâtre qui en est à l'origine) Nuit d'Ivresse, le dixième long-métrage du réalisateur, scénariste, écrivain et fils de l'immense Bernard Blier, Bertrand de son prénom, devait précéder une certaine rupture dans la continuité, sans doute entamée deux ans auparavant avec Notre Histoire. Dans une veine similaire aux quelques films cultes qui ont firent sa renommée (et que je ne ferai l'affront à personne de citer), Tenue de Soirée est l'un des longs-métrages les plus acerbes, frondeurs, libres et radicaux de leur auteur. Drôle, tendre, parfois très osé dans sa forme et dans le fond, il ne s'agit assurément pas du dernier grand film de Bertrand Blier, mais sans doute celui qui dans la course effrénée à laquelle le réalisateur semble vouloir se raccrocher, est de ceux qui demeurent indissociables de ses première et brillantes tentatives dans le domaine de la comédie.

Si évidemment les plus coutumiers du cinéaste reconnaîtront ici l'immense valeur de son écriture, Bertrand Blier a aussi une nouvelle fois su s'entourer des plus grands. Qu'ils agissent à l'écran en tant que principaux interprètes, ou qu'ils ne nous honorent de leur présence que pour un trop court instant (Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer, Mylène Demongeot ou bien Jean-François Stévenin), chaque apparition à l'écran est un moment de pure magie voluptueuse et incisive que l'on ne retrouve que très rarement chez d'autres cinéastes français. Du moins, rares sont ceux bénéficiant d'une écriture aussi mordante et maîtrisée.

''Pauvre type, espèce de con, t'es vraiment rien qu'une merde...''
Monique (Miou-Miou) à Antoine (Michel Blanc)

... Bertrand Blier a l'art et la manière de faire entrer ses personnages en scène. Ici, une salle de bal où dansent quelques couples sur un air d'accordéon et en arrière-plan, un autre, isolé, et au bord de la rupture. Entre une Monique qui ne supporte plus ses conditions d'existence et Antoine, son homme, qui dans l'esprit, rêve sans doute encore pour longtemps de vivre d'amour et d'eau fraîche. Puis débarque Bob. Premier contact, une gifle. Celle que se prend Monique. Les choses sont d'ors et déjà mises en place. D'un côté l'amoureux transit, de l'autre, la brute épaisse, ancien taulard, cambrioleur à ses heures. Et puis Monique, la troisième roue. Celle que veut à tout prix conserver auprès de lui Antoine mais dont Bob aimerait bien se défaire...

Car au delà des rapports complexes qui vont être bientôt mis en place dans ce trio on ne peut plus discordant, Bertrand Blier réinvente les codes du romantisme à sa sauce pour un résultat inédit et haut en couleurs. Si de prime abord, les dialogues échouent entre les lèvres des interprètes comme un assemblage (sophistiqué) de termes propre aux charretiers, il n'en demeure pas moins qu'il se dégage de Tenue de Soirée, une très grande poésie. Des dialogues sur lesquels pose surtout son incroyable timbre, un Gérard Depardieu au sommet de son art. Ses deux complices et lui participent à un étrange numéro qui, même s'il a un peu de mal à être aussi rondement mené que LE chef-d’œuvre de Bertrand Blier, Buffet Froid, demeure une expérience de cinéma rare, portée par un jeu d'acteur sublime et des dialogues au diapason. Plus encore qu'une succession de scènes à la cohérence qui pour un néophyte pourrait paraître douteuse, le découpage et le scénario de Tenue de Soirée recèlent une richesse évocatrice incroyable. Car le réalisateur ne se contente pas d'une simple accumulation de séquences portées uniquement sur les bons mots de son propre cru. Non, Bertrand Blier ose avec intelligence aborder des sujets de fond tels que la prostitution, la solitude, le désespoir, mais aussi l'amour et l'amitié. Tout ceci, bien entendu, sous un angle qui n'appartient qu'à lui. Un grand ''Putain de film'' qui aura révélé au public, un Michel Blanc formidable et surtout très largement éloigné des rôles qu'il tenait jusqu'à maintenant...

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