Il s'en passe des choses
dans cette seconde aventure du réalisateur et scénariste Francis Veber offerte au
duo formé par Gérard Depardieu et Pierre Richard. Bien différents
des personnages qu'ils incarneront trois ans plus tard tout en
conservant malgré tout le nom de leur personnage respectif, les deux
interprètes des Compères
s'avèrent être un mélange entre ceux qu'ils furent dans La
Chèvre
et ceux qu'il deviendront quelques années plus tard dans Les
Fugitifs.
Après avoir incarné le détective Campana dans le premier volet de
la trilogie Veber/Depardieu/Richard et avant son rôle d'ancien
braqueur récemment libéré dans le dernier, Gérard Depardieu campe
cette fois-ci le journaliste Jean Lucas, lequel profite de son séjour
à Nice pour rechercher Tristan, un adolescent de dix-sept qui s'est
enfui du domicile familiale et que la mère (interprétée par
l'actrice Anny Duperey) fait passer pour le propre fils du
journaliste afin qu'il accepte de l'aider à retrouver son enfant. Un
mensonge qu'elle tente également de faire gober à François Pignon,
un instituteur au chômage, dépressif, et qui n'a actuellement rien
de mieux à faire que de se lancer lui aussi à la recherche de celui
qu'il croit désormais être son fils...
Si
Gérard Depardieu conserve à peu de choses près le même
tempérament à travers chacun des segments de la trilogie, le
personnage qu'interprète Pierre Richard est lui, plus nuancé.
Convaincu d'être le chef des opérations devant mener à la
localisation d'une jeune fille de PDG kidnappée dans La
Chèvre,
il passait dans Les Fugitifs
pour un pauvre bougre avec lequel la vie n'était pas
particulièrement tendre (veuf, sans emploi, et père d'une petite
fille muette qui lui sera enlevée par les services sociaux, avouez
que l'on peut rêver mieux comme existence...). Avec Les
Compères,
Francis Veber mixe les deux personnages alors même que celui des Fugitifs
fait encore partie du futur (le film ne sera en effet tourné que
trois ans plus tard). En milieu de parcours, l'acteur campe donc un
individu dépressif convaincu d'être le père d'un jeune fugueur.
C'est donc ainsi que l'on remarque la lente transformation de
François Pignon, passant du type pleurant parce qu'un serveur a
oublié une fois encore d'ajouter de la crème dans son café, au
gars près à en découdre avec un chef de bande particulièrement
dangereux. Ce dernier, incarné par le rouquin Patrick Blondel (ça
ne s'invente pas) exhibe effectivement très régulièrement son
couteau à cran d'arrêt. Le rôle de père lui donne donc des ailes et le
voir se sentir assez fort pour se confronter à une bande de blousons
noirs est relativement jouissif et rappelle, toutes proportions
gardées, la prétention du personnage qu'il interprétait parfois
dans La Chèvre
(on se souvient notamment de la séquence à l'aéroport d'Orly
l'opposant à l'excellent Michel Fortin...).
Parmi
les seconds rôles, nous retrouvons notamment les acteurs Michel
Aumont, père ''officiel''
du jeune Tristan incarné par Stéphane Bierry. Maurice Barrier, dans
le rôle d'un propriétaire d’hôtel particulièrement antipathique
(acteur qui apparaîtra également dans celui du commissaire Duroc
dans Les Fugitifs).
Quant à Philippe Khorsand et Jean-Jacques Scheffer, est-ce le fruit
du hasard ? Toujours est-il que leur double rôle d'hommes de
main de Rossi, un mafieux, rappelle ostensiblement celui
qu'interprétèrent Maurice Barrier et Jean Chaulnier dans Le
Grand Blond avec une Chaussure Noire
(Chaperon et Poucet), ainsi que Henry Guibet et Hervé Sand dans la
suite elle-même réalisée par Yves Robert, Le
Retour du Grand Blond
(Charmant et Prince). S'agirait-il d'un hommage appuyé ? Comme le premier et le troisième, ce second
volet de la trilogie Veber/Depardieu/Richard est une excellente
surprise, bourrée de répliques cultes et de séquences jubilatoires
(Maurice Barrier recevant la visite des multiples ''père''
de Tristan, la scène de la station-service, celles de la patinoire,
etc...). Trente ans après, Les Compères
n'a pas perdu de son charme et demeure l'une des toutes meilleures
comédies françaises des années quatre-vingt dont se sont évidemment emparés
les américains puisqu'un remake fut réalisé par Ivan Reitman en
1997 sous le titre Drôles de Pères (Father's
Day)
avec dans les principaux rôles, Robin Williams et Billy Crystal.
Inutile de préciser que la version de Francis Veber demeure la
meilleure...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire