En 1972, Georges Lautner
réalise Quelques Messieurs trop Tranquilles
adapté du roman La
nuit des grands chiens malades
d'Alain Dreux-Gallou sorti pour la première fois chez Gallimard dans
la collection « Série
Noire ».
Pour son vingtième longs-métrages, l'auteur du Monocle
Noir et
de ses suites se réserve un espace de détente et de liberté dans le village bien
réel de Loubressac dans le département du Lot. C'est là-bas que
vivent le patron d'une épicerie Julien Michalon, l'instituteur
Peloux, Arsène Cahusac l'adjoint au maire ET fossoyeur au cimetière
du village, l'agriculteur Adrien Perrolas et Paul Campana, le
garagiste. Une bande de copains qui, il faut l'avouer, s'ennuient à
mourir à Loubressac où il ne se passe pas grand chose. Mais comme un signe du
destin, voilà que vient s'installer dans un champ de la commune, une
bande de hippies à la tête de laquelle un américain prénommé
Charles semble être le leader. Très vite découragés par Peloux et ses amis, les nouveaux venus déménagent et
s'installent ensuite sur les terres d'une comtesse qui voit d'un
mauvais œil leur arrivée. Du moins, jusqu'à ce qu'elle apprenne le
retour prochain de Gérard Lorrain, un ancien détenu qui vient de
passer cinq années derrière les barreaux et qui pourtant, malgré
tout ce temps passé à l'ombre, à loué le château de la comtesse.
Peu à peu, Julien, Adrien, Arsène et les autres s'attachent à
cette communauté qui vit dans d'étranges constructions,
contrairement à Lorrain qui dès son arrivée tente de se
débarrasser des nouveaux venus installés sur « son »
terrain...
Film
en totale roue libre, Quelques Messieurs trop
Tranquilles
est une comédie surréaliste pour laquelle le cinéaste s'est
totalement lâché. Le casting y est des plus hétéroclite : Au
sommet, on retrouve la toujours fringante Renée Saint-Cyr, tandis
qu'au village, Jean Lefebvre, Michel Galabru, Paul Préboist, Henri
Guybet et Bruno Pradal se partagent la vedette. Débarquent alors une
tribu de onze individus à la tête desquels on retrouve l'acteur
américain Charles Southwood. Parmi ses ouailles se présente la
toute jeune Miou-Miou dont la carrière n'a débuté que deux ans
auparavant mais qui ne sera véritablement lancée qu'à
partir de 1974 et son interprétation dans le mythique Les
Valseuses
de Bertrand Blier.
Que
dire si ce n'est que Quelques Messieurs trop
Tranquilles
est assez ahurissant. Le scénario y semble anarchique, brouillon,
Georges Lautner ne semblant jamais véritablement tenir les rennes
d'un récit casse-gueule qui tient pourtant on ne sait par quel
miracle. Le film mélange pêle-mêle comédie et policier, on y
trouve une vieille comtesse un brin acariâtre, un ancien taulard
accompagné de ses sbires et de deux sauterelles à bord d'une
Cadillac rose, un mort suspendu au beau milieu d'une falaise, un
cadavre exhumé et éventré au cimetière, des hippies motorisés
vivants dans de curieux igloos, un flic retors et envahissant, et
même une intrigue tournant autour du château. André Pousse incarne
Gérard Lorrain, cet ancien détenu plutôt antipathique. Quelques
Messieurs trop Tranquilles
est très certainement l'occasion pour Georges Lautner de faire la
critique d'une société rurale pas encore tout à fait prête à
accueillir chez elle des chevelus dont la « couleur »
tranche radicalement avec celle de ses habitants. Le film a pas mal
vieilli et l'on n'en conservera que quelques souvenirs, telle la
poursuite entre les hommes de main de Lorrain et Campana le
garagiste. Pour le reste, Quelques Messieurs trop
Tranquilles
est une petite comédie amusante et loufoque dont l'intérêt se sera
émoussé avec le temps...
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