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mercredi 13 mars 2019

La Corta Notte Delle Bambole Di Vetro de Aldo Lado (1971) - ★★★★★★★☆☆☆




Étrange que ce La Corta Notte Delle Bambole Di Vetro de l'italien Aldo Lado. Ni tout à fait un giallo, ni complètement policier, cette œuvre troublante réalisée en 1971 sort des sentiers battus. Tout d'abord parce que son héros, un certain Gregory Moore (l'acteur français Jean Sorel) enquête sur la disparition de sa petite amie lors d'un long flash-back alors même que dans le présent, il se situe à la lisière de la mort, entre son statut de cadavre et la choquante réalité qui veut qu'il soit en réalité plongé dans un état de catalepsie lui conférant l'apparence d'un homme mort.
C'est ainsi que l'on suit à travers lui, le calvaire d'un homme incapable de faire comprendre autour de lui qu'il est bien vivant. Et même si aucun signe tangible ne vient corroborer ce fait (même son cœur a cessé de battre), il va mettre à profit le peu de temps qui lui reste pour se remémorer les derniers jours. Car il a perdu la mémoire. Tout juste se souvient-il de Mira Svobova, la petite amie en question. Tout juste se souvient-il également de l'enquête qu'il a mené. Et même s'il ne se souvient pas de sa conclusion, les souvenirs peu à peu, refont surface. Et la vérité, telle que le cinéaste Aldo Lado va nous la révéler, va se montrer particulièrement glaçante dans ses derniers instants.

Plus connu chez nous sous le titre Je Suis Vivant, La Corta Notte Delle Bambole Di Vetro flirte avec le fantastique sans jamais véritablement sortir de son carcan réaliste. Quoique, en terme de réalisme, la réalisation demeure plutôt étrange. Des éléments en pagaille viennent étayer l'impression de surnager dans une œuvre surréaliste qui trouble tous les points de repères habituels. Un scénario sans véritable fil d’Ariane. Des interprètes tellement curieux (le germano-suisse Mario Adorf ou la suédoise Ingrid Thulin) qu'on finit par soupçonner tout le monde. Même jusqu'au médecin qui tente de pratiquer des secours un peu tardif sur un Gregory supposé décédé.

Même si l'on devine assez rapidement la conclusion à venir, le spectacle qui nous est proposé dans le dernier acte dépasse de loin tout ce que l'on a vu jusqu'à maintenant. Une orgie gériatrique qui préfigure un sabbat démoniaque censé permettre aux membres d'un club tous d'un certain âge, de vivre au delà des limites imposées par la nature et ce, grâce à l'implication de jeunes femmes. Dont la jolie Mira (Barbara Bach) aura sans doute fait les frais.
La Corta Notte Delle Bambole Di Vetro aurait pu se contenter de clore son intrigue sur cette vision déjà fort incommodante, mais c'était sans compter sur cette question latente qui demeure dès les premiers instants durant lesquels le corps de Gregory est envoyé à la morgue : va-t-il être pouvoir sauvé du sort terrible qui l'attend ? Aldo Lado nous offrira une réponse hallucinante durant les dernières minutes.

Œuvre italo-germano-yougoslave et à laquelle participe donc l'acteur français Jean Sorel, La Corta Notte Delle Bambole Di Vetro demeure une très belle réussite qu'un doublage dans la langue de Molière aura malheureusement souillé du peu de talent dont ont fait preuve les doubleurs français. Certains personnages s'en sortant encore moins bien que d'autres, le film perd parfois en crédibilité, ce qui n'est heureusement pas à mettre sur le compte des interprètes ni du cinéaste. A noter que la musique du célèbre compositeur italien Ennio Morricone colle parfaitement au sujet et maintient l’œuvre dans une angoisse permanente. Un film à découvrir dans sa version originale donc, pour ne pas avoir à pâtir du médiocre doublage français...

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