Alors qu'en 2015, année
de sortie de Gokudō Daisensō
(Yakuza
Apocalypse),
se profilait pas très loin de là la production du 100ème
long-métrage du cinéaste japonais hyper-prolifique Takashii Miike,
Blade of the Immortal,
il était temps de réinvestir l'univers trop souvent ignoré de l'un
des réalisateurs asiatiques les plus incroyables de l'histoire du
cinéma tous territoires confondus. Et lorsque je dis ignoré, je
veux bien entendu dire en ces pages, celles de Cinémart
qui se sont arrêtéés sur trois de ses œuvres parmi les plus folles.
Koroshiya 1
et Bijita Q
dans un double-article en 2012, et Tera Fômâzu
l'année dernière. Lorsque l'on tourne à la vitesse d'un cheval au
galop, on prend forcément le risque de produire autant de bons films
que de nanars, et malheureusement, Takashi Miike ne déroge pas à
cette règle immuable. Avec Yakuza Apocalypse,
le japonais se situe juste à la limite entre les deux. Pas un navet,
mais pas le meilleur de ce que ses fans sont en droit d'attendre de
la part d'un cinéaste qui une fois encore brasse une légion de
genres pour un résultat iconoclaste.
Véritable
festival regroupant tout ce dont est capable Takashi Miike, pour le
meilleur et pour (dans une moindre mesure) le pire, Gokudō
Daisensō aborde
l'une des thématiques préférées de l'auteur Crow
Zero,
Sabu
ou encore MDP Psycho.
Son personnage principal, au même titre que bon nombre de second
rôles est un yakuza, qui comme son nom ne l'indique pas forcément
au premier abord pour les occidentaux que nous sommes, signifie qu'il
est un membre d'une organisation criminelle s'apparentant à la Mafia
japonaise. Fasciné par son maître et plus puissant yakuza de Tokyo
(lequel est tout d'abord décrit comme le bienfaiteur d'un quartier
pauvre de la ville), Genyo Kamiura (incarné à l'écran par Lily
Franky), Akira Ichihara est l'un de ses plus fidèles lieutenants.
Lorsque Genyo Kamiura est abattu par des membres du Syndicat
du Crime
qui voulait que ce dernier les rejoigne, Akira est mordu par
son maître juste avant que celui-ci ne meure. Genyo Kamiura était non
seulement le plus respecté des yakuzas, mais il était surtout un
vampire qui se nourrissait du sang de certains des habitants du
quartier. Trahi par les siens, Genyo Kamiura transmet donc son
pouvoir à Akira qui ne cherche alors plus qu'à venger sons
maître...
Et
alors là, attention : on ne sait trop ce qui est passé par la
tête du cinéaste ou quel stupéfiant il a pu absorber pour nous
pondre un film aussi fou, mais Takashi Miike y mêle thriller, action
épouvante, fantastique, horreur, comédie et même Kaijū.
Face au héros, une armada d'ennemis constituée de personnages
parfois improbables. Tel des villageois attendant leur mort, faisant
don de leur sang à un Genyo Kamiura pas encore mort mais précédant
cet acte en pratiquant le tricot dans un sous-sol où ils sont
enfermés. Tel aussi ce Kaijū
prenant la forme d'une peluche de grenouille, dont Takashi Miike ose
affirmer qu'elle est la plus puissante ayant jamais existé. Tel cet
hybride, croisement d'un homme et d'un canard dont personne ne
parvient à soutenir la mauvaise haleine. Tel, encore, ce croque-mort
du Syndicat du
Crime
portant sur son dos un minuscule cercueil enfermant un
fusil-électrique ou celui qui l'accompagne généralement, un maître
es combat d'une brutalité hors-norme, incarné ici par l'une des
stars du cinéma indonésien, Yahan Ruhian notamment vu dans The
Raid
et sa suite.
Bien
qu'étant parfois mou du genou avec de très graves baisses de
régime, Gokudō Daisensō
ne peut que réjouir les fans du cinéaste japonais et en rameuter,
pourquoi pas, de nouveaux parmi ses aficionados. Takashi Miike ne
faisant rien comme les autres, il nous propose en outre un final en
queue de poisson précédé d'un duel très largement en dessous de
celui auquel nous aurions aimé assisté. Un jeu de baffes que l'on
aurait préféré être au moins à la hauteur d'un combat opposant
plus tôt le héros Akira au personnage de Mad
Dog,
Kyoken. Une œuvre en demi-teinte mais pourtant fidèle à l'univers
de son géniteur...
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