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lundi 3 décembre 2018

Gokudō Daisensō de Takashi Miike (2015) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alors qu'en 2015, année de sortie de Gokudō Daisensō (Yakuza Apocalypse), se profilait pas très loin de là la production du 100ème long-métrage du cinéaste japonais hyper-prolifique Takashii Miike, Blade of the Immortal, il était temps de réinvestir l'univers trop souvent ignoré de l'un des réalisateurs asiatiques les plus incroyables de l'histoire du cinéma tous territoires confondus. Et lorsque je dis ignoré, je veux bien entendu dire en ces pages, celles de Cinémart qui se sont arrêtéés sur trois de ses œuvres parmi les plus folles. Koroshiya 1 et Bijita Q dans un double-article en 2012, et Tera Fômâzu l'année dernière. Lorsque l'on tourne à la vitesse d'un cheval au galop, on prend forcément le risque de produire autant de bons films que de nanars, et malheureusement, Takashi Miike ne déroge pas à cette règle immuable. Avec Yakuza Apocalypse, le japonais se situe juste à la limite entre les deux. Pas un navet, mais pas le meilleur de ce que ses fans sont en droit d'attendre de la part d'un cinéaste qui une fois encore brasse une légion de genres pour un résultat iconoclaste.
Véritable festival regroupant tout ce dont est capable Takashi Miike, pour le meilleur et pour (dans une moindre mesure) le pire, Gokudō Daisensō aborde l'une des thématiques préférées de l'auteur Crow Zero, Sabu ou encore MDP Psycho. Son personnage principal, au même titre que bon nombre de second rôles est un yakuza, qui comme son nom ne l'indique pas forcément au premier abord pour les occidentaux que nous sommes, signifie qu'il est un membre d'une organisation criminelle s'apparentant à la Mafia japonaise. Fasciné par son maître et plus puissant yakuza de Tokyo (lequel est tout d'abord décrit comme le bienfaiteur d'un quartier pauvre de la ville), Genyo Kamiura (incarné à l'écran par Lily Franky), Akira Ichihara est l'un de ses plus fidèles lieutenants. Lorsque Genyo Kamiura est abattu par des membres du Syndicat du Crime qui voulait que ce dernier les rejoigne, Akira est mordu par son maître juste avant que celui-ci ne meure. Genyo Kamiura était non seulement le plus respecté des yakuzas, mais il était surtout un vampire qui se nourrissait du sang de certains des habitants du quartier. Trahi par les siens, Genyo Kamiura transmet donc son pouvoir à Akira qui ne cherche alors plus qu'à venger sons maître...

Et alors là, attention : on ne sait trop ce qui est passé par la tête du cinéaste ou quel stupéfiant il a pu absorber pour nous pondre un film aussi fou, mais Takashi Miike y mêle thriller, action épouvante, fantastique, horreur, comédie et même Kaijū. Face au héros, une armada d'ennemis constituée de personnages parfois improbables. Tel des villageois attendant leur mort, faisant don de leur sang à un Genyo Kamiura pas encore mort mais précédant cet acte en pratiquant le tricot dans un sous-sol où ils sont enfermés. Tel aussi ce Kaijū prenant la forme d'une peluche de grenouille, dont Takashi Miike ose affirmer qu'elle est la plus puissante ayant jamais existé. Tel cet hybride, croisement d'un homme et d'un canard dont personne ne parvient à soutenir la mauvaise haleine. Tel, encore, ce croque-mort du Syndicat du Crime portant sur son dos un minuscule cercueil enfermant un fusil-électrique ou celui qui l'accompagne généralement, un maître es combat d'une brutalité hors-norme, incarné ici par l'une des stars du cinéma indonésien, Yahan Ruhian notamment vu dans The Raid et sa suite.

Bien qu'étant parfois mou du genou avec de très graves baisses de régime, Gokudō Daisensō ne peut que réjouir les fans du cinéaste japonais et en rameuter, pourquoi pas, de nouveaux parmi ses aficionados. Takashi Miike ne faisant rien comme les autres, il nous propose en outre un final en queue de poisson précédé d'un duel très largement en dessous de celui auquel nous aurions aimé assisté. Un jeu de baffes que l'on aurait préféré être au moins à la hauteur d'un combat opposant plus tôt le héros Akira au personnage de Mad Dog, Kyoken. Une œuvre en demi-teinte mais pourtant fidèle à l'univers de son géniteur...

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