Ramzy Bédia, la moitié
du duo Eric et Ramzy que l'acteur humoriste et réalisateur formait
aux côtés d'Eric Judor aura attendu bien des années avant de
s'affranchir totalement de son binôme avec Hibou,
son second long-métrage après Seuls Two
qu'ils réalisèrent ensemble mais dont il est désormais l'auteur
unique. Un investissement de quatre millions d'euros pour un résultat
avoisinant les quatre-vingt mille entrées sur le seul territoire français.
On pourrait, oui, appeler ça un bide. Le public n'a pas suivi sans
doute à cause d'un manque de promotion mais aussi parce que la
sortie fut contrecarrée par des événements parallèles qui l'ont
alors passé sous silence. Et puis, il y a cette affiche,
significative, mais laissant le public dans l'interrogation. Ce qui
saute très rapidement aux yeux, c'est la grande ressemblance entre
l'univers ici construit par Ramzy Bédia, Fadette Drouard et François
Reczulski avec celui qu'à bâtit, brique après brique, le cinéaste
et compositeur Quentin Dupieux auprès duquel Ramzy Bédia a
justement collaboré sur le très curieux Steak.
Culte pour certains, véritable daube pour d'autres, le film ne
laissait en tout cas pas indifférent. Entre fascination et rejet.
Pas sûr que Ramzy parvienne au même résultat avec Hibou,
et pourtant, dans la peau du cinéaste se mettant lui-même en scène,
il a réussi l'exploit d'aller jusqu'au bout de son idée même si au
final, son film n'a pas tout à fait la même saveur que ceux du
cinéaste auquel il est impossible de ne pas faire la comparaison.
Ramzy
Bédia incarne le personnage de Rocky, un employé de bureau que tout
le monde ignore, à tel point que l'on se demande dans quelle mesure
il ne serait pas transparent. Un soir, à l'issue de sa journée de
travail, il tombe chez lui nez à nez avec un Hibou Grand-Duc qui ne
décollera plus de son salon. Il en parle à ses collègues, ainsi
qu'au propriétaire d'une animalerie qui lui conseille de le nourrir
à l'aide de souris mortes. La présence de l'animal lui donne une
idée. Dès le lendemain, Rocky se présente au travail vêtu d'un
déguisement de hibou. Mais là encore, le monde qui l'entoure
continue de l'ignorer. Personne ne semble s'être aperçu du
changement. Desespéré, il va pourtant faire la connaissance d'une
jeune femme vêtue d'un déguisement de panda avec laquelle il va
sympathiser et surtout, s'affirmer auprès des autres...
Œuvre
particulièrement atypique, Hibou
offre l'occasion à Ramzy Bédia de composer aux côtés d'une Élodie
Bouchez planquée sous le costume du panda. Si l'on ne rit pas aux
éclats, ce qui, je pense, ne faisait de toute manière pas partie
des attentes de l'acteur-réalisateur, il arrive cependant que l'on
sourit, charmés par cette tentative qui ne ressemble pas vraiment au
cinéma pépère et souvent indigent, que le cinéma français, en
terme de comédies, nous sert un peu trop régulièrement. L’œuvre
de Razmy est touchante, poétique, et principalement axée sur son
personnage principal. Un individu naïf dont l'attitude est en total
décalage avec le monde qui l'entoure. Presque une œuvre
« féminine »
qui s'offre parfois des décors rose-bonbon plutôt jolis et des
situation parfois cocasses. Des idées, c'est sûr, Ramzy en a
beaucoup. Si certaines parviennent à faire mouche, ce n'est pas le
cas de l'ensemble dont plusieurs évoquent encore l'immaturité d'un
cinéaste, espérons-le, en devenir. Razmy Bédia s'offre de
sympathiques seconds rôles à l'image d’Étienne Chicot dans le
rôle du propriétaire totalement barré de l'animalerie, Philippe
Katerine dans le rôle du voisin et ancienne gloire de la chanson
française selon Rocky, Francis
Banane,
ainsi que Guy Marchand dans le tout petit rôle du père de Rocky.
L'air
de rien, sous ses airs charmeurs et bucoliques, Hibou
réussit à mettre en évidence le statut des individus effacés et
physiquement marginaux face à l'impérialisme du paraître où
l'apparence et le bagou sont des armes contre lesquelles l'homme
discret l'est tant qu'il en devient invisible. Une jolie surprise qui manque cependant d'ampleur pour convaincre tout à fait...Qui sait, peut-être la prochaine fois ?
hibou, sympa !
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