On pourrait l'imaginer
ainsi, mais l'acteur américano-sud-coréen Steven Yeun n'a pas
directement débuté sa carrière au cinéma en quittant le rôle de
Glenn, le jeune asiatique débrouillard de la série culte The
Walking Dead.
Car si chez nous le spectateur ne fera généralement le
rapprochement entre ce personnage et celui qu'il l'incarna qu'à
travers la série adaptée de la bande-dessinée éponyme créée par
Robert Kirkman, Tony Moore et Charlie Adlard. Les fans se souviennent
sans doute à quel point la disparition de Glenn fut violente. Depuis
sa disparition sur petit écran, Steven Yeun n'a pour autant pas
multiplié les rôles au cinéma. Une poignée de longs-métrages
dont certains demeurent anecdotiques quand d'autres ont fait parler
d'eux (Okja
de Bong Joon-Ho l'année dernière). En 2016, après avoir mis un
terme au personnage de Glenn, Steven Yeun accepte de participer au
long-métrage de Joe Lynch, Mayhem.
En raison de coûts bien moins importants et d'un temps de tournage
plus élastique, le cinéaste choisi de tourner son dernier
long-métrage en Serbie. C'est là-bas donc qu'il réalise ce petit
film d'horreur qui s'inscrit dans une thématique qui n'est pas tout
à fait inédite puisque la même année, le cinéaste australien
Greg McLean proposait déjà le très gore The
Belko Experiment.
On peut même remonter plus loin dans le temps avec l'excellent De
Bon Matin
du cinéaste français Jean-Marc Moutout avec Jean-Pierre Darroussin
même si là, le film est un drame et non plus une œuvre horrifique.
De
fait, si l'on veut être tout à fait honnête, il faut élargir les
sources d'influence du film de Joe Lynch qui emprunte surtout aux
nombreux films d'infectés avec en premier lieu le Rec
des espagnols Paco Plaza et Jaume Balagueró pour l'aspect huis-clos
que revêt Mayhem.
Ensuite, tout est histoire de goûts. Car si le long-métrage de Joe
Lynch n'est pas un mauvais film, on est loin d'atteindre le haut du
panier. Si retrouver l'acteur Steven Yeun dans la peau d'un
personnage différent de celui auquel il nous avait habitué est
avantageux, le résultat à l'écran n'est pas tout à fait celui que
l'on aurait pu espérer. La faute à un scénario d'une extrême
minceur. Certains argueront que l'essentiel tient dans l'action et
dans les différents effets gore du film mais là encore, le
long-métrage pêche par un manque d'excès en la matière. Si
l'action est présente (bien que régulièrement stoppée par des
scènes parfois ennuyeuses), les scènes d'horreur à proprement
parler ne sont pas toujours très réussies. A ce titre, on pourra
très largement lui préférer l’œuvre de Greg McLean qui en la
matière fit preuve d'une grande générosité.
Concernant
la caractérisation de ses personnages, Joe Lynch se contente de peu.
Si Steven Yeun est un acteur attachant, son personnage ne l'est par
contre pas forcément. La faute à un choix assez curieux de la part
du cinéaste qui choisit de faire de la totalité des personnages,
des infectés. Le personnage de Derek Cho qu'incarne Steven Yeun
l'étant lui-même, il n'est pas rare qu'on le découvre aussi
violent que ceux qu'il affronte. Difficile de différencier le héros
de ses ennemis, donc. Mais pour pour pallier à ce manque
d'identification entre bons et mauvais, Joe Lynch rend ces derniers
encore plus mauvais et agressifs que Derek... Mayhem
est avant tout un gros défouloir dans lequel les interprètes s'en
donnent à cœur joie. Ce qui permet aux spectateurs de ne s'ennuyer
qu'en de très rares occasions. Pas un chef-d’œuvre, mais pas
fondamentalement mauvais non plus...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire