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mardi 7 mai 2024

Les rats attaquent (Deadly Eyes) de Robert Clouse (1982) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Signé par le réalisateur d'Opération dragon et du Jeu de la mort avec Bruce Lee en 1973 et en 1978, de New York ne répond plus avec Yul Brynner et Max Von Sydow en 1975 ou du Chinois avec Jackie Chan en 1980, Les rats attaquent (Deadly Eyes) fut l'unique incartade de Robert Clouse dans le domaine de l'horreur. Les œuvres mettant en scène des agressions animales et plus spécifiquement celles de rats sont assez courantes. Des créatures qui reviennent ponctuellement sur le devant de la scène horrifique et qui donnèrent naissance à quelques longs-métrages particulièrement efficaces. On pense notamment à Soudain... les monstres de Bert L. Gordon en 1976, à D'origine inconnue de George P. Cosmatos en 1983 ou encore à l'excellent nanar de l'italien Bruno Mattei, Les rats de Manhattan l'année suivante. Deux ans auparavant, en 1982, Robert Clouse s'attaque à l'adaptation de l'un des plus fameux romans de l'écrivain James Herbert, Les rats, récit en trois volumes édité entre 1974 et 1984 et dont Les rats attaquent s'inspire du premier volet. Pourtant, les récits divergent dès l'entame puisque le professeur de dessin Paul Harris, protagoniste principal de l'intrigue, devient sous l'impulsion du scénariste Charles H. Eglee l’entraîneur de l'équipe de basket-ball d'un lycée. Dragué par une jeune étudiante du nom de Trudy White (l'actrice canadienne Lisa Langlois qui interpréta notamment la même année le rôle de Patsy dans Class 84 de Mark L. Lester), Paul Harris (Sam Groom), père d'un jeune enfant et divorcé, va faire la connaissance d'une inspectrice du département de la santé (Sara Botsford dans le rôle de Kelly Leonard) qui avait empêché l'exportation de plusieurs tonnes de maïs en raison d'une infestation de rats. Une décision responsable qui malheureusement n'aura aucune conséquence bienheureuse sur la propagation de rongeurs aux proportions inhabituelles. En effet, les rats en question ont la taille de petits chiens et se montrent particulièrement agressifs envers l'homme. Incapables de faire la distinction entre l'âge ou le sexe de leurs victimes, ils s'en prendront tout d'abord à un bébé (sic!) avant de s'attaquer à des adolescents, des adultes et même des personnes du troisième âge. Notons que parmi les victimes se trouvera George Foskins, autre inspecteur sanitaire travaillant pour le département de la santé, lequel sera tué dans d'horribles conditions alors qu'il inspectait les égouts situés sous la ville.


Le personnage est interprété par l'acteur Scatman Crothers dont la renommée est surtout due à sa participation en tant qu'interprète du classique de l'épouvante signé de Stanley Kubrick, The Shining. Dans son genre, Les rats attaquent est une petite production horrifique plutôt efficace mettant en scène deux individus qui n'étaient sans doute pas préparés à voir se propager dans leur tranquille petite communauté des créatures faisant généralement partie ''intégrante'' de notre société. Afin de les mettre en scène, les concepteurs des effets-spéciaux prosthétiques Allan A. Apone, Francisco X. Pérez, Douglas J. White et le reste de l'équipe en charge des effets-spéciaux ont produit deux types de créatures. Celles tout d'abord filmées en gros plans. Des ''poupées'' au faciès particulièrement hideux (dans le bon sens du terme) tandis que pour les plans larges voyant l'infestation des réseaux souterrains (égouts, métro) ou du cinéma de la ville, le recours à des teckels a permis de donner naissance à des rongeurs aux dimensions disproportionnées plutôt convaincants. Tandis que la séquence située dans la salle de cinéma projetant Le jeu de la mort qu'avait réalisé lui-même Robert Clouse quatre ans auparavant et la scène finale exposant de nombreux corps gisant dans la rame de métro s'avèrent plutôt saisissantes, Les rats attaquent n'est pas vraiment sanglant. Quelques épanchement d'éhomglobine ici ou là mais pas de réel plans gore comme nous aurions pu l'espérer. Reste que le film est bien rythmé, parfaitement incarné par ses principaux interprètes ainsi que par ses seconds rôles et demeure sans doute l'un des meilleurs exemples de film d'horreur mettant en scène des rats s'en prenant aux habitants d'une petite ville du Canada. Filmé à Toronto, capitale de la province de l'Ontario, durant l'hiver 1982, les décors sont recouverts d'un manteau de neige. Ajouté à l'intrigue principale, quelques séquences secondaires comme l'insistance de la lycéenne à vouloir se rapprocher de l'entraîneur de basket-ball ou la nouvelle relation que va entretenir ce dernier avec l'inspectrice du département de la santé rallongent la durée du long-métrage sans pour autant avoir de lourdes conséquences sur son rythme. Bref, Les rats attaquent est une sympathique petite série B horrifique...

 

jeudi 2 mai 2024

Le surdoué de la promo (Zapped !) de Robert J. Rosenthal (1982) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Réalisé en 1982 par Robert J. Rosenthal dont il s'agira du second et dernier long-métrage quatre ans après Touche pas à mes tennis, Le surdoué de la promo (Zapped !) est un petit Teen-Movie qui n'aura certainement d'intérêt que pour les complétistes et pour celles et ceux qui ne se sont jamais remis de la disparition des années quatre-vingt malgré un réel revival présent depuis un certain nombre d'années. Malgré une mise en scène et un scénario relativement décevants, Le surdoué de la promo éveillera chez les plus vieux, d'anciens et très agréables souvenirs. Car si cette comédie fantastico-sexy n'est au fond pas très drôle, elle révèle surtout la présence d'interprètes qui, au siècle dernier, participèrent chacun à leur manière à l'élaboration d'une décennie artistique que certains des plus jeunes auraient tout à fait le droit de nous jalouser. Pour en revenir au synopsis, l'histoire met en scène deux élèves pas vraiment populaires d'un lycée où l'un est un brillant étudiant en sciences tandis que le second est chargé de photographier ses camarades pour ce que l'on nomme aux États-Unis, le ''Yearbook''. Amoureux de la jolie blonde de service, Jane Mitchell, Peyton Nichols (le photographe en question) se confronte régulièrement au petit ami de celle-ci qui se trouve être le meilleur joueur de l'équipe de Base-ball du lycée. Quant à lui, Barney Springboro passe la plupart de son temps dans la salle des sciences afin d'étudier diverses substances sur des souris de laboratoire lorsqu'il est victime d'un accident à l'issue duquel il se retrouve doté du pouvoir de télékinésie. En effet, le jeune adolescent est désormais capable de déplacer des objets par sa seule pensée. Muni de son nouveau pouvoir, son ami Barney et lui vont en profiter pour se livrer à quelques actes plus ou moins répréhensibles au sein de leur établissement. Le surdoué de la promo entre donc dans la même catégorie que ces quelques comédies fantastiques qui ont vu le jour dans les années quatre-vingt et dont le plus représentatif demeure sans doute Une créature de rêve (Weird Science) de John Hughes, génial réalisateur qui fut en outre l'auteur du cultissime Breakfast Club en 1985.


On ne va pas s'éterniser sur les qualités et les défauts du long-métrage de Robert J. Rosenthal qui de toute manière et dans l'ensemble se regarde mais ne fait certainement pas partie des plus mémorables Teen-Movies ayant vu le jour dans les années quatre-vingt... L'on retiendra avant toute chose son casting puisque dans le rôle du jeune surdoué des sciences nous retrouvons l'acteur Scott Baio qui entre 1977 et 1984 interpréta le rôle de Charles Ascola dans la série Les Jours heureux (Happy Days). De son côté, Willie Aames, qui dans le film en question interprète le meilleur ami du héros, fit partie du casting principal d'une série qui chez nous fut particulièrement populaire. L'acteur alors âgé de dix-sept ans lors de son démarrage interpréta donc en effet l'un des fils de la famille Bradfort, Tommy, dans cette autre série culte que fut Huit, ça suffit ! (Eight Is Enough). Un an avant d'interpréter le rôle de Jane Mitchell, l'actrice Heather Thomas commença à incarner durant six années le personnage iconique de Jody Banks dans la série L'homme qui tombe à pic (The Fall Guy) aux côtés de l'acteur Lee Majors avant de consacrer le plus gros de sa carrière au petit écran. Enfin, dans le rôle de l'entraîneur de base-ball, les amateurs de cinéma d'horreur découvriront l'acteur Scatman Crothers qui deux ans auparavant interpréta le rôle de Dick Hallorann dans le classique de l'épouvante signé de Stanley Kubrick, The Shining... Le surdoué de la promo est l'occasion pour nos deux jeunes héros de jouer avec la gravité (la séquence de la roulette au casino) ou avec les boutons des chemisiers que portent leurs camarades féminines qui se retrouvent souvent la poitrine à l'air. D'où le côté ''Sexy'' de la comédie. Le long-métrage se prête également au jeu de la parodie à diverses occasions. C'est ainsi qu'une séquence évoque L'exorciste de William Friedkin lors de laquelle Barney la dote d'une ''existence propre'', la faisant léviter et tourner la tête à trois-cent soixante degrés. Tout comme cette scène en quasi conclusion du récit lors de laquelle Robert J. Rosenthal s'amuse à singer la mythique scène finale de Carrie au bal du Diable de Brian De Palma. Des séquences en forme d'hommages qui malheureusement ne permettent pas à Le surdoué de la promo d'être autre chose qu'une petite comédie presque insignifiante...

 

samedi 23 mars 2019

Making the Shining de Vivian Kubrick (1980) - ★★★★★★★☆☆☆



Ç’aurait pu, et même, ç'aurait dû être un grand moment... Making the Shining, Vivian Kubrick, la propre fille de l'immense Stanley Kubrick tournant un documentaire sur le tournage de Shining, l'un des nombreux chefs-d’œuvre du cinéaste britannique. Je me souviens encore de cette période lointaine, succédant au visionnage de ce classique de l'épouvante, je découvrais pour la première fois le documentaire de Vivian Kubrick. Une œuvre insensée dans laquelle je découvrais un cinéaste tyrannique, impitoyable envers sa principale interprète féminine. Le temps émoussant les souvenirs, les altérant même, le redécouvrir aujourd'hui prend un visage bien différent. Comme si, honteuse d'avoir filmé son père dans des circonstances ne le montrant pas forcément sous son meilleur jour, Vivian avait accepté d'expurger Making the Shining des séquences les plus dures. Celles au moins, dont j'avais conservé un souvenir ému.

Mais on-t-elles jamais existé ? Ou bien les ai-je fantasmé ? Mes recherches ressentes tenteraient à prouver que c'est bien cette dernière solution qui semble être la bonne. Car des trente-cinq minutes que dure ce trop court documentaire, on voit bien le cinéaste Stanley Kubrick s'en prendre verbalement à l'actrice Shelley Duvall, mais pas au point de nous laisser de cette séance quel que peu dérangeante, un souvenir impérissable. Trente-cinq minutes, donc. Durant lesquelles on assiste au tournage d'une œuvre mythique dont le documentaire de Vivian Kubrick ne parviendra cependant jamais à rendre l'atmosphère. Pourtant, la légende veut que Shelley Duvall en ait bavé durant celui-ci. Attaquée par un Stanley Kubrick en mode sadique pervers misogyne. Aidé par un Jack Nicholson en rajoutant une couche supplémentaire. Mais rien ou presque ne subsiste de ces séances de torture psychologique. Alors, légende ou réalité ? Impossible de le savoir en regardant Making the Shining, si ce n'est à la toute fin, les remontrances dont fait l'objet l'actrice de la part du cinéaste britannique.

A part cela, le documentaire de Vivian Kubrick ne convainc que très partiellement. La faute à une trop courte durée qui limite le champ d'exploration. La chose démarre dans l'intimité d'un Jack Nicholson s'apprêtant à tourner l'une des scènes cultes du long-métrage du grand Stanley. On le découvre plaisantant avec la fille du cinéaste, invoquant le fait qu'il se lave les dents avant chaque scène afin de ne pas incommoder ses partenaires. L'acteur fait le pitre, et s'en va ensuite allumer une cigare, en route pour le tournage. Comme cela sera de coutume lors des séquences suivantes, chaque scène-clé du film sera encadrée par des images du tournage, les premières se fondant à la perfection aux secondes. Sont interviewés Jack Nicholson, Shelley Duvall... mais également Danny Lloyd et Scatman Crothers. Stanley Kubrick qui lui, aurait du être l'objet de toutes les attentions de ce court documentaire ne fait que passer ça et là devant la caméra sans que sa propre fille n'ait l'idée de l'interroger. Sans doute connaît-elle très bien le caractère de son père qui pourtant sur ces images apparaît particulièrement calme...
Au final, il est toujours de bon ton de visionner ces images même si leur portée et loin d'atteindre les attentes des fans du cinéaste. Une tentative intéressante bien qu'incomplète, mais contenant malgré tout de rares images de Stanley Kubrick durant le tournage de l'un de ses films...

mercredi 20 juin 2018

The Shining de Stanley Kubrick (1980) - ★★★★★★★★☆☆



Il demeure une logique implacable quant à la présence de l'acteur Jack Nicholson au générique de The Shining, l'adaptation cinématographique du roman éponyme que le plus populaire et le plus adapté au cinéma des romanciers, Stephen King, écrivit en 1977. Car bien qu'il reste à prouver que le personnage qu'il interpréta dans le chef-d’œuvre de Miloš Forman Vol au Dessus d'un Nid de Coucou fut véritablement fou, Jack Nicholson incarne à merveille cette folie insidieuse qui s'emparera de Jack Torrance, l’écrivain et père de famille de The Shining, dont le cinéaste américain Stanley Kubrick donnera une vision du roman qui restera selon Stephen King, inférieure au téléfilm auquel ce dernier participera en tant que scénariste en 1997 (lorsque l'on connaît la piètre carrière de cinéaste de ce génial faiseur d'épouvante, on peut relativiser sur l'avis qu'il émit sur l’œuvre de Stanley Kubrick). Ce qu'il faut savoir avant tout autre chose avant de se lancer dans la projection de The Shining, c'est qu'il en existe trois versions. 
La première, la plus longue (146 minutes), vit le jour sur grand écran aux États-Unis le 23 mai 1980, mais ne tint la route que pendant trois jours. Stanley Kubrick et la société de production et de distribution Warner Bros imposèrent en effet aux projectionnistes que deux minutes soient retirées des bandes. Il s'agissait d'une scène durant laquelle nous assistions à la visite de Danny et de sa mère Wendy (le fils et l'épouse du héros) par le directeur de l’hôtel Overlook à la toute fin du film. Le film passant de 146 minutes à 144, il ne rencontra pas le succès escompté (ce fait n'ayant évidemment rien à voir avec la coupe de deux minutes). Les critiques quant à elle se révélèrent plutôt négative. C'est ainsi que Stanley Kubrick décida de remonter son film, ce dernier passant par des coupes drastiques accentuant peut-être le rythme de l’œuvre, mais laissant sur le carreau, un spectateur qui mettra plus de temps qu'il n'en faut pour comprendre notamment les rapports ambigus qu'entretiennent Jack et son fils Danny. L'Europe accueilla ainsi le onzième long-métrage du cinéaste américain en salle le 16 octobre 1980 (la France servant ici de référence). Une version expurgée de vingt-sept minutes, raccourcissant The Shining à la durée de 119 minutes.

Au générique, le spectateur aura l'agréable surprise de retrouver la (le) compositrice (teur) d'Orange Mécanique, Wendy (Walter) Carlos, qui sept ans après sa transition féminine reviendra au cinéma avec The Shining pour lequel elle (il) adaptera dans une version électronique éminemment anxiogène, le Dies Irae de la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz, accompagné(e) sur le projet par la compositrice Rachel Elkind. Stanley Kubrick qui avait régulièrement pour habitude de se servir dans l’œuvre du compositeur hongrois György Ligeti lui emprunte cette fois-ci le Lontano. On peut notamment entendre des extraits de Musique pour cordes, percussion et célesta du compositeur lui aussi d'origine hongroise Béla Bartók, ainsi que six compositions du compositeur polonais Krzysztof Penderecki dont Untrenja, De Natura Sonoris No.1 & 2, ou encore Polymorphia.

Redrum

L'horreur de The Shining repose sur plusieurs éléments, extraordinaires ou non. Le fantastique surgit du pouvoir dont est détenteur le jeune Danny. Le 'Shining' du titre. Succinctement expliqué dans l’œuvre de Stephen King (traduite chez nous sous le titre L'Enfant-Lumière), il est clair sur grand écran que l'enfant est pourvu des dons de prescience et de télépathie. Don qu'il partage avec le cuisinier Dick Hallorann, incarné par l'acteur Scatman Crothers déjà vu aux côtés de Jack Nicholson dans Vol au Dessus d'un Nid de Coucou cinq ans auparavant. Autre élément surnaturel se concrétisant notamment lors de la libération de Jack de la pièce dans laquelle l'a enfermé son épouse Wendy (l'actrice Shelley Duvall): la présence de fantômes. Prenant notamment la forme d'un barman, de deux sœurs jumelles, de leur père Delbert Grady, ou encore d'une très effrayante vieille femme nue vivant dans la fameuse chambre 237 à laquelle Dick Hallorann refuse l'accès à Danny. Mais l'horreur y prend parfois également une forme beaucoup plus concrète, ici perçue à travers le personnage incarné par Jack Nicholson, lequel s'enfonce peu à peu dans une certaine forme de psychose liée à plusieurs éléments. Le stress tout d'abord puisque pour Jack, démontrer sa valeur à ceux qui l'ont employé à l'entretien de l’hôtel Overlook durant la période hivernale est essentiel. Autre événement le touchant de très près. L'écriture d'un roman qui n'avance pas. Du moins, pas dans sa forme classique comme nous le relèvera une scène particulièrement tendue confrontant Wendy aux centaines de pages dactylographiées par son époux (dont les cinq-cent feuillés furent paraît-il tapés par Stanley Kubrick lui-même). Comme l'envisagent certains passages, l'alcoolisme dont semble être atteint le personnage de Jack ne fera qu'amplifier sa psychose. Comme le fera également la méfiance accrue dont feront preuve son épouse et leur enfant à son égard (et qu'une assez longue scène coupée dans la version européenne expliquait alors au début du long-métrage). Et puis, il y a cette immense bâtisse. Avec ses pièces aux dimensions démesurées. Ses longs couloirs interminables. Cet isolement de plus en plus présent, surtout lorsqu'une tempête de neige condamne la petite famille à demeurer à l’hôtel jusqu'au mois d'avril à venir. Et puis il y a cette fameuse chambre 237, fruit de nombreux fantasmes, qui donna lieu en 2012 à un excellent documentaire consacré au film de Stanley Kubrick et intitulé Room 237.

Le tournage ne semble pas s'être déroulé sans heurts, surtout pour la pauvre Shelley Duvall comme le montrèrent d'édifiantes images d'archive durant lesquelles l'actrice fut poussée à bout par un Stanley Kubrick semblant prendre beaucoup de plaisir à la pousser au delà de ses propres limites. Au point même que Shelley Duvall tomba malade lors du tournage. Maniaque, le cinéaste obligea son actrice à tourner 127 prises de la fameuse scène dans les escaliers, celle-là même où elle tente de repousser Jack à l'aide d'une batte de base-ball...


Scènes additionnelles

La première d'entre elles voit Bill Watson et le directeur de l'Overlook au sujet de Jack. On y apprend notamment que l'écrivain était à l'origine enseignant. Le directeur explique ensuite à Jack les raisons pour lesquelles l’hôtel est fermé du mois d'octobre au mois de mai suivant. La scène suivante demeure particulièrement intéressante puisque l'on y découvre ce qui sera détaillé bien plus tard durant le récit : la maltraitance dont est victime Danny de la part de son père. C'est lors d'un entretien entre Wendy et un médecin venu ausculter l'enfant après un malaise que l'on découvre l'alcoolisme de Jack et la violence dont il fit preuve envers son enfant.Une scène dépassant très largement les cinq minutes, essentielles à la bonne compréhension de la psychologie des personnages, malheureusement coupée dans la version européenne.
La visite de l’hôtel Overlook est dans cette version intégrale, plus longue de quelques minutes. Wendy, émerveillée par les peintures navajo se voit expliquer le passé de l'Overlook. Une scène qui renvoie directement aux propos tenus par le directeur et signifiant la légende selon laquelle l’hôtel aurait été bâtit sur un cimetière indien (idée récurrente chez Stephen King). La visite de l'appartement dont prendront demeure les Torrance durant leur séjour est également plus longue. C'est aussi l'occasion pour les personnages et pour les spectateurs, de faire la connaissance avec le 'Salon d'or', là-même où Jack se retrouvera plus tard à converser avec le fantôme d'un barman.
L'ajout suivant est également très intéressant puisqu'après avoir apporté son petit-déjeuner à Jack alors qu'ils sont désormais seuls en famille à l'Overlook, Wendy précise son nouvel intérêt pour l’hôtel tandis que Jack, lui, précise qu'il a l'impression d'y être déjà venu. Cette précision du père de famille fait directement écho à la scène située dans les toilettes lors de sa conversation avec le fantôme de Delbert Grady qui indique à Jack que ce dernier a toujours fait partie de l’hôtel Overlook.
Quelques petits rajouts viennent ensuite se greffer à la version expurgée (la scène où Jack joue à la balle est rallongée de cinq secondes, Wendy prépare à manger dans la cuisine, etc...), puis un autre montre Danny demander à sa mère l'autorisation d'aller chercher son camion de pompier dans la chambre où se repose Jack. Quant au passage durant lequel Jack s'installe au bar pour y boire du whisky après cinq mois d'abstinence, la scène est plus longue de soixante-quinze secondes.
Après un passage rallongé durant lequel Jack évoque Danny à Wendy, la mère et l'enfant partagent à nouveau une conversation lors d'une scène qui durera deux minutes trente environ. On y voit Wendy préoccupée, tentée de quitter l’hôtel en compagnie de Danny lorsque retentit la voix de l'enfant dans sa chambre, lequel répète inlassablement le mot 'Redrum' avant de servir un inquiétant message à sa mère : « Danny n'est pas là, Mme Torrance. Danny est parti ».

Dans la scène suivante, nous découvrons Jack manipulant la radio permettant de communiquer avec l'extérieur. Cette fois-ci, il ne se contente plus de retirer une pièce de l'appareil, mais trois. Le cuisinier Dick Hallorann prend alors conscience de l’impossibilité d'entrer en contact avec l'hôtel et décide de s'y rendre. L'ajout suivant s'intéresse de plus près à Dick lors de son déplacement pour l'hôtel Overlook. On le voit notamment s'intéresser au temps qu'il fait aux environs de l'hôtel puis demande à un garagiste de lui préparer la chenillette qui lui permettra de s'y rendre malgré les intempéries.Une fois encore, la scène coupée suivante montre un dialogue entre Danny et sa mère. Le gamin semble absent, possédé par son ami imaginaire Tony. Cette scène fait la liaison avec la suivante lors de laquelle Wendy menacera Jack à l'aide d'une batte de base-ball. Le dernier ajout constitue sans doute l'élément fantastique le plus probant du film puisque l'on y découvre Wendy dans le salon principal de l'Overlook. Là, elle est directement confrontée à une pièce investie par les toiles d'araignées et par les squelettes des anciens clients de l'hôtel...

Bien que dénigré par l'auteur du roman original, The Shining se révèle être une excellente surprise, par un auteur peu habitué au surnaturel et à l'horreur bien que le genre ne le laissa pas indifférent. Admirablement incarné par Jack Nicholson, Shelley Duvall, le jeune Danny Lloyd (dont il s'agira de la seule performance au cinéma) et même le trop rare Scatman Crothers, le film de Stanley Kubrick est désormais considéré comme l'un des grands classiques de l'horreur. Ce qu'il est en définitive. Sans doute pas le meilleur de son auteur, mais quand même une valeur sûre dans le genre...


mercredi 18 janvier 2017

La Quatrième Dimension de John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller (1983) ★★★★★★☆☆☆☆



La Quatrième Dimension est sans doute la série télévisée américaine de science-fiction la plus célèbre et probablement parmi les meilleures de toute l'histoire de la télévision mondiale. Diffusée pour la première fois entre le 2 octobre 1959 et le 19 juin 1964 sur le réseau CBS, elle est constituée de 138 épisodes de 25 minutes et 18 épisodes de 50. En 1985, trois cinéastes américains et un réalisateur australien décident de s'unir afin de transposer sur les écrans de cinéma, quatre épisodes de la série, le film débutant par un prologue réalisé par John Landis, le réalisateur du Loup-Garou de Londres.

C'est lui-même qui ensuite transpose à l'écran La Grandeur du pardon qui, contrairement à sa version, se situait lors de sa réalisation par Buzz Kulik en 1961, le 6 août 1945 dans l'archipel des Philippines. Cette fois-ci, pas d'officier désireux d'envoyer sa section massacrer des japonais retranchés dans une grotte mais un homme qui ne supporte pas l'idée qu'un autre aie bénéficié d'une promotion qu'il espérait obtenir. Propos racistes envers les noirs, les asiatiques, et les juifs, le voilà projeté durant la seconde guerre mondiale, en terrain occupé par l'allemand et confondu avec l'un de ces derniers. Pourchassé, blessé, il se retrouve ensuite aux mains des membres du Ku Klux Klan qui tentent de le pendre, le prenant pour un noir. Puis c'est dans les rizières du Vietnam qu'il est projeté, l'armée américaine passant par là le prenant à son tour pour l'ennemi. Puis, retour au temps des nazis où il est transféré dans un camp en partance pour les camps. John Landis réalise une section qui aurait sans doute mérité d'être un peu plus étoffée mais qui ne laisse déjà plus aucun doute sur le message véhiculé.

Le second segment est l’œuvre du cinéaste Steven Spielberg. Sans doute le plus faible d'entre tous et d'une manière générale, le plus ennuyeux. Un sketch dégoulinant de bons sentiments à l'attention des familles. Adapté de l'épisode Jeux d'Enfants réalisé par le cinéaste Lamont Johnson en 1962, ce segment ne vaut en réalité que pour la présence de l'excellent acteur noir Scatman Crothers qui joua le rôle de Dick Halloran dans l'adaptation de Shining de Stephen King par l'immense Stanley Kubrick. Se situant dans une maison de retraite, le rythme qui nous est infligé reflète finalement assez bien toute la tristesse du temps qui passe dans cette institution où chaque patient n'a rien de mieux à faire que d'attendre la mort. Un sentiment que l'on partage tant l'ennuie que l'on ressent devant ce segment est pesant.

C'est ensuite au tour de Joe Dante de s'amuser à adapter un épisode de la série originale. Contrairement à Steven Spielberg qui ne s'est contenté que de proposer un portage couleur de l'épisode qu'il a adapté, Joe Dante, lui, a réinventé le sujet de C'est une Belle Vie pour en faire un segment cartoonesque étrange et plutôt réussi. Alors que le gamin de l'épisode réalisé en 1961 par le cinéaste James Sheldon était tout à fait détestable, celui de Dante demeure sympathique malgré l'emprise qu'il a sur ses proches. Lui-même détenteur d'un pouvoir le rendant capable de donner vie à tout ce qui lui passe par la tête, il vit auprès de ses deux sœurs (dont l'une n'a plus de bouche), de ses parents et d'un oncle, dans une demeure à l'architecture totalement délirante que n'aurait pas renié le Lewis Carroll des Aventures d'Alice au pays des merveilles. On notera pour l'époque d'excellents effets-spéciaux permettant au cinéaste de donner vie à des personnages de dessins-animés. Une très belle réussite.

Quatrième et dernier segment réalisé cette fois-ci non pas par un cinéaste américain mais par le célèbre australien George miller (au hasard, les quatre Mad Max et Les Sorcières d'Eastwick), l'adaptation de l'épisode Cauchemar à 20 000 pieds réalisé en 1963 par le cinéaste Richard Donner est une belle réussite. Et ce, grâce à l'interprétation du génial John Lithgow. A bord d'un avion, un homme angoissé découvre que sur l'aile gauche de l'engin une créature tente de détruite les moteurs. Bien évidemment, personne n'est prêt à le croire. Le segment de George Miller est similaire à l'épisode original. John Lithgow campe merveilleusement bien ce passager perdant pied, jusque dans les derniers instants, lors de l'atterrissage, et révélant la réalité des événement s'étant produits durant le vol...

Dans l'ensemble, si la version cinéma de La Quatrième Dimension est plutôt réussie, elle n'atteint tout de même pas la qualité de la série originale mais demeure tout de même généralement un bel effort...

mardi 31 mai 2016

Blaxploitation: Black Belt Jones de Robert Clouse (1974)



Toppy doit une forte somme d'argent aux patrons de la pègre locale. Comme il ne peut honorer sa dette, il part exiger les quarante-milles dollars que lui doit Pop Byrd, le propriétaire d'une prestigieuse école d'arts martiaux implantée en ville. Comme le vieil homme refuse de lui payer son dû, Toppy exige qu'il lui remettre les clés de son école. Là encore, Pop Byrd demeure inflexible. Énervé de n'obtenir aucune faveur auprès de ce dernier, Toppy fait appel à quatre de ses amis afin de le convaincre d'abandonner son bien.

De son côté, Pop Byrd peut compter sur le champion de karaté Black Belt Jones pour lui filer un coup de main contre les voyous qui en veulent à son bien. Malheureusement, Black Blet Jones est absent le jour où, une fois encore Toppy débarque chez Pop Byrd afin de le pousser à abandonner l'école. Afin de l'effrayer, il ordonne à l'un de ses hommes de le frapper. Mais un peu trop secoué, Pop Byrd tombe au sol, raide mort. Lors de son enterrement, sa fille Sydney est présente. Bien décidée à se venger de la mort de son père, elle pourra compter sur l'aide de Black Belt Jones avec lequel elle formera un tandem dont le principal objectif sera de faire tomber Toppy et la pègre locale...

En vingt ans de carrière au cinéma, le cinéaste Robert Clouse se fera surtout connaître grâce à deux films dont l'acteur principal sera le karatéka sino-américain, Bruce Lee (Opération Dragon en 1973 et Le Jeu de la Mort en 1977). L'acteur Jim Kelly, que l'on retrouvait déjà dans le premier des deux films interprétés par Bruce Lee est le héros de ce Black Belt Jones tourné pour la Blaxploitation. Cette dernière ayant à peu près exploré tous les genres, c'est cette fois-ci les arts martiaux qui sont dans la ligne de mire de la Blaxploitation. Une œuvre relativement efficace et plaisante à regarder, du moins la plus célèbre tournée par et pour la communauté afro-américaine qui trouve en la personne de Black Belt Jones, un héros à la hauteurs de ceux qui se sont illustrés dans le genre self-défense lorsque les autorités ont d'autres chats à fouetter.

En effet, ici, pas de police. On règle les problèmes « en famille ». Black Belt Jones n'est pas avare en terme de combats. Effectivement, ils sont nombreux, pas toujours efficace, mais il y demeure une progression artistique qui finit par les rendre vraiment plaisantes à voir. Comme si Robert Clouse s'apercevait de la piètre efficacité de certaines, choisissant alors de travailler sérieusement les chorégraphies des suivantes. Comme dans tout bon film de la Blaxploitation, on a droit à une bande-son qui swingue, à des acteurs blacks du bon et du mauvais côté de la barrière. De belles coupes afro dont la médaille d'or revient à l'acteur principal Jim Kelly.

A ses côtés, on retrouve l'actrice Gloria Hendry qui jusqu'à maintenant n'a joué que dans une petite dizaine de longs-métrages, et surtout l'acteur Scatman Crothers qui s'est surtout distingué dans le film de Stanley Kubrick, Shining. C'est lui en effet qui y interprète le rôle de Dick Hallorann. Black Belt Jones ne ménage donc pas ses effets en matière de combats, mais également en matière d'humour puisque cet aspect est largement représenté lors des bagarres avec parfois, l'impression d'assister à des chorégraphies dignes de Bud Spencer et Terence Hill. Quand à celle située à la fin du film et qui montre le tandem Black Belt Jone et Sydney se battre contre une dizaine d'individus dans une station de lavage, elle est irrésistiblement drôle. On passe donc forcément un très agréable moment...


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