Les morts ont
définitivement pris possession de notre planète et les quelques
dizaines de milliers de survivants qui ont encore la chance d'être
en vie sont parqués dans une ville scrupuleusement gardée par
l'armée. Au beau milieu de cette citée vouée aux différents
trafiques trône une tour immense où vivent quelques centaines de
privilégiés. Fiddler's Green prône le retour à la vie d'avant,
avec ses boutiques par dizaines et son apparente tranquillité. Du
haut de cette tour, Kaufman dirige la ville et fait affaire avec
Cholo DeMora, chef d'un commando de mercenaire qui rêve de poser les
armes et de venir s'installer dans l'un des nombreux appartements de
la tour Fiddler's Green. Mais Kaufman, lui, n'est pas de cet avis.
Cholo part alors dans une croisade et est bien décidé à faire
payer le prix du sang à celui qui a refusé de l'y accueillir. Pour
contrer la menace que représente le mercenaire, Kaufman engage alors
Riley et Slack pour arrêter Cholo qui vient de plus de s'emparer
d'un véhicule lourdement armé.
Mais la menace vient
également d'ailleurs. En effet, l'armée des morts est en route pour
Fiddler's Green. Dirigée par Big Daddy, un zombie un peu plus
intelligent que ses congénères, les cadavres déambulent, s'arment,
et marchent vers la ville et sa tour. Le fleuve qui les sépare de
leur but ne devient bientôt plus qu'anecdotique et le massacre entre
vivants et morts peut alors commencer...
Vingt ans après le
troisième volet de la saga des morts-vivants initiée en 1968 avec
La Nuit des Morts-Vivants, et poursuivie en 1979 et
1985 avec respectivement Zombie et Le Jour des
Morts-Vivants, le cinéaste George Romero, grand spécialiste
de la question des zombies revient donc avec le quatrième épisode
d'une saga qui en compte six jusqu'à maintenant. Si depuis quelques
années le mythe du mort-vivant connaît un essor phénoménal à
travers des dizaines de films et quelques séries télévisées bien
senties, c'est bien grâce à ce Territoire des Morts.
Loin d'être totalement dépassé par ses suiveurs, le cinéaste
montre une fois de plus qu'il demeure le meilleur dans la catégorie
qui l'a fait connaître des décennies plus tôt.
Avant d'être un film
authentiquement gore, Le Territoire des Morts
est tout d'abord un film d'action. Voire même, une œuvre de guerre.
Dans un univers qui s'inspire aussi largement du New-York
1997
de John Carpenter que de tout un pan du cinéma d'anticipation des
années quatre-vingt, le film est une très belle réussite et
relance le mythe et la saga abandonnée (mise de côté serait-il
plus judicieux de dire) vingt années auparavant.
Les
effets-spéciaux conservent le charme d'antan, l'usage du latex étant
encore à l'époque fort coutumier. Pourtant, on y aperçoit déjà
les prémices des effets numériques. Non pas que Le
Territoire des Morts
soit le premier à lancer la mode des effets gore numériques, mais
dans le vaste domaine des films d'horreur basés sur la mythologie
des morts-vivants, il semble faire partie des fondateurs.
George
Romero profite du récit pour y inclure une critique sociale dont il
a l'habitude. Son œuvre creuse un fossé entre morts et vivants, et
même entre vivants eux-mêmes. On assiste aussi à l'humanisation des morts-vivants qui désormais communiquent entre eux et sont capables de se munir de divers ustensiles pour se défendre et combattre leur principal ennemi, l'homme. Contrairement aux chapitres
précédents, le cinéaste inclus quelques têtes bien connues du
septième art sans que cela ne nuise à la crédibilité de l’œuvre.
En effet, on y découvre les acteurs Robert Joy, Simon Becker, John
Leguizamo et surtout Dennis Hopper. Il convoque même la propre fille
du cinéaste Italien Dario Argento, la très
sulfureuse Asia. Si l'on demeure encore loin des cultissimes Nuit
des Morts-Vivants et Zombie,
à l'époque, Le Territoire des Morts
parvenait à réconforter ceux des fans qui pouvaient douter des
capacités de George Romero à renouveler le genre. Malheureusement,
la suite allait nous démontrer les limites d'un courant et peut-être
même celles de celui qui lui donna ses lettres de noblesse...
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