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jeudi 4 février 2016

Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre de José Mojica Marins (1967)



Partis se venger de Zé do Caixäo, les habitants retrouvent le fossoyeur dans une crypte et dans un piteux état. Laissé pour mort, il revient à la vie, les médecins lui confiant qu'il a de grandes chances de retrouver la vue après avoir été agressé par ses anciennes victimes revenues d'entre les morts. Le retour du croque-mort en ville n'est pas du goût de tout le monde, d'autant plus qu'il a une revanche à prendre. Toujours désireux de trouver celle qui donnera naissance à un fils, il kidnappe plusieurs jeunes femmes qu'il séquestre dans son château et leur fait subir différentes expériences afin de tester leur courage. L'une d'elles attire son attention, et alors que les autres sont purement et simplement sacrifiées avant d'être jetées dans les marais alentours, il invite Maria à le retrouver dans sa chambre.

Mais cette dernière n'éprouvant pas le même plaisir que Zé à la cruauté, il choisit de s'en débarrasser et la pauvre fille connaît le même sort que les autres. C'est à ce moment là que la fille d'un colonel très respecté en ville choisit de revenir de voyage. Tombant sous le charme l'un de l'autre, les nouveaux amants partent ensemble pour la demeure de Zé. Celui-ci est persuadé d'avoir trouvé en cette jeune beauté dont la cruauté est aussi grande que la sienne, celle qui portera son enfant. Mais le colonel et les villageois voyant les choses sous un angle différent, ils se préparent à rendre visite au Croque-mort afin de lui faire payer la mort des six jeunes femmes...

Trois ans après A Minuit je Posséderai ton Âme, le cinéaste brésilien José Mojica Marins revient avec un titre toujours aussi évocateur, Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre. Endossant une nouvelle fois le costume du terrible Zé do Caixäo, il semble s'être donné des moyens plus importants que lors de son premier long-métrage pourtant devenu culte. Plus sadique que jamais, son personnage est à nouveau confronté au douloureux dilemme qui l'oppose aux villageois. Niant l'existence de Dieu et du Diable, le voici cette fois-ci directement confronté à l'Enfer dans lequel il plonge littéralement lors d'un impressionnant cauchemar. A cette occasion, José Mojica Marins passe du noir et blanc à la couleur pour une scène stupéfiante lors de laquelle le personnage qu'il interprète une fois de plus lui-même est plongé dans un abîme de souffrance. L'enfer tel qu'on l'imagine avec ses suppôts de Satan à l'épiderme rougeoyant, des fumerolles s'échappant du sol, ainsi que les hurlements de damnés fouettés et torturés à coups de tridents enfoncés dans le corps.


La scène est longue, mais malheureusement sans doute trop kitsch pour qu'elle soit aussi impressionnante que l'aurait désiré le cinéaste. José Mojica Marins continue à déverser sa litanie anticléricale, semblant s'adresser parfois directement aux spectateurs mais le rythme du film souffre d'une durée trop importante en comparaison du premier opus qui de part sa courte durée (mois d'une heure-trente) ne laissait pas au spectateur le temps de souffler. Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre aurait mérité d'être expurgé de dix ou vingt minutes. Moins délirant que le premier donc, et ce, malgré un générique de début aussi hallucinant que pour A Minuit je Posséderai ton Âme, cette suite ne ménage cependant pas ses effets. On reconnaîtra durant des scènes proches de la démence des airs bien connus des adeptes de l’église. Moins anarchique que dans le premier volet, cette suite ne sacrifie cependant rien aux sirènes du tout bien-pensant. La fin laissant présager la mort définitive du personnage de Zé do Caixäo, José Mojica Marins reviendra pourtant dès l'année suivante avec Le Monde Étrange de Zé do Caixäo, dont la critique est à venir sur Cinémart...

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