Alors que l'Espagne est
en guerre, un jeune orphelin prénommé Carlos arrive à Santa Lucia,
un établissement catholique pour orphelins pour y être confié par
son tuteur à la directrice Carmen et ainsi qu'au professeur Casares.
L'institut est déjà encombré de jeunes garçons et la nourriture
se fait rare. Mais malgré les réprobations de Carmen, Carlos est
finalement accepté. Après des débuts difficiles aux côtés de ses
nouveaux camarades, et notamment Jaime, chef de bande et pensionnaire
le plus âgé, Carlos finit par se faire accepter après avoir tenu
sa langue et résisté sous la pression exercée par l'homme à tout
faire Jacinto.
Bientôt, Carlos commence
à sentir une présence. Celle d'un enfant dont il ignore l'identité
mais qui terrifie tous ses camarades : un fantôme. Alors que
Jacinto tente de dérober depuis des mois le contenu d'un coffre
caché derrière le mur d'une ancienne pièce close de
l'établissement, Carlos, lui, fait la connaissance de Santi,
l'enfant présumé disparu mais qui en réalité est ce fantôme tant
redouté. Le nouveau pensionnaire va braver sa peur et tenter
d'entrer en communication avec l'esprit de Santi afin de connaître
la vérité sur la présence de celui-ci en ces lieux...
Troisième long-métrage
de Guillermo Del Toro après Cronos et Mimic,
respectivement datés de 1997 et 2001, L’Échine du Diable
est une œuvre brillante, magistralement interprétée et mise en
scène par un cinéaste qui réalisera cinq ans plus tard le
chef-d’œuvre, et sans doute l'un de ses meilleurs films, Le
Labyrinthe de Pan. On y retrouve Eduardo Noriega qui joua
dans les deux excellents films d'Alejandro Amenabar Tesis
et Abre Los Ojos, Marisa Paredes qui joua beaucoup pour
Pedro Almodovar, ou bien Federico Luppi qui réapparaîtra plus tard
dans Le Labyrinthe de Pan. Outre ces trois grands
acteurs espagnols, on découvre de nombreux enfants-acteurs dont
l'excellent jeu donne toute sa dimension au film de Guillermo del
Toro qui semble piocher dans deux œuvres de référence pour
construire son intrigue, Sa Majesté des Mouches de
l'écrivain anglais William Golding, ainsi que le film d'anticipation
¿Quién puede matar a un niño? (Les Révoltés
de l'An 2000) du cinéaste Narciso Ibanez Serrador.
Dans un contexte
politique réel, Guillermo del Toro réalise donc un film de fantôme.
Mais pas seulement. L’Échine du Diable
est également un drame, éprouvant, poignant, dans un cadre autour
duquel la guerre d'Espagne autorise tous les excès. Des enfants
abandonnés à leur triste sort. Un orphelinat dans lequel un monstre
rode et où règne non pas seulement l'angoisse de la présence d'un
esprit avide de vengeance et de vérité, mais le mal à l'état pur
incarné par le personnage de Jacinto.
Le
titre du film faisant référence à une superstition apparemment
imaginaire, comme peuvent y être rattachées d'autres bien ancrées
dans la mythologie espagnole, Guillermo del Toro imprime à son œuvre
une aura fantastique à travers des environnements stupéfiant de
beauté. Le macabre le mêle à la poésie. L'émulsion est parfaite,
et entre le drame qui se joue entre les protagoniste, entre le Bien
et le Mal, magistralement mis en musique par le compositeur Javier
Navarrete, s'insinue parfois un sentiment de morosité. Surtout
lorsque l'institution déraille et que les failles émotionnelles de
chacun se révèlent au grand jour.
L’Échine du
Diable
aurait pu n'être qu'un film d'épouvante. Il aurait pu se contenter
de narrer la guerre d'Espagne à travers le regard d'un enfant, la
convoitise d'un homme pour un pactole fait d'argent et de lingots
d'or ou le récit terrible d'une femme tentant de toutes ses force de
tenir debout malgré les aléas de son existence, mais il est bien
plus que cela. Le film de Guillermo del Toro est une œuvre
profondément humaine, émouvante, justement mise en scène et
interprétée de façon admirable...
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