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jeudi 4 février 2016

L’Échine du Diable de Guillermo del Toro (2001)



Alors que l'Espagne est en guerre, un jeune orphelin prénommé Carlos arrive à Santa Lucia, un établissement catholique pour orphelins pour y être confié par son tuteur à la directrice Carmen et ainsi qu'au professeur Casares. L'institut est déjà encombré de jeunes garçons et la nourriture se fait rare. Mais malgré les réprobations de Carmen, Carlos est finalement accepté. Après des débuts difficiles aux côtés de ses nouveaux camarades, et notamment Jaime, chef de bande et pensionnaire le plus âgé, Carlos finit par se faire accepter après avoir tenu sa langue et résisté sous la pression exercée par l'homme à tout faire Jacinto.

Bientôt, Carlos commence à sentir une présence. Celle d'un enfant dont il ignore l'identité mais qui terrifie tous ses camarades : un fantôme. Alors que Jacinto tente de dérober depuis des mois le contenu d'un coffre caché derrière le mur d'une ancienne pièce close de l'établissement, Carlos, lui, fait la connaissance de Santi, l'enfant présumé disparu mais qui en réalité est ce fantôme tant redouté. Le nouveau pensionnaire va braver sa peur et tenter d'entrer en communication avec l'esprit de Santi afin de connaître la vérité sur la présence de celui-ci en ces lieux...

Troisième long-métrage de Guillermo Del Toro après Cronos et Mimic, respectivement datés de 1997 et 2001, L’Échine du Diable est une œuvre brillante, magistralement interprétée et mise en scène par un cinéaste qui réalisera cinq ans plus tard le chef-d’œuvre, et sans doute l'un de ses meilleurs films, Le Labyrinthe de Pan. On y retrouve Eduardo Noriega qui joua dans les deux excellents films d'Alejandro Amenabar Tesis et Abre Los Ojos, Marisa Paredes qui joua beaucoup pour Pedro Almodovar, ou bien Federico Luppi qui réapparaîtra plus tard dans Le Labyrinthe de Pan. Outre ces trois grands acteurs espagnols, on découvre de nombreux enfants-acteurs dont l'excellent jeu donne toute sa dimension au film de Guillermo del Toro qui semble piocher dans deux œuvres de référence pour construire son intrigue, Sa Majesté des Mouches de l'écrivain anglais William Golding, ainsi que le film d'anticipation ¿Quién puede matar a un niño? (Les Révoltés de l'An 2000) du cinéaste Narciso Ibanez Serrador.

Dans un contexte politique réel, Guillermo del Toro réalise donc un film de fantôme. Mais pas seulement. L’Échine du Diable est également un drame, éprouvant, poignant, dans un cadre autour duquel la guerre d'Espagne autorise tous les excès. Des enfants abandonnés à leur triste sort. Un orphelinat dans lequel un monstre rode et où règne non pas seulement l'angoisse de la présence d'un esprit avide de vengeance et de vérité, mais le mal à l'état pur incarné par le personnage de Jacinto.
Le titre du film faisant référence à une superstition apparemment imaginaire, comme peuvent y être rattachées d'autres bien ancrées dans la mythologie espagnole, Guillermo del Toro imprime à son œuvre une aura fantastique à travers des environnements stupéfiant de beauté. Le macabre le mêle à la poésie. L'émulsion est parfaite, et entre le drame qui se joue entre les protagoniste, entre le Bien et le Mal, magistralement mis en musique par le compositeur Javier Navarrete, s'insinue parfois un sentiment de morosité. Surtout lorsque l'institution déraille et que les failles émotionnelles de chacun se révèlent au grand jour.

L’Échine du Diable aurait pu n'être qu'un film d'épouvante. Il aurait pu se contenter de narrer la guerre d'Espagne à travers le regard d'un enfant, la convoitise d'un homme pour un pactole fait d'argent et de lingots d'or ou le récit terrible d'une femme tentant de toutes ses force de tenir debout malgré les aléas de son existence, mais il est bien plus que cela. Le film de Guillermo del Toro est une œuvre profondément humaine, émouvante, justement mise en scène et interprétée de façon admirable...


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