Vieux de plus d'une cinquantaine d'années, Le Guide du Routard
est aussi précieux pour les voyageurs qui désirent connaître ''les
bonnes adresses'' à travers la planète que le Guide
Michelin l'est pour les amateurs
de bonne cuisine. Alors, quand débarque sur les écrans de cinéma
une comédie apparemment dédiée à ces femmes et ces hommes qui
depuis 1973 font tout pour rendre nos déplacements à l'étranger
les plus agréables qui soient, il est tentant d'y jeter un œil !
D'autant plus que deux des principaux interprètes en les personnes
de Christian Clavier et Michel Blanc nous avaient déjà convié à
ce genre d'exercice en 1978 et 1979 avec Les Bronzés
et Les bronzés font du ski
tous deux réalisés par Patrice Leconte et dans lesquels ils étaient
notamment accompagnés par le reste de la Troupe
du Splendid.
En 2019, Jean Huth réalise Rendez-vous chez les
Malawas,
autre comédie française également incarnée par Christian Clavier
mais également par Ramzy Bedia, Sylvie Testud ou encore Michaël
Youn mais qui ne rencontre pas le succès escompté. Là encore, il
s'agissait d'une parodie. Non pas celle d'un guide ou d'un célèbre
club de vacances (contrairement aux Bronzés
qui
caricaturait le Club
Med)
mais celle de l'excellente émission de télévision de Frédéric
Lopez, Rendez-vous
en terre inconnue...
Contrairement à ce que laisse envisager le titre et surtout le
personnage incarné à l'écran par Hakim Jemili (lequel débuta sa
carrière sur grand écran aux côtés de Michel Blanc dans la
comédie Docteur?),
Le routard
n'est pas ce voyageur qu'idéalise le fameux Guide
du Routard
et qui à peu de frais voyage à travers le monde avec dans son sac,
le guide en question. À dire vrai, le personnage de Yann Tatin est
un mélange entre celui qui se définit comme moitié chômeur et
moitié intérimaire, rêvant de voyager sans pour autant en avoir
les moyens et celui qui par malice va se faire passer pour un fin
connaisseur du Maroc et de Marrakech à proprement parler afin de se
faire engager à l'essai par l'un des responsables du Guide
du Routard,
Karol Kowalski (Christian Clavier). L'occasion de faire ses preuves à
Marrakech, justement. Lieu principal du tournage où le réalisateur
et scénariste Philippe Mechelen a pu compter sur l'équipe de
''Lions
Productions & Service''.
Originaire du Maroc, Philippe Mechelen témoigne alors du grand
professionnalisme dont font preuve ses membres..
Décors
somptueux, entre riad situés dans la médina, marchés, ruelles
anciennes, autochtones et désert, l'intérêt principal du
routard
se situe donc en priorité au niveau du cadre magnifique dans lequel
évoluent les interprètes et leurs personnages. Pour le reste, le
long-métrage du français est on ne peut plus classique.
Caricaturant la population locale, celle des souks ou des chauffeurs
de taxi dont on tient là un sacré phénomène en la personne de
Mounir, incarné par le ''porteur
de moumoute''
Medi Sadoun. S'agissant de Philippe Mechelen, nous pouvions craindre
le pire. Car en dehors du pas terrible Doudou
qu'il réalisa en 2018, il semble surtout s'être fait connaître en
participant à l'écriture des cinq opus de la franchise Les
Tuche ou
celle du navrant Astérix et Obélix : L'Empire
du Milieu
réalisé et interprété par Guillaume Canet en 2023. Bref, pas de
quoi sauter au plafond. Et en effet, côté écriture, Le
routard
a beau s'inspirer du célèbre guide touristique français, le film
est d'un classicisme qui ne le différencie pas des productions
habituelles en matières de comédies françaises. Hakim Jemili fait
du Hakim Jemili. Autant dire que ceux qui apprécient ce sympathique
personnage aimeront le voir évoluer dans le rôle de cet employé à
l'essai d'une entreprise dont il ne maîtrise absolument pas les
codes tandis que les autres continueront de l'ignorer... Christian
Clavier lui-même continue à interpréter toujours le même rôle
quelle que soit la situation. Un personnage ici qui semble ne servir
que de caution à un long-métrage qui aurait parfaitement pu se
passer de lui. Au beau milieu de ce voyage exotique et parfois
dépaysant viennent s'incruster l'actrice Manon Azem dans le rôle de
Sofia Berrada ainsi qu'un manuscrit appartenant au patrimoine
national marocain que Michel Blanc, dans le rôle du docteur en
archéologie Charoux tentera de revendre pour la modique somme de
cinq millions de dollars après l'avoir fait dérober par un couple
de pieds nickelés (Aude Gogny-Goubert et Yann Papin dans les rôles
respectifs des époux Frida et Régis). Notons également la présence
de Fred Testot (seule moitié demeurée bienveillante de l'ancien duo
Omar et Fred)
en sympathique organisateur d'événements ou celle d'Alice Taglioni
et Philippe Lefebvre dans les rôles de Marie-Nesrine et Marc-Aziz
Garnier, deux français reconvertis dans la chambre d'hôtes... Sans
être un naufrage, sauvé de justesse par le cadre marocain et par
quelques vannes plutôt drôles, Le routard
est une petite comédie visiblement sans prétentions, qui se regarde
sans réel déplaisir mais qui comme une bonne, et même une très
grande parties d'entre elles, s'oublie rapidement...
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