Big Boss
était une mise en bouche. Surtout si on le compare à La
Fureur de vaincre (Jing
wu men)
que réalisera à nouveau Lo Wei. Cette fois-ci, l'intrigue se
déroule à Shanghai. Deux écoles d'arts-martiaux s'y affrontent.
Celle du maître chinois Huo Yuanjia dont l'élève le moins
discipliné revient d'un long séjour pour y épouser Yuan Le-erh
(l'actrice hongkongaise Nora Miao qui dans lors de la précédente
collaboration entre le réalisateur et Bruce Lee incarnait la
propriétaire du stand de boissons fraîches). À son retour, Chen
Zhen apprend que son maître vient de mourir. Assistant tardivement à
l'enterrement de Huo Yuanjia dont la mort demeure inexplicable, le
jeune homme a bien du mal à se plier aux règles édictées par le
fondateur de l'école Jingwu. Surtout lorsque certains des
représentants du rival japonais du dojo de Hiroshi Suzuki osent
pénétrer l'antre chinois pour y humilier ses adeptes. Traités de
lâches par Wu En, le traducteur et conseiller du Maître Suzuki,
aucun membre de l'école Jingwu n'ose s'interposer... en dehors de
Chen Zhen qui quelques temps plus tard s'introduit dans le dojo de
Suzuki et met une véritable raclée à ses membres. Par vengeance,
Wu En et plusieurs dizaines d'hommes retournent une nouvelle fois à
l'école Jingwu afin de la mettre à sac et donner une leçon à ses
élèves. Avant de repartir, Wu En donne trois jours à ceux-ci pour
livrer Chen Zhen à l'école de Suzuki, à défaut de quoi, les
représailles seront terribles. Ne pouvant se contraindre à livrer
l'un des siens, le responsable de l'école Jingwu propose à Chen
Zhen de quitter Shanghai en compagnie de sa future épouse au plus
vite... Si Big Boss
était un sympathique petit film, on atteint avec La
Fureur de vaincre
un niveau de qualité nettement supérieur. Tout ce que l'on pouvait
attendre d'un film d'action et d'arts-martiaux y est ! Si lors
de la première collaboration entre Lo Wei et Bruce Lee il fallait
parfois attendre des dizaines de minutes avant que ne s'enclenchent
les combats, dans le cas de La Fureur de
vaincre,
les amateurs n'auront pas à attendre bien longtemps. Le film est une
succession de moments de bravoure lors desquels l'acteur hongkongais
déploie des techniques de combat qui lui sont propres.
À
grand renfort de cris, de grognements ou de miaulements, Bruce Lee
combat aux pieds, aux mains, sautant au dessus de ses adversaires et
use également du nunchaku. L'une des séquences emblématiques du
long-métrage se situe lorsque le personnage de Chen Zhen s'introduit
dans le dojo de l'école rivale et affronte plusieurs dizaine
d'adversaires. Une séquence devenue culte qui sera reprise bien des
années plus tard par le cinéaste américain Quentin Tarantino dans
Kill Bill Volume 1 lors
de l'affrontement entre la Mariée interprétée par l'actrice Uma
Thurman et une flopée de Yakuzas agissant sous les ordres de Bill,
dirigeant du Détachement
International des Vipères Assassines !
À nouveau écrit par Lo Wei et Ni Kuang, La
fureur de vaincre
fait également figure de critique sociale où le chinois est dans sa
globalité traité au même rang que les animaux de compagnie comme
l'évoque notamment la séquence tournée devant l'entrée du Parc
Huangpu, à Shanghai. L'annotation de panneau ayant été changée
pour les biens du long-métrage, l'accès n'y était cependant pas
spécifiquement interdite aux habitants du cru mais bien réservée
aux étrangers ! Les tensions raciales sont ici l'un des angles
sociaux sous lesquels le réalisateur et scénariste choisi de
plonger les protagonistes. Notons également que La
fureur de vaincre
sera l'occasion pour la future star du cinéma d'action Hongkongaise
Jackie Chan de croiser la route de Bruce Lee. Employé en tant que
cascadeur, le futur interprète de la franchise Police
Story
y effectuera en effet à plusieurs reprises, certaines cascades.
Jackie Chan et Bruce Lee auront d'ailleurs l'occasion de se retrouver
un an plus tard sur le tournage d'Opération
Dragon
de Robert Clouse, avant-dernière apparition de la légende du karaté
avant sa tragique disparition le 20 juillet 1973 à l'âge de 32
ans...
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