Pour débuter le cycle
consacré à l'acteur sino-américain Bruce Lee, nous allons évoquer
son tout premier succès international. Après être apparu à l'âge
de un an dans Les larmes de San Francisco
d'Esther Eng, la future star des arts-martiaux enchaînera les rôles
entre 1946 et 1969. Parmi elles, sa participation à la série
américaine Le frelon vert
entre 1966 et 1967. Le succès ne sera malheureusement pas au
rendez-vous et les prochains longs-métrages qu'il tournera sur le
territoire américain ne lui permettront pas encore de se faire un
nom dans le cinéma. C'est pourquoi Bruce Lee retourne dans sa ville
natale, à Hong Kong, pour y tourner en 1971 le film Big
Boss
(Tang shan da xiong)
du réalisateur hongkongais Lo Wei, réalisateur aux soixante-cinq
longs-métrages, acteur ayant joué dans cent-dix films et qui marqua
d'une empreinte indélébile le cinéma d'action et d'arts-martiaux
mondial en signant deux des plus célèbres films du genre aux côtés
de Bruce Lee. Car après celui-ci, les deux hommes se retrouveront un
an plus tard sur le tournage de La Fureur de
vaincre (Jing
wu men),
second succès de la star hongkongaise... Concernant Big
Boss,
Bruce Lee s'amuse à faire s'impatienter le public qui est venu le
voir combattre les antagonistes du film. Dans celui-ci, il incarne le
rôle de Cheng Chao-an, un jeune chinois originaire de la
ville-préfecture de Tangshan au nord-est de la république populaire
de Chine. Il débarque en compagnie de son oncle à Pak Chong en
Thaïlande où il y fait la connaissance de son cousin Hsiu Chien
(l'acteur James Tien) et de plusieurs de ses amis qui tous sont
employé dans la fabrique locale de blocs de glace. Fuyant sa
mauvaise réputation de bagarreur, Cheng Chao-an promet à son oncle
de bien se tenir et de travailler à son tour pour Hsiao Mi (le ''Big
Boss''
du titre qu'interprète l'acteur chinois Han Ying-chieh). Porteur
d'une amulette offerte par sa mère adoptive à laquelle il avait
également fait la promesse d'éviter toute altercation, le jeune
homme va cependant très vite en découdre avec certains habitants du
coin. Dirigée d'une main de fer, l'entreprise de Hsiao Mi sert en
effet de couverture à un trafic de drogue qui bientôt fera deux
victimes parmi les employés. Deux hommes qui venaient de découvrir
le pot aux roses et qui ont subitement disparu...
Alors
que la carrière de Bruce Lee avait tendance à stagner du fait de
l'annulation de la série Le frelon vert
et d'un problème physique lié à l'usage intensif de
l'haltérophilie, les projets auxquels il contribuait avaient
tendance à tomber à l'eau l'un après l'autre. C'est sur les
conseils de l'acteur américain James Coburn que Bruce Lee retourne
alors tenter sa chance à Hong Kong. À court d'argent, le jeune
spécialiste en arts-martiaux refuse cependant le contrat que leur
propose de signer les frères de la société de production
cinématographique
Shaw Brothers
mais accepte de signer un contrat pour deux films auprès de Raymond
Chow, patron d'une autre société de production du nom de Golden
Harvest.
Le tournage débute en juillet 1971 à Pak Chong, au nord-est de
Bangkok tandis que le dernier tour de manivelle sera effectué le 3
septembre de cette même année. À l'origine, le film contenait plus
de trois heures d'images qui furent réduites en post-production à
quatre-vingt seize minutes. Tourné en cantonais et en mandarin, le
film sera traduit dans diverses langues dont l'anglais et le français
et aura la particularité d'avoir été doublé à deux reprises dans
notre langue. C'est ainsi que par exemple, Bruce Lee le fut d'abord
une première fois par Philippe Ogouz et une seconde fois par Pierre
Tessier... Dans Big Boss,
il faudra patienter plus de trois quart-d'heure avant de voir Bruce
Lee se servir véritablement de ses poings et de ses pieds. Jusque
là, son personnage devra refréner ses pulsions. Parmi les
interprètes nous retrouvons quelques jolies actrices féminines
parmi lesquelles la hongkongaise Nora Miao qui sous le pseudonyme Mao
Ke-hsiu interprète le rôle de la propriétaire d'un stand de
boissons, Maria Yi dans celui de la cousine Chow Mei ou encore
Marilyn Bautista dans celui de la prostituée Miss Sun Wuman. Bien
que reposant sur un script écrit par Lo Wei en collaboration avec le
romancier et scénariste américano-hongkongais Ni Kuang, l'histoire
s'inspire en fait d'un fait authentique ayant eu lieu à la fin du
dix-neuvième siècle. Revoir aujourd'hui Big
Boss,
c'est se rendre compte combien l'eau a depuis coulé sous les ponts.
Et même si Bruce Lee demeure une légende du cinéma d'action et
d'arts-martiaux, il faut reconnaître que les combats sont parfois
''pénibles'' à regarder. Notons que le film propose quelques
étonnants plans de nus et plusieurs séquences sanglantes plus ou
moins suggérées... Le petit
Dragon
entrait alors dans la légende...
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