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lundi 16 janvier 2023

Dupont Lajoie d'Yves Boisset (1975) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Libération titrait récemment ''Nuit bleue, Peste brune'' quand la gauche (extrême) dénonçait de son côté et à la suite du match France-Maroc, des ratonnades dans plusieurs villes françaises. Si Orange mécanique de Stanley Kubrick se voulait une vision pessimiste et pourtant ô combien réaliste du monde de ''demain'' (nous sommes alors en 1971), quatre ans plus tard, et à une toute autre échelle, Yves Boisset signait un Dupont Lajoie qui quarante-huit ans après sa sortie dans les salles françaises se ferait encore l'écho d'actes (certainement) et de fantasmes (plus sûrement) d'une partie de la politique hexagonale friande de tout ce qui peut permettre à ces détracteurs de l'autre parti de l'extrême (droite) d'appuyer là où ça fait mal. Pas au portefeuille, non. Encore moins au garde-manger. Mais à ces femmes et ces hommes qui craignent pour leur avenir et burent il y a encore quelque mois,les paroles idéologiques d'un certain Eric Zemmour ! Dupont Lajoie où la théorie du triple R selon laquelle le français est Râleur, Raciste et Ringard ! Se plaignant de tout, et surtout de la présence des noirs et des arabes auxquels on osait à l'époque sur grand écran doter de ''sobriquets'' qui aujourd'hui feraient scandale, faisant ainsi bander ceux qui montent au créneau dès que la parole dépasse plus ou moins la pensée ! Ringard, oui ! Car si chacun à bien sûr le droit de passer ses vacances comme il l'entend, Yves Boisset décrit une France plus ou moins prolétarienne qui vit d'habitudes auxquelles elle ne déroge jamais. Une France entre blancs, ritualisant la consommation d'alcool et de charcuterie, retrouvant ses semblables au camping lors du banquet annuel dressé sur trois ou quatre tables en formica posées côte à côte...


On y constate entre deux gorgées de rouge ou deux bouts de saucisson l’afflux des étrangers qui dérange moins la jeunesse que les ancêtres ancrés dans leurs bonnes ou mauvaises habitudes de français moyens. Une France que certains voudraient nous faire croire être revenue en force en 2022 à l'heure où Avatar 2 : la voie de l'eau inonde (sans mauvais jeu de mots) les écrans de cinéma hexagonaux ! Meuh non, le monde a changé. Drame ordinaire qui semble plus souvent toucher les couches populaires, la seule erreur qu'ait commise Brigitte Colin (Isabelle Huppert, alors âgée de vingt et un ans) est d'avoir voulu se mettre à l'écart des festivités estivales du camping ''Caravaning Beau-soleil'' pour prendre le soleil dans un champ. Passe alors Georges Lajoie (Jean Carmet), cafetier parisien libidineux, époux de Ginette (Ginette Garcin) et père de Léon (l'acteur Jacques Chailleux qui un an auparavant interprétait le rôle de l'ex taulard Jacques Pirolle dans le film culte de Bertrand Blier, Les valseuses). Ce bon père de famille s'approche de la jeune femme et tente un baiser, une caresse qui malheureusement finiront mal. Et quelle meilleure occasion y-a-t-il pour ce français moyen xénophobe que d'aller déposer le corps de Brigitte près d'un campement abritant des immigrés d'origine maghrébine ? On devine alors la suite. Ce relent de racisme qui transpire quasiment à chaque plan, de la séquence d'ouverture dans le café des Lajoie, en passant par ce bal populaire lors duquel aura lieu une rixe entre ces ''bons français'' et des arabes venus simplement participer à la fête et jusqu'à cette expédition punitive dont on sait déjà que ceux qui en seront les victimes ne sont pas les véritables coupables...


Dupont Lajoie passe l'épreuve du temps tout en collant véritablement à son époque. Image d'une carte postale un brin désuète, voire ringarde d'une population qui une fois l'an se regroupe en troupeau amoncelé sur un terrains envahi qui par des caravanes, qui par des tentes. Une communion de mœurs et de ''petits'' esprits où l'on retrouve notre famille de cafetiers, certes, mais également un huissier de justice (excellent Michel Peyrelon), un couple de vendeurs de sous-vêtements (Pascale Roberts et Pierre Tornade dans le rôle des Colin, les parents de la victime) ou un excité du bocal, causeur d'embrouilles, regrettant sans doute la ''grande époque'' de la Guerre d'Algérie (génial Victor Lanoux) ! Tout ici est pourri dès lors que l'on affiche ses origines françaises. L'italien ou le pied-noir ne sont ici pas au centre du sujet, servant surtout à temporiser la situation. Comme quoi, hein, on peut être raciste mais se faire des amis parmi des personnes issues de l'immigration. Tout est pourri, donc, comme en témoignent les représentants de l'autorité intervenant lors du bal. Et puis, il y a ces quelques personnalités du monde de la justice ou du petit écran qui viennent se greffer au récit : Jean Bouise, dans le rôle de l'Inspecteur Boulard, rare français de ''souche'' comme l'on dit, décrit de manière positive par le réalisateur puisque lui seul parmi ''ses semblables'' cherchera véritablement à faire la lumière sur ce fait divers sordide (mais jusqu'à quel point?). Quant à Jean-Pierre Marielle, égal à lui-même et aussi savoureusement opportuniste que délicieusement hypocrite, en animateur tantôt affligé par la mort de la jeune Brigitte, puis s'assurant d'être plein cadre devant la caméra lorsqu'il présente ses condoléances aux parents de la victime, mais sachant entre ces deux séquences reprendre son ton d'animateur (il incarne Léo Tartaffione et présente le jeu ''Inter-camping''). Et puis, tout part en vrille et l'humanité montre un visage emprunt de bêtise et de bestialité... jusqu'à ce que la politique s'en mêle, comme de bien entendu... En somme, rien d'inattendu ou d'inédit. Yves Boisset signait là l'un de ses longs-métrages les plus marquants. Une œuvre glaçante, réaliste et parfois embarrassante que l'on rangera notamment aux côté de Le Prix du danger, Canicule ou encore Radio Corbeau pour ne citer que ces quelques exemples d'une filmographie exemplaire...

 


2 commentaires:

  1. Film très caricatural et idéologique, style qui a depuis fait florès et on voit où se trouve le cinéma français à l'heure actuelle : au niveau de son école, c'est-à-dire dans le caniveau...
    Le tag c'est "Années 70".

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  2. En tous cas, voila un film qui n'a rien à craindre de la "cancel culture" des "woke", ce doit même être leur maître-étalon et le film de chevet de Camélia Jordana... MDR

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