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mardi 17 janvier 2023

Bones and All de Luca Guadagnino (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le dernier long-métrage de Luca Guadagnino (Call me by your name en 2017, Suspiria en 2018) ressemble tout d'abord au cinéma indépendant vouant une approche spécifique des marginaux en général et à celui d'un certain Harmony Korine en particulier (Gummo en 1997, Trash Humpers en 2009). Un cinéma souvent réaliste qui pourtant trouve ici une résonance avec le fantastique. Si l'anthropophagie et le cannibalisme sont des mythes qui trouvent leur source dans les coins les plus reculés des territoires africains et même bien avant puisque les tribus d’Homo erectus, de Néandertaliens et d’Homo sapiens recoururent à leur époque au cannibalisme, cette thématique qui effraie et s'avère donc propice à bâtir des récits horrifiques fit florès sur grand écran dans les années soixante-dix/quatre-vingt. Des dizaines de longs-métrages qui mirent tout d'abord en avant des individus vivant au cœur de la forêt vierge amazonienne, donnant ainsi l'un de ces films cultes qui encore aujourd'hui, dérangent. On parle bien évidemment du cultissime Cannibal Holocaust du réalisateur italien récemment disparu, Ruggero Deodato. Le mythe dégénérant et allant jusqu'à être transposé jusqu'en Occident, peu à peu, ce qui semblait n'être encore qu'une légende allait se transformer en un fait-divers des plus concret. De la famille de dégénérés de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper en 1974, en passant par La semana del Asesino de l'espagnol Eloy de la Iglesia et jusqu'au Grave de la française Julia Ducournau... Des dizaines, voire des centaines de longs-métrages plus ou moins crédibles mettant en scène des hommes et des femmes dévoreurs de chair humaine... Mais le dernier méfait de l'italien Luca Guadagnino, lui, semble également se rapprocher d'un autre mythe. Celui de ces tueurs en série qui parcourent le territoire américain à la recherche de proies. Et plus précisément, des couples d'assassins comme les divers médias en ont conté les horribles affaires. Pourtant, ses héros incarnés par Taylor russell (dans le rôle de Maren) et Timothée Chalamet (dans celui de Lee) semblent moins se rapprocher des couples formés par Bonnie Parker et Clyde Barrow ou Raymond Fernader et Martha Beck que de Charles Starkweather et Caril Ann Fugate auxquels plusieurs cinéastes consacrèrent une œuvre cinématographique parmi lesquelles, Terrence Malick avec La Balade sauvage (Badlands). Et c'est précisément à celui-ci que l'on se référera immédiatement même si le fond est diamétralement différent du récit offert par Bones and All, le dernier film de Luca Guadagnino. Dans le cas de La Balade sauvage, s'il n'était nul question de cannibalisme ou d'anthropophagie, il est en revanche difficile de nier les rapports qu'entretiennent les deux longs-métrages lorsqu'il s'agit d'évoquer la forme. Car l'un comme l'autre mettent en scène de jeunes individus parcourant le territoire américain en semant derrière eux la mort...


C'est avec une certaine fébrilité que j'attendais de pouvoir découvrir le dernier film du réalisateur italien. Après avoir été conquis par son remake du classique de Dario Argento Suspiria, j'attendais de pouvoir apprécier comment allait évoluer la frange horrifique de son cinéma avec son dernier né. Un road-movie ayant les allures d'un cinéma indépendant typique du festival de Sundance, avec sa description d'une Amérique parcourue par des marginaux. Et c'est en cela que Bones and All procure un certain intérêt. D'abord à travers son couple de cannibales faisant connaissance au détour d'une supérette et de son voyage à travers l'Amérique profonde à la recherche de leur passé. Une œuvre intéressante, s'éternisant tout de même au delà des deux heures, mais procurant tout de même parfois le sentiment de tourner en rond. L'un des aspects les plus inattendus s'inscrivant moins dans ce voyage parfois très sanglant que dans la découverte d'une multitude de personnages s'adonnant eux-même au délice de la chair humaine, Bones and All paraît ainsi se rapprocher d'un certain cinéma fantastique foulé de plain-pied par des hordes de créatures monstrueuses dévorant nos semblables. Bien que Luca Guadagnino ait su parfois se saisir de l'imagerie des laissés pour compte vivant sur le territoire américain, et bien que le couple formé par les deux jeunes interprètes s'avère parfois touchant (quoique parfaitement glaçant lors de leurs ''repas''), ce couple nouvellement formé à bien du mal à séduire le public dès lors que le réalisateur tente de nous convaincre des sentiments qui les emploie à parcourir une Amérique pourtant filmée avec grand intérêt. Une œuvre parfois confondante de beauté lorsqu'elle filme ses personnages au coucher du soleil ou lors d'une fête foraine mais dont la vanité empêche de s'accrocher tout à fait à cette histoire d'amour... et de mort ! Le spectateur ayant l'estomac fragile sera donc moins séduit par les rapports qu'entretiennent Maren et Lee qu'écœuré par les quelques repas que partage notre duo, rappelant ainsi l'une des séquences effroyables de Trouble Every Day que réalisa en 2001 la réalisatrice française Claire Denis... L'inconvénient est ici que Luca Guadagnino se penche sur des thématiques qui n'ont plus rien de véritablement novatrices. Le ''beau'' et ''le monstrueux'' se confondant en une seule œuvre. Une ambiguïté qui à l'ère où le cinéma d'horreur a pris une grande place dans le cœur des spectateurs n'aura d'autre effet que de battre avec difficulté le froid et le chaud. C'est donc avec une certaine indifférence que l'on parcours l'Amérique en compagnie de nos deux jeunes ''amoureux'', si ce n'est pour l'exploitation, à l'image, d'une certaine misère sociale. Bones and All confirme donc davantage le talent de ses deux jeunes interprètes et sans doute un peu moins celui de son auteur. Un Luca Guadagnino dont on retiendra en outre et surtout sa vision crépusculaire des provinces rencontrées que par sa propension à nous conter une histoire d'amour tragique...

 

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