Première rencontre avec
les quatre membres de la famille Hess en 2002 et grosse déception.
L'abrutissant Independence Day de
Roland Emmerich était déjà passé par là et face à l'apparente
quiétude du nouveau récit accouché par M. Night Shyamalan intitulé
Signs,
l'ennui s'est imposé comme une évidence, déployant ses bras en
m'enveloppant jusqu'à ce que mes yeux se ferment et que je
m'endorme. Mais maintenant que deux décennies ont passé et que
depuis est oubliée cette douloureuse expérience, revoir le
cinquième long-métrage de celui qui avant celui-ci s'était surtout
fait remarquer grâce aux brillants Sixième sens
et Incassable m'a
permis de redécouvrir l’œuvre sous un nouveau jour. Signs
n'est
pas le long-métrage rêvé de celles et ceux qui espèrent y croiser
des légions d'extraterrestres armés de pistolets lasers auxquels
s'opposerait une armée d'hommes impuissants. Tout ici est question
d'intimité, au sein même d'un foyer constitué de quatre membres
qui essaient tant bien que mal de se reconstruire depuis qu'un drame
terrible s'est produit huit mois auparavant. Mel Gibson incarne le
père de famille Graham Hess, ancien prêtre qui depuis la mort de
son épouse dans un accident de voiture a perdu la foi. Si on ne prie
plus dans la ferme familiale qu'entourent des champs de blé, on se
pose malgré tout des questions, sur le hasard et les coïncidences.
M. Night Shyamalan qui jusque là nous avait habitué à de
sensationnelles révélations les dissémine cette
fois-ci de manière beaucoup plus discrètes et harmonieuses. Au
point que l'on pouvait se demander s'il n'avait perdu de ce pouvoir
qui permettait à son œuvre toute entière de prendre la forme d'une
toile d'araignée au final saisissant. Signs,
l'incompris n'en est pourtant pas moins un grand film, sans grand
effets, certes, mais dans la continuité de ce que M. Night Shyamalan
semble avoir entrepris depuis l'année du Sixième
sens.
Le réalisateur et scénariste américain d’origine indienne
propose deux phases distinctes au récit qui vont pourtant
logiquement se regrouper pour n'en faire plus qu'une. D'un côté,
l'indicible et le mystérieux, avec ses agroglyphes (ou crop circles)
et de l'autre, ce drame familial. Le sensationnel et l'intimisme. Une
famille vivant en retrait et des médias qui très rapidement
s'emparent de l'affaire jusqu'à devenir un événement à l'échelle
de la planète toute entière...
La
fin d'un mode d'existence, celui des Hess dont la mère a disparu et
l'extinction, hypothétique, de l'humanité. Traitant ses ''petits
hommes gris'' en envahisseurs invisibles, le cinquième long-métrage
de M. Night Shyamalan nous rappelle au bon souvenir de La
guerre des mondes
de Byron Haskin (1953). Des créatures hostiles qui malgré les
progrès en matière d'effets-spéciaux n'apparaissent qu'avec
parcimonie. Un choix que l'on ne reprochera pas au cinéaste vue
l'ampleur des dégâts. En effet, bien que le film date de 2001,
l'aperçu de ces créatures en réalité beaucoup plus grandes que
dans l'imaginaire se révèle relativement désastreux et n'est en
soit pas le principal atout du long-métrage. Comme un puzzle
croisant ce fait-divers à l'ampleur mondiale au drame des Hess, M.
Night Shyamalan bâtit une œuvre à la fois touchante, intimiste,
parfois dépressive et paranoïaque mais aussi et surtout, lumineuse.
Où l'espoir tient moins dans l'arrivée de ces créatures
intelligentes venues d'ailleurs que dans la cohésion familiale. Mel
Gibson, Joaquin Phoenix, Rory Culkin (le frère de Macaulay Culkin,
acteur devenu célèbre grâce au rôle tenu dans Maman, j'ai raté
l'avion ! de Chris Columbus en 1990) et Abigail Breslin (dont Signs
est la première apparition sur grand écran) campent une famille
homogène, partageant une nature bien différente mais se complétant
merveilleusement bien. L'on retiendra la discrète mais néanmoins
merveilleuse litanie du compositeur et claviériste américain James
Newton Howard construite autour de quelques notes de piano,
signifiant autant la tragédie que le merveilleux qui entourent le
récit. Que les fans de M. Night Shyamalan se rassurent : si la
révélation finale n'a d'apparence pas tout à fait l'ampleur de
celles qui servirent de conclusion aux deux précédents
longs-métrages du réalisateur, elle s'y intègre au demeurant
parfaitement. M. Night Shyamalan continuait là à bâtir une œuvre
en tout point intelligente qui allait sans doute trouver son
aboutissement deux ans plus tard avec le chef-d’œuvre, Le
village...
Pas encore vu mais plutôt envie. Tout à fait d'accord avec la fin de la dernière phrase (à propos du "Village").
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