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dimanche 15 janvier 2023

Avec amour et acharnement de Claire Denis (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

De Claire Denis, que sais-je... ? Quelle réalisa en 1994 J'ai pas sommeil dans lequel évoluaient des personnages dans un contexte anxiogène consécutif à la série de meurtres qui endeuilla la capitale française au milieu des années quatre-vingt. Qu'en 2001 elle signa l'étrange drame horrifique Trouble Every Day et sa Béatrice Dalle souffrant d'une pathologie rare la poussant à adopter un comportement anthropophage. Pour le reste, allez demander aux spécialistes qui apprécient son cinéma un brin auteurisant. Concernant Avec amour et acharnement, c'est plus par passion pour Vincent Lindon et par plaisir de retrouver Juliette Binoche sur grand écran que j'ai opté hier soir pour le dernier long-métrage de la réalisatrice. Pour ces deux immenses artistes mais déjà beaucoup moins pour l'hautaine Christine Angot qui est à l'origine du scénario aux côtés de Claire Denis mais qui est aussi et surtout à l'origine de l'ouvrage littéraire Un tournant dans la vie qui a servi de base à la construction du récit. Preuve que l'on peut détester quelqu'un avec une certaine ferveur tout en étant capable de faire un pas de côté afin de lui laisser une chance de s'exprimer. Avec ses quasi deux heures et des critiques qui parfois se sont montrées relativement dures, Avec amour et acharnement avait toutes les chances de m'ennuyer ou de me laisser totalement indifférent. Est-ce la charismatique présence de Vincent Lindon, le charme fou et plus que jamais prononcé de Juliette Binoche ou la partition tantôt naïve tantôt anxiogène du compositeur anglais Stuart Staples ? Toujours est-il que le nouveau long-métrage de la réalisatrice française a particulièrement bien fonctionné. Une histoire de passion dévorante comme sait si bien en livrer le septième art avec tout ce que le concept véhicule d'émotions complexes. Pourtant, un récit à l'origine tout à fait ordinaire. Un homme et son épouse. Vincent Lindon dans le rôle de Jean et Juliette Binoche dans celui de Sara. Lui est un ancien rugbyman ayant fait de la prison, elle, est animatrice d'une émission de radio. Encore très amoureux l'un de l'autre, la réapparition de François (l'acteur Grégoire Colin) dans la vie du couple va chambouler leur existence. Une relation ambiguë se noue alors entre ces trois individus. Jean finit par accepter l'emploi que lui offre François tandis que Sara paraît profondément troublée par le retour dans son existence de son ancien amant...


Tout est dit, ou presque. Amour, passion, jalousie, méfiance et querelles se confondent dans un tourbillon de (res)sentiments, avec au centre de l'intrigue, trois personnages parfaitement interchangeables que Claire Denis dirige avec une certaine maîtrise de son sujet. Bien que certains aient mis en doute la valeur des dialogues, les trois interprètes s'avèrent convaincants. Le couple Vincent Lindon/Juliette Binoche fonctionne bien et l'on croit à leur union... mais aussi à ces déchirantes séquences lors desquelles le couple se questionne sur sa relation et sur la réalité des sentiments vis à vis d'eux-mêmes ou de François. Juliette Binoche est saisissante en quinquagénaire fébrile, troublée, parfois en rupture avec la réalité de ses sentiments qu'elle ne semble pas toujours volontairement vouloir réprimer. Vincent Lindon lui oppose un regard parfois froid et distant, ouvert à toutes propositions au risque de voir la passion revenir en force entre son épouse et son ancien ami. Claire Denis pénètre l'intimité de ses personnages, les dévore des yeux. Sa caméra épouse leur regard, leur volupté, au travail, dans leur salon, dans la cuisine et jusque dans la chambre du couple où se multiplient les ébats amoureux. La réalisatrice remporte un Ours d’argent à Berlin en 2022 bien mérité pour une œuvre capable de nous éclairer sur la force des sentiments, entre Amour pour l'un et Passion pour le second. Une œuvre qui en outre s'avère parfois, et de manière infime, relativement inconfortable. Des scènes lourdes de conséquences magnifiées d'abord par le duo Vincent Lindon/Juliette Binoche et par un Grégoire Colin longtemps et suffisamment mis en retrait pour éveiller et nourrir la curiosité. À la limite, on reprochera à Avec amour et acharnement son côté banalement politisé faisant intervenir l'ancien footballeur et nouveau pseudo-intellectuel Lillian Thuram lors d'une séquence parfaitement inutile décrivant l’éternel discours du blanc raciste et de l'immigré opprimé ! Une faute de goût certaine qui n'empêche heureusement pas l’œuvre d'être brillante...

 

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