Considéré par une
partie de la communauté ''cronenbergienne'' comme le meilleur film
de son auteur, Videodrome
est à juste titre, un grand film. Non seulement parce qu'il perpétue
de la plus fascinante et dérangeante manière, la tradition d'un
cinéaste qui a voué la majeure partie de sa carrière à examiner
la dégénérescence physique et intellectuelle de ses personnage. De
ses origines jusqu'au début des années 2000, David Cronenberg s'est
fait le chantre d'un courant qui n'appartient qu'à lui, sinon à son
propre fils Brandon Cronenberg qui avec son premier long-métrage
Antiviral
en 2012, semble avoir décidé de prendre la relève. Le père, lui,
célèbre avec Videodrome,
le pouvoir de la télévision sur la chair et l'esprit à travers
l'une de ses œuvres les plus complexes et sans doute, la plus
expérimentale d'entre toutes (si l'on excepte les étranges
''objets'' que sont Crash
et Le Festin Nu.).
On comprendra alors qu'à l'époque de sa sortie, le huitième
long-métrage de David Cronenberg n'ait pas fait l'unanimité même
si au fil des ans, Videodrome
a gagné ses galons d’œuvre culte. Sans doute parce qu'il a ouvert
la porte à tout un pan d'une télévision-poubelle devenue depuis,
monnaie courante.
Directeur
de programmes indépendants à la réputation sulfureuse, Max Renn
est à la recherche perpétuelle de programmes qui pourront assurer
la survie de sa chaîne. C'est ainsi que Harlan, l'un de ses
collaborateurs, déniche un programme appelé Videodrome
dans lequel sont proposées des séances de torture à l'issue
desquelles, les victimes finissent par mourir. Mais alors que Max
croit qu'il s'agit de simulations, il apprend bientôt que les
victimes meurent réellement. C'est à cette période qu'il rencontre
Nicki Brand, l'animatrice d'une émission de radio avec laquelle il
va entretenir une liaison coupée court lorsque la jeune femme décide
de partir en reportage à Pittsburgh, là-même où se tourne le
programme Videodrome.
Pendant ce temps là, Max s'intéresse de plus en plus à cette
étrange émission et s'avère bientôt victime d'inquiétantes
hallucinations...
Concentrées
en un seul long-métrage, David Cronenberg annonce les dérives
prochaines (nous sommes alors en 1983) dont s'emparera le média
''TV'' les décennies, voir les années suivantes. Bien que nous n'en
sommes pas toujours arrivés à de telles extrémités, combien
d'années encore avant que ne déferlent sur nos petits écrans les
visions déjà apocalyptiques annonciatrices des dérives
''cathodiques'' dont fait déjà son ''beurre'' Internet et les
réseaux sociaux ? Pris à son propre piège, le ''héros'',
incarné par un James Wood fascinant, se retrouve alors dans les
mailles d'un filet dont il ne pourra s'extraire qu'en allant à
l'encontre de ses propres principes moraux. David Crononberg dénonce
également la part d'ombre qui abrite chacun d'entre nous. À Travers
la prise d'opposition formulée au départ par Niki Brand (l'actrice
et chanteuse du groupe Blondie,
Deborah Harry), laquelle s'avère elle-même adepte de pratiques
masochistes, ou Masha, qui malgré certaines réticences devant le
programme Videodrome
avoue son penchant pour les hommes beaucoup plus jeunes qu'elle.
Sado-masochisme, snuff-movies, addictions, Videodrome
dénonce l'exutoire que révèlent des programmes crapoteux auxquels
les spectateurs n'arrivent cependant pas à échapper. Nanti
d'effets-spéciaux créés par l'un des spécialistes en la matière,
le talentueux Rick Baker, le film de David Cronenberg est parmi les
plus sombres et définitifs de leur auteur. Caractérisé par des
visions hautement sulfureuses (surtout à l'époque de sa sortie) et
un propos qu'il serait bon d'éclaircir définitivement, il sera
cependant conseillé au néophyte de découvrir la filmographie de ce
maître es manipulations de la chair et de l'esprit, à travers ses
œuvres antérieures, ou mieux, par le flamboyant La
Mouche,
qui sans avoir abandonné les obsessions de son auteur, est une
excellente alternative aux déboires que connaissent la majorité de
ses personnages. Culte !
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