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jeudi 14 novembre 2019

Le Cycle de la Chair et de L'esprit: Spider de David Cronenberg (2002) - ★★★★★★★★★☆



Décidément, le réalisateur canadien David Cronenberg n'aura jamais cessé de nous surprendre. Avec Spider, sans doute a-t-il atteint l'un des points culminants de sa carrière avec La Mouche et Faux-Semblants dans son approche de la dégénérescence. Qu'elle soit physique ou intellectuelle. Une œuvre presque entièrement consacrée à la chair, qu'elle soit rose ou grise, de la manipulation génétique glissant lentement mais sûrement vers des thématiques beaucoup plus proches de la réalité. Il y a dans cette œuvre qui tourne autour de l'énigmatique Dennis Cleg que sa mère aimait à donner le sobriquet de Spider, une symbolique forte autour de plusieurs thèmes. Filmant lors de nombreuses occasions son ''héros'' dans des décors semblables à de longs couloirs (la gare ou le trottoir longeant l'usine à gaz ne signifient-ils pas ce tunnel psychologique dans lequel est enfermé Spider?), quelques figures iconiques reviennent inlassablement nous rappeler que l'on est dans la tête de Dennis Cleg, et que chaque image ne sera que le fruit de son esprit. tourmenté Entre divagations et souvenirs. Ces figures transparaissent parfois au détour d'un puzzle, d'une pelote de laine, ou plus simplement de la représentation de la mère. Celle que recherche Dennis, transféré dans un foyer après avoir passé un long séjour dans un institut psychiatrique...

Le génie de David Cronenberg, outre de nous offrir l'un des portraits de schizophrène les plus remarquable du septième art, consiste en une approche d'une rare intensité et d'une rare intelligence. Spider prend, certes, très souvent les atours d’une œuvre autiste et parfois proche des visions labyrinthiques d'un David Lynch, ouvrant par là-même, des perspectives multiples. Bien qu'étant parfois nébuleux, le scénario n'abandonne fort heureusement pas le spectateur sur des questions sans réponses mais au contraire, y répond de manière absolument traumatisante lors d'un dernier acte explicatif dont l'intensité est égal à la révélation d'un The Machinist réalisé par Brad Anderson deux ans plus tard en 2004. Reponsant sur la sobriété de sa mise en scène et surtout sur l'extraordinaire incarnation de l'acteur britannique Ralph Fiennes, Spider est une œuvre profondément tragique, mais jamais voyeuriste.

Avec toute la pudeur et la finesse qu'on lui connaît, David Cronenberg évoque un traumatisme de l'enfance en remontant aux sources du récit. Celui de Dennis Cleg, témoin et donc forcément victime d'un drame qui le toucha personnellement et continue à le hanter des décennies plus tard. Le réalisateur canadien prend le spectateur dans la toile qu'il a lentement tissée tout au long de ces quatre-vingt dix-huit minutes en le nourrissant de fausses impressions, le ''twist'' final n'en étant alors que plus marquant. Si Spider repose avant tout sur la brillante performance de Ralph Fiennes, il ne faut cependant pas écarter celle de Gabriel Byrne, qui incarne ici le personnage de Bill Cleg, celle de Miranda Richardson qui interprète le rôle d'Yvonne, ou encore celle du jeune Bradley Hall qui campe un Dennis jeune. Dérangeant, envoûtant et enfin, tétanisant, Spider bénéficie en outre de l'anxiogène partition du fidèle compositeur du réalisateur, Howard Shore, ainsi que des décors d'Andrew Sanders et de la photographie de Peter Suschitzky... Inoubliable...

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