Voilà bientôt deux ans
que Get Out
est sorti, et autant de temps que j'évite d'en évoquer l'existence
autour de moi afin qu'aucune information le concernant ne filtre et
ne vienne gâcher mon expérience. Deux ans à porter des ornières
devant les yeux et des bouchons aux oreilles. Deux ans à éviter
malgré ma curiosité, les sites internet et les articles de presses
tous dévolus à la cause de ce premier long-métrage de Jordan Peele
très majoritairement apprécié par les professionnels et le public.
Deux ans, enfin, à patienter, pour que les braises de ce trop large
engouement dont a bénéficié ce thriller horrifique ne s'éteignent.
De cet enthousiasme qui généralement a sur moi, un effet négatif.
Ô, un pote à moi a bien tenté de m'étourdir l'esprit en invoquant
l'hypothèse d'un film tournant autour de pratiques sexuelles
interraciales à la mode depuis quelques temps, mais je remercie
notre SAIgneur qu'il m'ait épargné d'en connaître par avance le
contenu réel.
Car
l'expérience Get Out
ne supportera pas de souffrir du moindre indice évoqué au préalable
et ce, même si sont convoqués des faits historiques, criminels ou
caricaturaux jetés ça et là afin de troubler l'esprit critique du
spectateur venu pour une fois, RÉELLEMENT, découvrir quelque chose de
neuf et surtout, très éloigné de ce que la presse semble avoir
besoin de considérer chaque année comme étant LE film d'horreur du
moment. Oubliez donc les derniers Hérédité
de Ari Aster et Sans un Bruit
de John Krasinski qui contrairement aux dires de certains
spécialistes son d'assez piètres films d'épouvante ne distillant
qu'en d'infimes proportions (et là, je suis généreux) les frissons
tant attendus des spectateurs orphelins de vrais bons films du
genre...
Si
parfois, je m'étends un peu trop longuement sur le récit à
proprement parler, le cas Get Out
m'oblige cependant à avancer avec prudence sur le terrain du résumé.
Pour ne pas déflorer l'intrigue qui demeurerait encore une inconnue
pour celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert, disons
que l'histoire tourne autour du jeune « black »
Chris
Washington (l'excellent acteur britannique Daniel Kaluuya), fiancé à la belle Rose Armitage
(l'actrice et chanteuse américaine Allison Williams), laquelle
convie son petit ami à venir faire connaissance avec ses parents
dans leur grande et luxueuse propriété.. Voici donc tout ce que je
dévoilerai d'une intrigue écrite par le cinéaste lui-même. Un
scénario intelligent, constitué de bribes de faits authentiquement
historiques qui mélangés donnent à contempler une œuvre qui pour
le coup, peut se vanter de réellement réinventer le genre
horrifique.
Tourné
presque exclusivement à Fairhope, en Alabama durant trois semaines
ainsi qu'à la Barton Academy et dans le Ashland Place Historic
District du centre-ville de Mobile, elle aussi en Alabama, Get
Out
est une œuvre incroyablement oppressante qui réveille d'abord la
conscience du spectateur vis à vis des traitements infligés au
peuple noir à travers la traite des noirs dès le milieu du
quinzième siècle. Et plus loin encore, à travers un détail
d'apparence anodine mais qui trahit l'un des aspects fondamentaux du
récit mais que je ne vous révélerai pas dans le cas présent.
D'autres références semblent motiver le cinéaste à moins qu'il ne
s'agisse simplement de l'esprit bouillonnant du spectateur
nourrissant le fantasme qui s'étale devant son regard à travers ses
propres références cinématographiques ? Toujours est-il que
l'on aura beau réfléchir, tenter de saisir le fond du problème, ou
d'en découvrir le dénouement avant que le générique de fin ne
survienne, le film de Jordan Peele est une très belle expérience.
Mise en scène et interprétation sont remarquables. Si les quelques
« Jump
Scares »
du début risquent d'en rebuter certains (je me souviens m'être fait
la réflexion que si la peur ne provenait que de ce genre de gimmick,
je risquais de très vite m'ennuyer), ils disparaissent au profit
d'une horreur psychologique efficace. Si comme moi vous avez fait
l'effort de patienter jusqu'à aujourd'hui, abandonnez vos travaux
actuels et foncez louer Get Out...
vous n'en reviendrez peut-être pas...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire