De la fiction...
Quarantième article
consacré aux tueurs qui inspirent le 7ème art, La Prochaine
Fois je Viserai le Cœur
se penche sur un cas français très particulier puisque le tueur
dont il s'agit est un gendarme et par conséquent, un homme au dessus
de tout soupçon. Faisant référence à l'une des phrases écrites
aux enquêteurs par l'assassin lui-même dans l'un des courriers
qu'il leur fit parvenir par jeu et par provocation, le film est assez
fidèle au fait divers réel ayant eu lieu entre mai 1978 et avril
1979. Le cinéaste Cédric Anger auteur de trois longs-métrage
avant celui-ci et de L'Amour est une Fête
l'année dernière s'attache donc à retranscrire sur grand écran
avec la plus grande fidélité, le parcours sanglant d'Alain
Lamare, affublé dans la presse à l'époque du surnom de «
tueur fou de l'Oise ».
Plutôt
que de s'attarder longuement sur l'enquête menée en collaboration
entre la Gendarmerie et la Police, le cinéaste s'intéresse
davantage au profil du tueur en lui accordant une très grande
majorité des scènes. Afin d'incarner le rôle d'Alain Lamare (ici
renommé Franck Neuhart), Cédric Anger fait appel à l'acteur
Guillaume Canet qui imprime au personnage un comportement trouble et
froid. Insensible, dénué d’empathie, cynique (les lettres qu'il
envoie à ses collègues en sont la meilleure preuve), Franck rôde
dans la campagne de l'Oise, traquant des jeunes femmes isolées,
choisissant de préférence des auto-stoppeuses q'il abat froidement
à l'aide de son arme de service.
Plusieurs
particularités différencient ce tueur de la majorité d'entre eux.
Comme le véritable assassin qui terrifia la région de l'Oise alors
que ses habitants n'étaient pas encore tout à fait remis des crimes
commis avant ceux du véritable Alain Lamare par un autre tueur en
série, le célèbre Marcel Barbeault, dit, « Le
tueur de l'ombre »,
Franck enquête lui-même sur ses propres meurtres. Autre détail
assez troublant : chacun des meurtres est exécuté en laissant
le sentiment que leur auteur le perpétue avec dégoût, difficulté,
et une certaine douleur. D'ailleurs, le portrait que dresse le
cinéaste de son assassin est assez déprimant : Incapable
d'éprouver le moindre sentiment, Franck est un être solitaire qui
ne côtoie personne en dehors de ses activités professionnels.
Relativement éloigné sentimentalement de ses parents, c'est avec la
plus grande des difficultés qu'il parvient à nouer une relation
avec la jeune Sophie (interprétée par la touchante Ana Girardot).
La Prochaine Fois
je Viserai le Cœur évoque
dans tous les recoins, cette noirceur qui habille le personnage
parfaitement intégré par Guillaume Canet qui offre ici l'une de ses
toutes meilleures compositions. Sobre et marqué par la présence
d'interprètes remarquables de justesse, l’œuvre de Cédric Anger
est sombre quel que soit le compartiment. La bande-son de Grégoire
Hetzel, la photographie de Thomas Hardmeier, ou les décors de
Thierry François, tout évoque la grisaille. Tourné sur
plusieurs site du Pas-de-Calais, La Prochaine
Fois je Viserai le Cœur
est une grande réussite, dont le principal atout est de présenter
un fait-divers réel sous un nouveau jour...
… à
la réalité
Alors
que Marcel Barbeault est arrêté le 14 décembre 1976, moins de deux
ans plus tard, les gendarmes découvrent Karine, une adolescente de
dix-sept ans abattue de trois balles dans les rues de
Pont-Sainte-Maxence. Elle sera la première victime d'Alain Lamare,
un gendarme qui n'aura au final pas le droit au terme de « tueur
en série »
puisque de ses cinq tentatives de meurtres, quatre de ses victimes en
réchapperont par miracle. Arrêté par ses collègues ainsi que par
un officier général qui lui ordonne de signer sa démission, Alain
Lamare est déclaré irresponsable par plusieurs psychiatres qui le
diagnostiquent comme héboïdophréne. Résultat, « le
tueur fou de l'Oise »
ne se retrouve donc pas en prison mais est redirigé vers l'hôpital
psychiatrique de Sarreguemines en Moselle. Depuis, il a
changé d'établissement où il est devenu aide-soignant...
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