Je ne sais combien de
longs-métrages tournant autour des gardes à vue ont été tournés
de part le monde, mais je suis certain d'une chose : l'un des
meilleurs représentants demeure chez nous le Garde à Vue
que le cinéaste français Claude Miller réalisa en 1981,
admirablement interprété par Lino Ventura, Michel Serrault, et
accessoirement Guy Marchand. A savoir qu'un remake intitulé
Suspicion
a été réalisé en 2000 par le cinéaste américain Stephen
Hopkins. Le scénariste et réalisateur italien Giuseppe Tornatore
s'essaya à l'exercice treize ans plus tard en 1994 en dirigeant
Roman Polanski et Gérard Depardieu dans le très curieux Un
Pure Formalité,
mais c'est en 2001, et avec son premier long-métrage que l'acteur et
cinéaste Olivier Marchal a débarqué en force avec Gangsters.
Une première œuvre pour un résultat fort satisfaisant qui malgré
son intrigue centrée autour de la garde à vue d'un homme et de sa
compagne après qu'un massacre ait eu lieu dans une boite de nuit
laisse déjà entrevoir le style d'un cinéaste qui ne cessera de
peaufiner son œuvre jusqu'au dernier, et excellent, Carbone.
Pour
sa première incartade dans l'univers du thriller, Olivier Marchal
plonge Franck Chlevski, un petit truand de longue date et sa compagne
Nina Delgado, prostituée, au cœur d'une affaire qui intéresse
vivement les membres d'un commissariat situé dans le dix-huitième
arrondissement de la capitale française. Le principe est clair. D'un
côté, Franck et Nina, accusés d'avoir participé au massacre et
d'avoir dérobé quatre-vingt millions d'euros de diamants, de
l'autre, les commandants Eddy Dahan, Marc Jansen, accompagnés de
plusieurs inspecteurs et chargés de faire la lumière sur cette
affaire qui a causé la mort de sept personnes dont le truand 'Petit
Claude'..
Durs à cuirs, Franck et Nina restent muets quant à leur
participation éventuelle au massacre et au vol des diamants. Usant
de méthode radicalement différentes, de celle qu'utilise son
principal concurrent Dahan, Jansen, après avoir interrogé le deux
suspects décide de passer à l'étape suivante et se montre de moins
en moins compréhensif envers le couple qu'il commence à maltraité
en compagnie de l'inspecteur 'Rocky'.
De plus, Franck soupçonne que parmi les flics du commissariat,
certains pourraient avoir un rapport direct avec les événements
pour lesquels lui et Nina sont accusé...
Pour
un premier film, Olivier réussit à tenir le public en haleine. Un
huis-clos très efficace qui prend pour cadre un commissariat avec
tout ce que cela peut supposer, surtout lorsque la nuit tombe et que
certains flics se sentent d'humeur violente. Entre l'intégrité de
certains et les ripoux qui gangrènent la profession, difficile au
premier abord de savoir qui respecte l'ordre, et qui, malgré son
engagement, a choisi de franchir la frontière entre intégrité et
criminalité. Surtout que qu'Olivier Marchal s'offre un casting
incroyable. De vraies belles gueules de cinéma aux interprétations
interchangeables : outre le couple formé par Richard Anconina
et Anne Parillaud, Gangsters nous
présente des flics aussi flippants que les criminels qu'ils sont
chargés de traquer : la froideur de François Levantal, le
regard glaçant de Gérald Laroche, le chien fou Francis Renaud, et
dans une moindre mesure, l'apathique (et néanmoins excellent) Guy
Lecluse. A voir leur personnage respectif s'acharner sur Franck et
Nina, le spectateur finit par se demander ce qui peut bien les
séparer au fond, d'un truand comme celui qu'interprète l'épatant
Jean-Louis Tribes.
On
pourra en revanche regretter certains des quelques flash-back qui
émaillent le récit et qui révèlent en partie la 'position'
de Franck et Nina dans toute cette histoire. Une manière fort peu
convenable d'aborder une facette de l'intrigue et qui amenuise
l'impact du twist final. Mais à part ça, Gangsters
est
vraiment un très bon polar français et une belle entrée en matière
pour Olivier Marchal...
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