Qui aurait cru que devant
cette œuvre signée de l'improbable auteur du récent Alien
Crystal Palace
j'allais éprouver des sentiments plutôt positifs au regard de la
malveillance que je m'attendais à exprimer une nouvelle fois ?
Opium
est le grand frère du dernier long-métrage d'Arielle Dombasle
puisqu'il lui est antérieur de six années, et pourtant, lorsque
l'on s'est infligé le spectacle d'un Alien
Crystal Palace foutraque,
grandiloquent, kitsch et très mal interprété, Opium,
lui, paraît parfois bien innocent, sinon timide dans toutes les
cases à cocher qui participent à l'élaboration du ''mythe''.
Contrairement à son dernier effort, l'actrice-réalisatrice ne s'y
offre pas le rôle principal mais le confie à l'acteur Grégoire
Colin qui dans la peau de Jean Cocteau, a la difficile tâche
d'évoquer ses amours avec le jeune écrivain Raymond Radiguet,
surtout connu pour avoir très tôt été l'auteur du célèbre roman
Le Diable au
Corps.
En consommateur d'opium, poète, dessinateur et auteur de pièces de
théâtre, Grégoire Colin distille une certaine grâce, du moins, le
charisme nécessaire pour croire à cette histoire que vécurent
réellement les deux hommes sans que le film ne tombe tout à fait
dans le grotesque et l'invraisemblable...
Arielle
Dombasle réunit une brochette de célèbres personnages (le danseur
Vaslav Fomitch Nijinski, Maurice Sachs, Coco Chanel ou encore Paul
Morand) dans un tourbillon qui ne dépareillerait presque pas avec La
Note Bleue
d'un Andrzej Zulawski pour le coup, beaucoup moins inspiré. Car en
effet, si l'on peut trouver à Opium
de nombreux défauts, le montage de Xavier Sirvin (Moussem
les Morts
de Jean-Baptiste Alazard et Vincent Le Port en 2010, La
loi de la Jungle d'Antonin
Peretjatko en 2016), la mise en scène chaotique, la
post-synchronisation parfois catastrophique, l’œuvre d'Arielle
Dombasle possède un charme suranné qui, si elle n’envoûte jamais
vraiment le spectateur, parvient tout de même à le garder concentré
devant le spectacle. Une valeur qui a son importance si l'on tient
compte du fait que la réalisatrice s'est attachée les services de
Vincent Darré pour la direction artistique et d'un nombre important
de professionnels spécialisés dans le Sound-Design
et les effets visuels pour au final accoucher d'une œuvre qui
oscille entre le pathétique et le poétique.
Sans
ambages, osons définir Opium
ainsi : mélange surréaliste, psychédélique, musical et
nanardesque où croiseraient le fer David Lynch, Alessandro
Jodorowsky, Andrzej Zulawski, Luis Buñuel et Salvador Dalí, le
cirque Barnum, le cabaret, l'intelligentsia littéraire du début des
années 1900 et une certaine idée de la poésie mise en images dans
de très artistiques séquences en noir et blanc, le long-métrage
d'Arielle Dombasle n'est pas la vision ridicule qu'aimeraient sans
doute imposer ses détracteurs. Bien entendu, la réalisatrice est
loin d'imposer un divertissement digne des grands noms cités plus
hauts, mais cependant, quelques séquences, malheureusement gâchées
par des scènes absolument indigestes, maintiennent le spectateur
éveillés. Arielle Dombasle y met en image la poésie de Jean
Cocteau sur lequel repose pas mal de monologues et de dialogues.
Réduit à ses seuls passages en noir et blanc, Opium
aurait peut-être été digne de figurer dans le top cent du courant
cinématographique surréaliste. Certaines séquences demeurent tout
de même parfaitement acceptables. Outre celles en noir et blanc,
kitsch mais ô combien poétiques, le spectateur appréciera sans
doute les errances intimes et intestines de Jean Cocteau,
l’exubérance un peu surjouée de Samuel Mercer dans le rôle de
Raymond Radiguet, la partition musicale, simple, mais plutôt jolie
et mélancolique de Philippe Eveno (qui participa déjà à celle de
Je suis un no Man's Land
en 2010) et bien sûr la présence toujours appréciable de Philippe
Katerine qui dans le cas présent incarne le danseur Nijinski...
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