Pour le Béret vert
américain ancien combattant du Vietnam John James H. Rambo, c'est
une journée de merde qui commence. D'abord, il apprend que le
dernier de ses compagnons d'arme est mort d'un cancer six mois plus
tôt. Ensuite, voilà qu'il est refoulé jusqu'aux portes de Hope,
petite ville tranquille dirigée par le shérif Will Teasle qui lui
refuse la possibilité de se restaurer. La pluie se met alors à
tomber et Rambo décide d'aller à l'encontre du shérif et de
revenir à Hope. Mauvaise idée : alors que dix minutes plus tôt
démarraient les aventures de ce tout premier volet d'une saga qui en
comptera cinq, l'ancien combattant incarné par Sylvester Stallone
est plongé au fin fond d'une montagne, poursuivi par le shérif et
ses hommes. En seulement dix minutes, pas une de plus, le
réalisateur canadien d'origine bulgare Ted Kotcheff (Wake in
fright en 1971, Uncommon Valor en 1983) a posé
les bases de tout ce qui fait le sel et l'intérêt de First
Blood
sorti chez nous sous le titre Rambo.
Adaptation du roman éponyme de l'écrivain canadien David Morell,
Rambo
constitue non seulement l'un des plus formidables films d'action et
de ''guerre'' des années quatre-vingt, mais également l'une des
critiques les plus acerbes sur le traitement des anciens combattants
ayant fait la guerre au Vietnam...
Si
pour la ménagère de plus de cinquante ans la seule évocation du
titre résonne sans doute comme un film bourrin, testostéroné à
outrance, et sans une once de profondeur, le scénario écrit à six
mains par Michael Kozoll, William Sackheim et Sylvester Stallone et
la mise en scène plus subtile qu'il n'y paraît de Ted Kotcheff
prouvent le contraire. Bien entendu, il est inutile d'espérer voir
beaucoup d'autres choses que l'affrontement entre un shérif retord
et un ancien béret vert rompu au combat. C'est ce que demande le
public, et tant mieux, puisqu'il sera servi. Ce qui n'empêche pas ce
premier volet de la franchise d'aborder le saisissant contraste qui
existe entre le héros et l'antagoniste. Le héros demeurant bien
évidemment le personnage incarné par Sylvester Stallone et pour
lequel, le spectateur ne pourra s'empêcher de prendre fait et cause.
Les rôles sont donc ici inversés puisque le méchant du film
demeure bien le shérif Will Teasle. Ce gentil shérif, ''bonhomme''
envers ses concitoyens mais absolument détestable envers Rambo. Un
personnage ambigu, donc, admirablement interprété par le colossal
Brian Dennehy.
Rambo
est un vrai film de guerre. Et même si les personnages n'y croisent
aucune rizière ni aucun camp de prisonniers, il s'agit bien d'un
affrontement. Un homme seul face à des dizaines. L'armée et les
autorités et face à elles comme seul espoir et seule alternative :
le soutien du Colonel Samuel Trautman. Celui qui forma durant trois
ans au Vietnam l'homme qu'est devenu Rambo, est qui est incarné ici
par l'acteur américain Richard Crenna.
Décors
multiples. Entre la petite localité de Hope, une montagne recouverte
de sapins, et une mine inondée, Rambo évolue et révèle sa nature
profonde d'ancien béret vert ayant connu les pires horreurs au
Vietnam. Capable de survivre en milieu hostile, on le découvre
confectionnant des pièges à l'attention des hommes qui le traquent,
capable de s'orienter, de chasser le sanglier... Et pour rendre
encore plus crédible son personnage, Sylvester Stallone n'hésite
pas à donner de sa personne en mettant sa vie en danger. Car
croyez-le ou non, mais il effectua lui-même la cascade qui
consistait pour Rambo à sauter d'une falaise, des sapins devant
réduire sa chute. Résultat : trois côtes cassées.
Composé
par le célèbre Jerry Goldsmith, le score oscille entre l'épique et
l'émotion. Entre les différentes scènes de poursuite et
d'affrontements et le superbe thème qui ouvre le long-métrage. Film
d'action obligé, Rambo
se termine sur un véritable florilège d'explosions lors d'une
séquence que l'on pourra apprécier à différents niveaux que l'on
soit davantage attaché à la critique sociale ou à l'actionner
qu'est en grande partie le film de Ted Kotcheff. Rambo,
c'est également des répliques cultes inoubliables : ''Je
ne viens pas sauver Rambo de la police, je viens sauver la police de
Rambo !'',
''En ville, tu
fais la loi. Ici, c’est moi. Alors fais pas chier. Fais pas chier
ou je te ferai une guerre comme t’en as jamais vue.'',
''Si vous lancez
vos hommes, n’oubliez pas une chose [...] Réservez-leur une place
à la morgue.''
ou encore, ''Un
homme qui a appris à ignorer toutes les souffrances, à ignorer le
temps, à vivre sur le terrain, à manger des choses qui feraient
vomir un bouc!''.
Il
y a ceux qui firent connaissance avec l'acteur Sylvester Stallone à
travers Rocky.
D'autres grâce à Rambo.
Que l'on ait découvert ce dernier au moment de sa sortie sur grand
écran, en VHS ou lors d'un passage à la télévision, l'expérience
fut à coup sûr aussi forte pour chacun(e) d'entre nous. Un film
à voir, à revoir, encore et encore...
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