Le point commun entre Frank Darabont, Stanley Kubrick, George A.
Romero, Brian De Palma, David Cronenberg ou Mick Garris ? Ils
ont tous, à leur tour, œuvré pour que soient transposés sur grand
écran les écrits du plus célèbre écrivain d'épouvante, Stephen
King. Eux, mais bien d'autres également. John Carpenter lui-même si
est mis. En 1983. en adaptant le roman Christine sous le titre
John Carpenter's Christine,
le cinéaste américain se doutait-il qu'il allait réaliser là,
l'un de ses meilleurs films ? Produit par Richard Kobritz, lequel
avait déjà assuré la production de la mini-série deTobe Hooper
Salem's Lot,
le film de John Carpenter est, dans son genre, un classique. Une œuvre culte. Un monument. Un long-métrage qui, si l'on y réfléchit
bien, ne s'éloigne pas tant que cela du style du cinéaste qui
allait bientôt aborder le Mal sous un angle moins improbable tout en
demeurant foncièrement utopique (Prince
des Ténèbres).
John Carpenter's
Christine
n'est pas qu'un film d'épouvante mais bien une histoire d'amour.
Certes, peu commune, mais presque aussi forte que celui que peuvent
partager un homme et une femme. Ici, l'homme, c'est Arnold
Cunningham, dit Arnie.
Souffre-douleur de ses petits camarades du
cours de mécanique, l'adolescent peut compter sur le soutien de
Dennis Guilbert, footballeur très apprécié de ses camarades et
populaire auprès de la gente féminine. Pas comme Arnie que John
Carpenter présente tout d'abord sous les traits d'un gamin malingre,
un peu gauche, blafard, porteur d'une paire de lunettes qui lui
dévorent le visage. Alors qu'il n'a jamais connu l'amour et que
Dennis le presse de se trouver une petite amie, Arnie tombe follement
amoureux... d'une voiture. Une Plymouth Fury 1958 en très mauvais
état qui traîne dans le jardin de son propriétaire. Enfin, de
celui de son frère puisque le véritable propriétaire, lui, est
mort. Semble-t-il, à cause de cette vieille turne rouillée. Dennis
flaire l'arnaque et a beau dire à Arnie de ne pas la prendre, ce
dernier reste sourd et paie les 250 dollars que lui demande le
propriétaire. A ce propos, l'acteur qui incarne George leBay,
l'homme qui revend la voiture à Arnie est Roberts Blossom, que l'on
a pu notamment voir dans le sinistre Deranged
ou encore en prisonnier modèle dans L’Évadé
d'Alcatraz
aux côtés de Clint Eastwood.
Une
histoire d'amour entre une voiture presque entièrement rouge et un
Arnie qui au contact de la bête va se décomplexer. Un adolescent
qui avait besoin sans doute de cela pour s'affranchir de ses parents.
Enfermée dans un garage, la voiture, prénommée Christine va
retrouver une seconde jeunesse grâce aux talents de réparateur
d'Arnie mais également grâce à la spécificité toute particulière
de l'engin. Capable de se régénérer toute seule, Christine semble
de plus, mue par une vie propre. L'amour que partage Arnie avec la
plus belle étudiante de l'université n'arrange pas les affaires de
la Plymouth qui le fait savoir à son nouveau propriétaire. John
Carpenter extrapole le sujet à travers cet amour véritablement
fusionnel entre deux entités qui se ressemblent. D'un côté, un
adolescent quelconque, fade, peu attirant au point qu'on lui
prêterait presque un visage boutonneux alors qu'il n'en est rien.
Plus sur de lui que jamais, Arnie change de comportement. Comme
beaucoup de jeunes de son âge, les conflits parents-enfant naissent
au sein du foyer et bientôt leur relation dégénère. Christine, à
sa manière, est une jeune femme séduisante. Très amoureuse
d'Arnie, d'une façon que l'on devine évidemment différente, ne
supporte pas la concurrence. Surtout pas celle de la jolie Leight
Cabot qu'incarne l'actrice Alexandra Paul.
On
frise ici le chef-d’œuvre. John Carpenter maîtrise son sujet à la
perfection. Il se dégage de John
Carpenter's Christine un
doux parfum de mélancolie. Un malaise accentué par la bande
originale composée par le cinéaste lui-même, accompagnée de
plusieurs standards américains. Christine
est noir, très noir. Plus le récit progresse, et plus on ressent
l'état dépressif et euphorique du héros magistralement interprété
par le jeune Keith Gordon. Le choix de l'acteur, ainsi que celui
d'Alexandra Paul est le fruit d'un forcing opéré par Richard
Kobritz et John Carpenter qui désiraient tous deux avoir des
interprètes inconnus tandis que Columbia Pictures misait sur Brooke
Shield et Scott Baio. N'oublions pas les incroyables effets-spéciaux
qui même encore aujourd'hui font leur petit effet. Le principe est
des plus simple mais demeure redoutable d'efficacité. L'un des tout
meilleurs longs-métrages de John Carpenter...
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