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mardi 3 octobre 2017

John Carpenter's Escape from L.A. de John Carpenter (1996) - ★★★★★★★☆☆☆



1981 : New York 1997. 1996 : John Carpenter's Escape from L.A.. Entre les deux longs-métrages, quinze années. Quinze ans à mûrir un concept qui n'aura finalement pas changé. Deux films d'anticipation décrivant deux univers semblables. Deux cités-prisons peuplées d'autochtones se battant pour leur survie. Et à la tête desquelles des barbares charismatiques organisent des spectacles sanguinaires comme au temps de la Rome antique. Bienvenue chez John Carpenter. L'artisan de la série B. Bienvenue à Snake Plissken, sur lequel le temps n'a pas de prise. L'homme au bandeau noir est de retour., troquant son vieux costume contre un uniforme entièrement noir et furtif. C'est un peu la même histoire qui recommence. Le virus a remplacé la bombe. Le président n'est plus désormais celui qui tombe entre les griffes des malfrats mais celui qui organise une mission dont le sujet est la récupération d'une boite noire renfermant les commandes de satellites militaires diffusant des impulsions électromagnétiques. Seul l'acteur Kurt Russell revient dans cette nouvelle mission. Stacy Keach remplace Lee Van Cleef. Cliff Robertson remplace Donald Pleasance. Ernest Borgnine est relayé par Steve Buscemi. Quand à Adrienne Barbeau, son personnage est abandonné au profit de celui qu'incarne l'ancienne égérie de la blaxploitation Pam Grier.
John Carpenter nous soumet des individus aussi étranges et antipathiques que par le passé. Grier en transsexuel. Buscemi en homme de main veule. Robertson en nihiliste... Utopia, fille du président des États-Unis d'Amérique arbore le visage fier et prétentieux de la jeunesse américaine dorée à qui tout réussi mais qui se sent investie d'une mission. Acoquinée à un ersatz d'Ernesto Rafael Guevara (incarné par l'acteur George Corraface), dit le « Che », elle n'est rien de plus, rien de moins qu'une fille à papa friquée en pleine crise post-adolescente. La fille à baffes. De ces pouffes qui avant l'heure auraient passé leur temps devant de débiles émission de télé-réalité si l'occasion leur avait été donnée. Noir c'est noir dirons-nous. Oui, sans doute, mais pas tant que cela. Moins qu'en 1981 où l'anticipation vue à travers les yeux de Carpenter ne nous paraissait peut-être pas encore aussi proche de la réalité.

Séparée du reste du continent, Los Angeles regroupe tout ce que génère de criminels l'Amérique. Une Amérique, loin d'être irréprochable puisqu'à sa tête se trouve un président qui fait écho à celui pour lequel les américains ont voté dernièrement. Un dictateur capable de sacrifier sa propre fille sur la chaise électrique pour briller aux yeux de ses concitoyens. Une Amérique propre, accumulant les interdits. Fumer vous condamne à l'île-prison à vie. La vision de John Carpenter semblera sans doute un peu poussive mais à l'allure où vont les choses, nous fonçons droit dans le mur. Le cinéaste fait le constat d'une hypocrisie galopante. Son pays en prend pour son grade. Carpenter fusille du regard les institutions. L'armée ressemble à une milice et exécute les ordres d'un président psychopathe. Les médias se font voyeurs et pourvoient les citoyens de ce si beau et fier pays d'images violentes. Une nourriture sanguinolente dont se repaissent des américains prônant le retour à certaines valeurs.
Ce monde là, John Carpenter le vomit tant et si bien qu'à plusieurs reprises, on comprend que Los Angeles, malgré ses décors sinistrés de carton-pâte et de mate-painting, est considéré par ses habitants comme un lieu méritant qu'on y demeure. Un monde sans interdits. Sans barrières. Un lieu de liberté.
Sous pas mal d'aspects, John Carpenter's Escape from L.A. ressemble à s'y méprendre à New York 1997. Peut-être un peu moins austère et pessimiste dans la forme, le spectacle est en tout cas au rendez-vous. On aurait pu craindre une suite sans saveur, ce que laisse d'ailleurs entrevoir les premières minutes, mais on est ensuite très vite rassurés. Et puis, il demeure cet immense plaisir de retrouver Kurt « Snake Plissken » Russel dans l'un de ses rôles les plus populaires. Quelques scènes inédites surnagent au milieu d'un scénario reprenant les grandes lignes de l’œuvre séminale (Plissken envoyé en terre hostile, l'arène, les différentes tribus, etc...). On appréciera d'autant plus ces nouveautés que certaines ont vraiment de la gueule. Comme cette étonnante plongée dans une communauté de « ratés de la chirurgie esthétique » dirigée par un chirurgien de Bervely Hills sous les traits duquel se cache un certain... Bruce Campbell. Egalement au générique, l'acteur Peter Fonda dans le rôle d'un surfer un peu... givré.  John Carpenter's Escape from L.A. demeure une belle réussite. 
A quand le retour de Snake... ?

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