L'Île des
Morts-Vivants est l'avant dernier long-métrage du cinéaste
italien Bruno Matteï que les amateurs de nanars connaissent bien
puisqu'il fut l'un des plus flamboyant pourvoyeurs de séries Z
jusqu'à sa mort en 2007. Celui qui tournait parfois sous le
pseudonyme Vincent Dawn n'a jamais cessé de réaliser des films
d'horreur fauchés. De ses débuts en 1970 jusqu'en 2007. En 2008
sortira même son dernier long-métrage posthume, Zombi : la
Creazione. Dès 2002 et L'Altra Donna, Bruno Matteï se
contente de tourner en vidéo. L'Île des Morts-Vivants ne
dérogeant pas à cette règle qui consiste à mettre en scène des
actrices et acteurs médiocres, le film propose une intrigue tournant
autour de l'équipage d'un navire échoué qui une fois réfugié sur
une île apparemment déserte est confronté à une horde de zombies
conquistadors qui furent attaqués environ quatre cent ans auparavant
alors même qu'ils tentaient d'enterrer des cadavres.
C'est
donc de nos jours que le capitaine Kirk (voyez la référence à Star
Trek)
et son équipage sont à la recherche d'un trésor enfoui sous les
mers. Après avoir mis la main sur un très vieux coffre en bois
renfermant de très nombreuses pièces d'or (avant d'en perdre le
contenu après l'avoir extrait des fonds marins), Kirk et ses
compagnons, Fred, Sharon, Victoria, Snoopy , Tao, Max et Mark se
retrouvent donc sur l'île déserte en question. Enfin, pas si
déserte que ça puisqu'ils vont réveiller les cadavres des
conquistadors qui, ma foi, demeurent dans un état assez satisfaisant
si l'on tient compte du fait qu'ils sont morts depuis quatre siècles.
Ce
qu'il faut savoir avant toute chose avec Bruno Matteï, ou Vincent
Dawn pour ceux qui préfèrent se référer au nom inscrit au
générique, c'est que l'on est face à un cinéma qui néglige toute
forme de professionnalisme. C'est du Z pur jus. Un sujet intéressant
mais une interprétation frustrante pour qui n'est pas préparé.
Outre le fait que le film s'inspire autant du zombie tel qu'il est
conçu en tant qu'élément du bestiaire fantastique ,que de la
légende vaudou, Bruno Matteï invente un nouveau genre de créature
décharnée, capable de régénérer les membres perdus au combat
(j'en veux pour preuve le bras arraché repoussant à la base du
moignon de son propriétaire). Malheureusement, cette idée fort
sympathique est plombée par une interprétation catastrophique de
l'ensemble des interprètes. De l'égérie de Bruno Matteï Yvette
Yzon qui parcoura une petite dizaine de ses longs-métrages, jusqu'à
Gaetano Russo en capitaine de bateau amorphe, en passant par
l’inénarrable et incompétent Alvin Anson, qui dans le genre, est
l'exemple même du tâcheron qui n'a rien à faire sur un plateau de
tournage.
Mais
c'est justement ce qui fait la force du cinéma de Bruno Matteï et
rendent presque indispensables aux amateurs de nanars, ses
longs-métrages pittoresques dignes de films amateurs. Ce qu'ils
demeureront d'ailleurs malgré son expérience en tant que cinéaste
de plus de trente ans. La durée de son expérience n'inspirant
apparemment pas son auteur, cet avant dernier film de Bruno Matteï
est aussi mauvais (et donc remarquablement jouissif) que ses
classiques passés. On retrouve le Matteï de Virus
Cannibale,
des Rats de Manhattan
ou de Robowar.
Le genre de références monumentales dont les seuls noms inspirent
autant de railleries que de respect.
L'un
des atouts fondamentaux de L'Île des
Morts-Vivants
ne se situe très certainement pas au niveau des effets-spéciaux.
Bien que l'on ait déjà vu pire ailleurs. Non, l'un des points
d'intérêts du film demeure en fait dans le doublage français qui
demeure, je vous le jure, un monument du genre. Les doubleurs
redoublent (!!!) d'énergie pour rendre encore plus lénifiants les
personnages de l’œuvre du cinéaste italien. Volontaire ou pas,
l'humour y est décuplé par un doublage approximatif, totalement à
l'opposé de ce que l'on est en droit d'attendre d'un film d'horreur.
Les doubleurs ont l'air si peu impliqués que la plupart des scènes
deviennent 'jubilatoirement'
drôles ! L'Île des Morts-Vivants est
un concept à lui tout seul. Entre invasion de zombies conquistadors,
lyrisme de supermarché, légendes ancestrales, et exploration de
décors en carton-pâte, le film est définitivement un chef-d’œuvre
du cinéma Z. Qu'on le veuille... ou non !
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