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vendredi 20 mai 2022

Adoration de Fabrice du Welz (2021) - ★★★★★★★★☆☆

 


En l’espace d’une quinzaine d’années, le réalisateur belge Fabrice du Welz a bâtit une œuvre unique en faisant souvent évoluer ses personnages dans des contrées d’une angoissante beauté. Passé grand maître dans l’art d’incommoder les spectateurs, ses films se suivent mais ne se ressemblent pas vraiment. Qui pourra dire lequel est le plus réussi et lequel est le plus contestable ? « Calvaire » ? « Vinyan » ? « Colt 45 » ? « Alléluia » ? « Message from the King » ? Ou bien le tout dernier en date « Adoration » ? Lequel mérite que l’on s’y attarde le plus ? 
 
Six ans après « Alléluia », on pouvait craindre que le charme soit rompu. Que le belge ne parviendrait sans pas à retrouver une telle inspiration dans la mise en scène. Mais très vite il nous rassure. « Adoration » arrive sans doute subjectivement en seconde place dans une carrière qui espérons le ne fait que commencer . Deuxième mais pas des moindres puisque cette histoire passionnée et passionnante nous présente l’un de ces couples qu’il sera difficile d’oublier. Deux gamins en perdition, mais unis pour la vie. Un Road movie pédestre et à bord d’une barque pour un voyage terriblement troublant. Thomas Gioria et Fantine Harduin interprètent respectivement Paul et Gloria. Lui vit avec sa mère tandis qu’elle est traitée pour troubles psychiatriques. Ensemble ils prennent la fuite dans l’espoir de retrouver le grand-père de Gloria qui vit en Bretagne…
 
Entre hystérie, passion, plongée dans des contrées brumeuses et rencontres (clin d’œil à l’immense Benoît Poelvoorde) diverses, « Adoration » dépasse tout ce que l’on a l’habitude de découvrir sur grand écran. Si la passion, dévorante, est belle, elle revêt également une certaine forme de morbidité. Fabrice du Welz filme son histoire d’amour de manière aussi poétique que dérangeante. On est séduits par ces deux gamins franchement paumés tout en ressentant parfois un inconfort qui peu même glisser jusqu’au malaise. 
 
La photographie de Manuel Dacosse est parfois sublime et confine au surréalisme. Un sentiment que l’on partage devant certains décors de Emmanuel de Meulemeester. Quant à l’incroyable partition musicale de Vincent Cahay, elle colle à la peau comme une mauvaise sueur. Fabrice du Welz signe une fois encore un très grand long-métrage. Il faudra cependant s’armer d’un solide moral car l’expérience est parfois rude. Mais alors, quelle récompense en retour…

dimanche 28 juillet 2019

Happy End de Michael Haneke (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Ceux qui voudraient se lancer pour la première fois dans l'univers froid, tortueux et austère du cinéaste autrichien Michael Haneke risquent d'être désabusés, du moins, déboussolés devant cet exercice de style dont le but premier ne semble pas tant de vouloir divertir son auditoire que de décrire la lente implosion du cercle familial à travers cette impossibilité de communiquer entre membres d'une même famille et l'individualisation contrainte et forcée de chacun motivée par l'utilisation des technologies les plus récentes. Ça n'est donc pas un hasard si le cinéaste ouvre les hostilités en observant une femme filmée à l'aide d'un téléphone mobile et agissant visiblement sur ordre de celui qui la filme. Rien que cette mise en forme annonciatrice de l'approche future de ce Happy End indéniablement ascétique et dénué de toute notion de divertissement, est en soit une idée absolument fabuleuse si Michael Haneke avait pour autant pris la décision de la pratiquer durant les cent minutes qui suivirent. Sauf que pour le confort du spectateur, ou plus simplement pour aborder son film sous un angle visuellement moins étriqué, l'image passe de ce cadre étroit à un format plus conventionnel. Ce qui ne sera pas le cas du récit qui de son ampleur dramatique formellement sinistre, ressemblerait presque à du cinéma d'auteur façon ''pièce de théâtre'' expérimentale.

Du moins est-ce la vision que pourrait avoir le néophyte puisque l'amateur qui découvrit il y a longtemps Michael Haneke notamment à travers sa trilogie de la ''Glaciation Émotionnelle'' ou ses quelques fulgurants et traumatisants longs-métrages que sont, par exemple, le Funny Games de 1997, La Pianiste ou Caché, risque lui, de vivre cette nouvelle expérience du domaine du cercle familial bourgeois se détruisant de l'intérieur, sans doute pas sans éprouver le moindre inconfort, mais au moins, dans un bien-être relatif. Si le récit paraît parfois insignifiant et sans âme, c'est dans le détail que percevra le spectateur chanceux ces éclairs de génie où réside tout l'intérêt du dernier long-métrage du cinéaste autrichien. Filmés de près, de loin, avec ou sans le soucis de rendre perceptibles les dialogues, Michael Haneke filme tour à tour les membres d'une famille aisée qui ne semble avoir de parfaite que l'apparence. À titre d'exemple, Michael Haneke insiste parfois sur la position prise par les domestiques d'origine maghrébine travaillant au service de la famille Laurent. Manière de courber l'échine, de demeurer immobile dans l'attente des ordres attendus de la mère de famille incarnée par Isabelle Huppert... difficile de ne pas se sentir coupable devant ce couple incarné par Nabiha Akkari et Hassan Ghancy, victimes de l'indifférence d'un patriarche incarné par un Jean-Louis Trintignant amaigri et que l'on sait atteint d'un cancer. Pour autant faut-il s'émouvoir devant ce personnage peu enclin à la sympathie qu'incarne cet immense acteur ? Devant lequel on s'abaisse à arborer le visage de l'hypocrisie ? Qui dessine le portrait d'un vieil homme se sachant malade et se croyant investi du droit de mépriser les gens qu'il juge médiocres ou inférieurs ?

Et que penser de l'acteur et danseur allemand Franz Rogowski qui incarne le fils Pierre, frondeur et opposé à la hiérarchisation des classes ? Michael Haneke n'est décidément pas prêt à déposer les armes et chaque personnage est une bombe en puissance que le cinéaste ne tente même pas de désamorcer. De plus, et même si cela n'est pas forcément visible, l'autrichien fait preuve d'un cynisme effroyable jusque dans le titre même de son dernier long-métrage. À moins qu'il ne faille voir dans cette conclusion en forme de cure euthanasique, sa manière à lui de régler les problèmes intestinaux qui minent de l'intérieur sa famille de bourgeois ? Pour son dernier long-métrage, Michael Haneke signe un nouvel uppercut qui ravira les fans et laissera sans doute encore circonspects les détracteurs de son style si particulier. À voir, absolument...

samedi 16 mars 2019

Dans la Brume de Daniel Roby (2018) - (note d'Anna et moi) ★★★★★★★★☆☆




Dans la Brume de Daniel Roby... sorti sur les écrans français le 4 avril 2018, le dernier long-métrage du cinéaste québécois Daniel Roby, notamment réalisateur de la série Versaille, propose une alternative aux films catastrophes américains. Plus sobre dans son traitement, son dernier bébé révèle une volonté de faire dans l'efficacité sans pour autant en faire des caisses (on verra deux hélicoptères survoler le quartier de Paris où se situe l'intrigue quand nos lointains voisins d'Amérique auraient convoqué plusieurs dizaines d'engins volants et terrestres). Le cinéaste confie le rôle principal à l'acteur français Romain Duris. Un rôle qui diffère sensiblement des personnages qu'il incarne habituellement puisque Mathieu (c'est son prénom), arrive tout juste de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle lorsqu'une fois parvenu au bas de son immeuble, il aide un voisin âgé muni d'un masque et d'une bouteille d'oxygène à y pénétrer. Un acte anodin qui laisse cependant entrevoir le travail consciencieux effectué à partir du scénario écrit à six mains par Jimmy Bemon, Mathieu Delozier et Guillaume Lemans. Le genre de détail qui empêchera le spectateur de dire plus tard : « comme par hasard ».
Le récit se déroule dans le Paris d'aujourd'hui. Après qu'une catastrophe ayant eu de lourdes conséquences en Suède ait été annoncée sur les ondes radios, les rues de Paris (ou du moins le quartier où vivent Mathieu, son épouse Anna et leur fille Sarah) sont subitement envahies par une brume épaisse, opaque et meurtrière. En effet, tout ceux qui entrent en contact avec elle meurent asphyxiés. La brume arrive jusqu'à l'avant dernier étage de l'immeuble où vit le couple et leur enfant. Réfugiés chez des voisins vivant au dernier d'entre eux (excellents Michel Robin et Anna Gaylor), Mathieu et Anna n'ont qu'un seul objectif. Extraire de sa bulle Sarah qui vit protégée d'un air qui pour elle agit comme un véritable poison...

C'est autour de cette idée fort simple que Dans la Brume développe un récit qui en matière d'effets-spéciaux se révèle fort humble. Ici, pas d'explosions faisant s'effondrer des immeubles entiers. Pas de centaines de figurants exploitant la catastrophe pour commettre meurtres et vandalismes. Pas de contingents de soldats profitant d'une éventuelle loi martiale pour résoudre avec brutalité les problèmes liés à l'événement. Et encore moins de créatures profitant de l'opacité de la brume pour emporter sur leur sillage tout ceux qui oseraient encore se promener dans les rues jonchées d'autant de cadavres humains que de carcasses de voitures.
On l'aura compris, entre la nouvelle Brume de Stephen King (et son adaptation en série qui malheureusement ne connaîtra pas de seconde saison) et le film de Daniel Roby, les deux sujets n'entretiennent aucun rapport même si la bande-annonce de Dans la Brume laissait envisager des similitudes. Le long-métrage du québécois, même s'il se montre relativement discret en matière d'effets-spéciaux (remplacez l'immense vague du Jour d'Après par une épaisse fumée et cela vous donnera une certaine idée de la chose), réserve cependant son lot de séquences d'anthologie. D'abord concentré entre l'appartement du couple et de leur fille et celui du couple de vieillards, Dans la Brume prend des allures de huis-clos que le cinéaste transforme alors en un survival post-apocalyptique lorsque vient le moment pour Mathieu de prendre une décision qui pourrait sauver la vie de son enfant.

Particulièrement bien rythmé, Dans la Brume contient suffisamment de scènes d'action situées dans les rues embrumées ainsi que sur les toits d'un Paris joliment représenté pour que le spectateur ne s'y ennuie pas un seul instant. Mais plutôt que de verser exclusivement dans le film d'action post-apocalyptique et catastrophique, Daniel Roby ajoute un élément qui assurera définitivement à Dans la Brume, son statut de petite pépite. Car oui, outre l'action parfois effrénée de certaines séquences, et l'angoisse qui étreint le spectateur lorsque le héros et son épouse tentent une sortie vers l'extérieur, le cinéaste n'a pas oublié d'y joindre non pas un soupçon, mais une bonne dose d'émotion, s’étendant au delà du cercle familial jusqu'à ce très attachant couple de vieillards dont le mari sent que la fin est pour bientôt.
Seul bémol à cette excellente alternative, une (semi) happy end un peu grotesque que l'on pouvait déjà sentir venir plus tôt. A part cela, Dans la Brume est vraiment une bonne surprise...

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