Dans la Brume
de Daniel Roby... sorti sur les écrans français le 4 avril 2018, le
dernier long-métrage du cinéaste québécois Daniel Roby, notamment
réalisateur de la série Versaille,
propose une alternative aux films catastrophes américains. Plus
sobre dans son traitement, son dernier bébé révèle une volonté
de faire dans l'efficacité sans pour autant en faire des caisses (on
verra deux hélicoptères survoler le quartier de Paris où se situe
l'intrigue quand nos lointains voisins d'Amérique auraient convoqué
plusieurs dizaines d'engins volants et terrestres). Le cinéaste
confie le rôle principal à l'acteur français Romain Duris. Un rôle
qui diffère sensiblement des personnages qu'il incarne
habituellement puisque Mathieu (c'est son prénom), arrive tout juste
de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle lorsqu'une fois parvenu au bas
de son immeuble, il aide un voisin âgé muni d'un masque et
d'une bouteille d'oxygène à y pénétrer. Un acte anodin qui laisse
cependant entrevoir le travail consciencieux effectué à partir du
scénario écrit à six mains par Jimmy Bemon, Mathieu Delozier et
Guillaume Lemans. Le genre de détail qui empêchera le spectateur de
dire plus tard : « comme
par hasard ».
Le
récit se déroule dans le Paris d'aujourd'hui. Après qu'une
catastrophe ayant eu de lourdes conséquences en Suède ait été
annoncée sur les ondes radios, les rues de Paris (ou du moins le
quartier où vivent Mathieu, son épouse Anna et leur fille Sarah)
sont subitement envahies par une brume épaisse, opaque et
meurtrière. En effet, tout ceux qui entrent en contact avec elle
meurent asphyxiés. La brume arrive jusqu'à l'avant dernier étage
de l'immeuble où vit le couple et leur enfant. Réfugiés chez des
voisins vivant au dernier d'entre eux (excellents Michel Robin et
Anna Gaylor), Mathieu et Anna n'ont qu'un seul objectif. Extraire de
sa bulle Sarah qui vit protégée d'un air qui pour elle agit comme
un véritable poison...
C'est
autour de cette idée fort simple que Dans la
Brume développe
un récit qui en matière d'effets-spéciaux se révèle fort humble.
Ici, pas d'explosions faisant s'effondrer des immeubles entiers. Pas
de centaines de figurants exploitant la catastrophe pour commettre
meurtres et vandalismes. Pas de contingents de soldats profitant
d'une éventuelle loi martiale pour résoudre avec brutalité les
problèmes liés à l'événement. Et encore moins de créatures
profitant de l'opacité de la brume pour emporter sur leur sillage
tout ceux qui oseraient encore se promener dans les rues jonchées
d'autant de cadavres humains que de carcasses de voitures.
On
l'aura compris, entre la nouvelle Brume
de Stephen King (et son adaptation en série qui malheureusement ne
connaîtra pas de seconde saison) et le film de Daniel Roby, les deux
sujets n'entretiennent aucun rapport même si la bande-annonce de Dans
la Brume
laissait envisager des similitudes. Le long-métrage du québécois,
même s'il se montre relativement discret en matière
d'effets-spéciaux (remplacez l'immense vague du Jour
d'Après
par une épaisse fumée et cela vous donnera une certaine idée de la
chose), réserve cependant son lot de séquences d'anthologie.
D'abord concentré entre l'appartement du couple et de leur fille et
celui du couple de vieillards, Dans la Brume
prend
des allures de huis-clos que le cinéaste transforme alors en un
survival post-apocalyptique lorsque vient le moment pour Mathieu de
prendre une décision qui pourrait sauver la vie de son enfant.
Particulièrement
bien rythmé, Dans la Brume contient
suffisamment de scènes d'action situées dans les rues embrumées
ainsi que sur les toits d'un Paris joliment représenté pour que le
spectateur ne s'y ennuie pas un seul instant. Mais plutôt que de
verser exclusivement dans le film d'action post-apocalyptique et
catastrophique, Daniel Roby ajoute un élément qui assurera
définitivement à Dans la Brume,
son statut de petite pépite. Car oui, outre l'action parfois
effrénée de certaines séquences, et l'angoisse qui étreint le
spectateur lorsque le héros et son épouse tentent une sortie vers
l'extérieur, le cinéaste n'a pas oublié d'y joindre non pas un
soupçon, mais une bonne dose d'émotion, s’étendant au delà du
cercle familial jusqu'à ce très attachant couple de vieillards dont
le mari sent que la fin est pour bientôt.
Seul
bémol à cette excellente alternative, une (semi) happy end un peu
grotesque que l'on pouvait déjà sentir venir plus tôt. A part
cela, Dans la Brume est
vraiment une bonne surprise...
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