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dimanche 28 juillet 2019

Happy End de Michael Haneke (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Ceux qui voudraient se lancer pour la première fois dans l'univers froid, tortueux et austère du cinéaste autrichien Michael Haneke risquent d'être désabusés, du moins, déboussolés devant cet exercice de style dont le but premier ne semble pas tant de vouloir divertir son auditoire que de décrire la lente implosion du cercle familial à travers cette impossibilité de communiquer entre membres d'une même famille et l'individualisation contrainte et forcée de chacun motivée par l'utilisation des technologies les plus récentes. Ça n'est donc pas un hasard si le cinéaste ouvre les hostilités en observant une femme filmée à l'aide d'un téléphone mobile et agissant visiblement sur ordre de celui qui la filme. Rien que cette mise en forme annonciatrice de l'approche future de ce Happy End indéniablement ascétique et dénué de toute notion de divertissement, est en soit une idée absolument fabuleuse si Michael Haneke avait pour autant pris la décision de la pratiquer durant les cent minutes qui suivirent. Sauf que pour le confort du spectateur, ou plus simplement pour aborder son film sous un angle visuellement moins étriqué, l'image passe de ce cadre étroit à un format plus conventionnel. Ce qui ne sera pas le cas du récit qui de son ampleur dramatique formellement sinistre, ressemblerait presque à du cinéma d'auteur façon ''pièce de théâtre'' expérimentale.

Du moins est-ce la vision que pourrait avoir le néophyte puisque l'amateur qui découvrit il y a longtemps Michael Haneke notamment à travers sa trilogie de la ''Glaciation Émotionnelle'' ou ses quelques fulgurants et traumatisants longs-métrages que sont, par exemple, le Funny Games de 1997, La Pianiste ou Caché, risque lui, de vivre cette nouvelle expérience du domaine du cercle familial bourgeois se détruisant de l'intérieur, sans doute pas sans éprouver le moindre inconfort, mais au moins, dans un bien-être relatif. Si le récit paraît parfois insignifiant et sans âme, c'est dans le détail que percevra le spectateur chanceux ces éclairs de génie où réside tout l'intérêt du dernier long-métrage du cinéaste autrichien. Filmés de près, de loin, avec ou sans le soucis de rendre perceptibles les dialogues, Michael Haneke filme tour à tour les membres d'une famille aisée qui ne semble avoir de parfaite que l'apparence. À titre d'exemple, Michael Haneke insiste parfois sur la position prise par les domestiques d'origine maghrébine travaillant au service de la famille Laurent. Manière de courber l'échine, de demeurer immobile dans l'attente des ordres attendus de la mère de famille incarnée par Isabelle Huppert... difficile de ne pas se sentir coupable devant ce couple incarné par Nabiha Akkari et Hassan Ghancy, victimes de l'indifférence d'un patriarche incarné par un Jean-Louis Trintignant amaigri et que l'on sait atteint d'un cancer. Pour autant faut-il s'émouvoir devant ce personnage peu enclin à la sympathie qu'incarne cet immense acteur ? Devant lequel on s'abaisse à arborer le visage de l'hypocrisie ? Qui dessine le portrait d'un vieil homme se sachant malade et se croyant investi du droit de mépriser les gens qu'il juge médiocres ou inférieurs ?

Et que penser de l'acteur et danseur allemand Franz Rogowski qui incarne le fils Pierre, frondeur et opposé à la hiérarchisation des classes ? Michael Haneke n'est décidément pas prêt à déposer les armes et chaque personnage est une bombe en puissance que le cinéaste ne tente même pas de désamorcer. De plus, et même si cela n'est pas forcément visible, l'autrichien fait preuve d'un cynisme effroyable jusque dans le titre même de son dernier long-métrage. À moins qu'il ne faille voir dans cette conclusion en forme de cure euthanasique, sa manière à lui de régler les problèmes intestinaux qui minent de l'intérieur sa famille de bourgeois ? Pour son dernier long-métrage, Michael Haneke signe un nouvel uppercut qui ravira les fans et laissera sans doute encore circonspects les détracteurs de son style si particulier. À voir, absolument...

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