À défaut d'avoir été
un grand cinéaste, Norbert Moutier, AKA N.G.Mount, AKA Norbert
Georges Mount, AKA Bert Mount eut la capacité d'attirer le chaland
avec des titres aussi divers que Mad Mutilator
(Ogroff),
Trepanator,
Dinosaur of the Deep
ou comme dans le cas présent, Alien Platoon.
Tout ou presque dans ce dernier reflète cette approche du septième
art, nanardesque, fauché, tourné dans des conditions amateurs et
qui pourtant, fit les grandes heures du cinéma Z propre à attirer
la convoitise des amateurs de nanars, comme le firent avant lui
certains auteurs italiens. Il y a en effet chez le français, ce même
goût du plagiat détournant de grandes œuvres du septième art tout
en leur administrant un ravalement de façade esthétiquement et
artistiquement régressifs. Lorsque l'on signe un film au titre aussi
évocateur que Alien Platoon,
il est en général urgent, voire primordial de ne surtout pas se
moquer de son public même si ce dernier ne s'attend pas à ce que la
forme soit la même que ces classiques pour grand public financés à
coups de dizaines ou de centaines de millions de billets verts.
Floué, le spectateur l'est quand même un peu. Même celui qui
connaît déjà l’œuvre passée de Norbert Moutier et qui sait
déjà à peu près à quoi s'attendre. Si le ''Platoon''
du titre se réfère bien au genre ''Film de guerre'', le ''Alien'',
lui, n'a rien à foutre dans ce même titre qui a plus à voir en
réalité avec le Predator
de John McTiernan ou encore le Terminator
de James Cameron. Et ça n'est pas parce que le fidèle Jean Rollin
qui joue ici le rôle du Major de l'armée française Taylor
l'affirme mais parce qu'en tant que spectateurs, il n'est pas
impossible et même carrément probable que l'image du T-800
nous vienne à l'esprit. Et ce, même si le super-soldat (incarné
par Norbert Moutier lui-même) n'a franchement ni l'allure ni le
charisme d'Arnold Schwarzenegger ! Faut quand même pas
pousser ! Surnommé le Chasseur, il s'agit d'un soldat ayant
fait l'objet de modifications physiques. Désormais recouverte de
métal et de câbles électriques (c'est du moins ainsi que je l'ai
compris), la ''créature'' ne va malheureusement pas fonctionner
comme cela était prévu.
C'est
pourquoi une section de soldats à la tête desquels l'on retrouve
Michel Finas dans le rôle du sergent Banner est envoyée en forêt
afin de retrouver le Chasseur qui s'est donc enfui de la base
militaire afin de mettre un terme aux hypothétiques nuisances dont
il pourrait se rendre responsable. Ah oui, j'avais oublié de le
préciser : plutôt que de faire appel à l'un de ses nombreux
soldats, l'armée de terre française a préféré opérer des
modification génétiques et organiques sur le corps d'un assassin
condamné à mort... Bon, on va pas vous la faire à l'envers, c'est
pas dans nos habitudes. Aussi mauvais qu'il puisse être, Alien
Platoon
n'en est pas moins un vrai bon nanar à la française. Peut-être
même l'un des plus grands de sa catégorie tout court. De quoi
rendre jaloux les spécialistes italiens en la matière. Chacun y
joue comme un pied, à tel point que même mauvais, Jean Rollin a
l'air d'avoir été formé au cours Florent ou dans n'importe quelle
autre grande école de cinéma hexagonale ! Michel Finas ne s'en
sort pas trop mal non plus. Tout juste peut-on se demander pourquoi
son personnage passe son temps à gueuler. Mais on ne va pas trop lui
en vouloir vu le sort qui l'attend plus tard lors du récit. L'un des
plus grands regrets que l'on puisse émettre et le court temps de
présence à l'image du Chasseur. Une créature de latex qui pourtant
semble avoir sur la tête un préservatif de taille XXXXXXXXXL qui
aurait passé trop de temps sous le soleil d'un après-midi de mois
de juillet caniculaire. Plus rares encore sont les moments où l'on
peut profiter de la voix de ce ridicule super-soldat. Dans un ordre
d'idée, vous souvenez-vous des reptiliens de la génialissime série
V
originale qui fut diffusée dans le courant des années
quatre-vingt ?
J'imagine
que tout comme moi vous vous étiez à l'époque amusés de la voix
étouffée par les maquillages des extraterrestres dès lors qu'ils
apparaissaient sous leur véritable apparence ? Et bien là,
c'est la même chose. Plutôt que d'avoir retravaillé ses dialogues
en post-synchronisation, Norbert Moutier semble avoir préféré
gardé le son de sa voix tel quel. Pour un résultat franchement
hilarant ! En chef de section, Michel Finas n'est pas reste.
Avec sa débordante bedaine d'ancien coureur cycliste à la retraite,
il n'y a guère que son engouement pour faire passer la pilule. À
part cela, le reste de la troupe est constituée en outre des frères
jumeaux Didier et Philippe Leroux et même de Christophe Lemaire dont
la ressemblance avec les deux autres laisse un moment envisager qu'il
pourrait s'agir de triplés. Oui, vous avez bien lu. Christophe
Lemaire. L'un des anciens rédacteurs des magazine Starfix
et Mad Movies et
auteur de la rubrique ''film
du mois''
dans le magazine de musique Rock
& Folk.
Désormais, et avec d'autres chroniqueurs tels que Fausto Fasulo ou
François Cognard, il anime l'excellente web-émission Le
bistro de l'horreur
pour le compte du site web Filmo
TV.
Des vidéos que l'on peut notamment découvrir sur Youtube
(je vous les conseille d'ailleurs vivement). Pour en revenir à
Alien Platoon,
allez savoir pourquoi mais Norbert Moutier semble totalement obsédé
par les morts-vivants puisque tout comme dans Trepanator,
il semble ici ne pas pouvoir s'empêcher d'intégrer des zombies qui,
comme pour Le commando des morts-vivants de
Ken Wiederhorn quinze ans auparavant sont d'anciens soldats revenus à
la vie. Bref, dans ce joyeux bordel qu'est Alien
Platoon,
il y a à boire et à manger et nul doute que les amateurs de nanars
qui ne le connaissent pas encore se feront désormais une joie et un
devoir de le découvrir enfin...
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