Après avoir vu hier sur
la plate-forme de streaming Netflix
la nouvelle comédie de Nicolas Cuche Lune de miel avec
ma mère
et sachant désormais surtout qu'il s'agit en fait d'un remake du
film espagnol Sous les palmiers, ma mère
(Amor de Madre)
du réalisateur madrilène Paco Caballero, ça n'est pas tant pour
les qualités de son adaptation en France que j'ai voulu découvrir
le long-métrage qui avait poussé des producteurs à financer un
remake français avec Michèle Laroque, Julien Frison, Rossy de
Palma, Margot Bancilhon, Gilbert Melki ou encore Kad Merad que par
simple curiosité. Parce qu'en France et comme partout ailleurs à
travers le monde chacun s'accorde à penser que réaliser un remake
d'une œuvre à succès peut engendrer une nouvelle adaptation tout
aussi remarquable, certains de nos auteurs tombent régulièrement
dans le même panneau qu'autant de cinéastes américains qui, par
exemple, se laissèrent convaincre par l'adaptation de l'excellente
trilogie de Francis Veber, La chèvre/Les
compères/Les
fugitifs
avec Pierre Richard et Gérard Depardieu. Trois exemples de remakes
foireux qui pour autant ne sont pas forcément représentatifs de ce
que le cinéma peut engendrer de pire dans ce qui consiste à se
réapproprier une œuvre tout en l'adaptant à la sauce qui convient
théoriquement le mieux au public auquel elle est destinée ! Il
est par exemple inenvisageable de penser qu'un remake du Dîner
de cons puisse
avoir un tant soit peu autant d'intérêt dans ses dialogues.
Imaginant même que pas un seul cinéaste ne puisse concevoir de
l'adapter, le spectateur sera surpris d'apprendre que pourtant, aux
États-Unis, le réalisateur américain Jay Roach osa pondre l'infâme
The Dinner
qui, oui très chers amis, est bien le remake de l'œuvre de Francis
Veber. Sans doute l'un des plus affreux exemples de remakes
américains adaptés d'une comédie française...
L'hexagone
n'étant pas en reste, certains cinéastes français ne se sont pas
gênés pour en faire autant. Je ne vais pas dresser ici la liste
exhaustive des adaptations entreprises sur notre territoire mais en
citer deux qui partagent le fait qu'aucune d'entre elles ne parvient
ni à surpasser, ni même à égaler l’œuvre originale. En 2022,
Olivier Baroux tente l'aventure du remake avec Menteur,
adaptation du film éponyme québécois réalisé trois ans
auparavant par Émilie Gaudreault. Un quasi copier/coller de la
comédie originale plutôt raté puisque contrairement à la comédie
canadienne, la version française n'est franchement pas drôle. En
2018 sort sur les écrans français la comédie Le
jeu
de Fred Cavayé. Le film rencontre un certain succès. Et si la
critique et le public sont unanimes, il faut remonter deux ans plus
tôt lorsque sort en Italie Perfetti Sconosciuti
du réalisateur Paolo Genovese. Véritable perle qui n'a
malheureusement et honteusement pas été distribuée dans les salles
françaises. Un exemple parmi d'autres qui malgré l'appréciation du
public qui aima le remake ne cache pas la fatuité du concept de
remake lorsque l'on constate combien l'original vole très, très,
très loin au dessus de son adaptation hexagonale. Il arrive
cependant qu'un remake produit en France soit nettement meilleur que
l'original. C'est sans doute ce qui est arrivé avec Coupez !
de
Michel Hazanavicius, remake du pourtant déjà très réussi Kamera
o Tomeru Na!
(Ne coupez pas !)
de Shin'ichirō Ueda. Preuve qu'en France le miracle peut parfois
avoir lieu. Et puis, il existe une autre catégorie. De celles qui
demeurent incompréhensibles et dont fait justement partie Lune
de miel avec ma mère.
Car si l'adaptation de Nicolas Cuche n'est pas un désastre en soit,
celle-ci repose sur une œuvre qui de base n'était déjà pas
exceptionnelle. Le français aura d'ailleurs la judicieuse idée
d'écourter le récit qui dans Sous les
palmiers, ma mère
s'étendait tout de même sur prêt de cent-vingt minutes.
L'espagnol
y exploite donc logiquement quelques idées supplémentaires qui font
généralement œuvre de remplissage puisqu'à défaut de faire rire,
ces quelques séquences ne font qu'artificiellement et inutilement
rallonger l'intrigue. Pour le reste, c'est la même histoire. Un
futur marié largué en pleine cérémonie et une lune de miel qu'il
partage finalement avec sa mère, profitant ainsi de privilèges
propres aux ''jeunes couples''. Aussi surprenant que cela puisse
paraître à l'image, la différence d'âge entre les espagnols
Carmen Machi et Quim Gutiérrez est beaucoup moins importante que
celle entre Michèle Laroque et Julien Frison. Dix-huit ans entre les
premiers et trente-trois pour les deux autres ! Et pourtant, à
l'écran, le contraste physique entre la mère et le fils de l'une et
l'autre des deux comédies joue en faveur du couple hispanique. En
revanche, on pourra préférer la version de Nicolas Cuche, plus
resserrée que celle de Paco Caballero. S'agissant des actrices
secondaires, Margot Bancilhon et Justina Bustos en ressortent
ex-aequo tandis que l'on préférera dans le rôle de la gérante de
l'établissement, Rossy de Palma plutôt que Yolanda Ramos. Reste
ensuite à comparer les séducteurs respectifs des deux comédies.
Chez nous, la tâche est confiée à Gilbert Melki auquel Nicolas
Cuche offre le rôle plutôt enviable de l'aventurier navigateur
tandis que Paco Caballero confie à Dominique Guillo celui d'un
simple photographe. Pour le reste, tout ou presque est identique. Des
défauts aux qualités en passant par le jeu des interprètes et les
dialogues, c'est maintenant au spectateur de choisir surtout en terme
d'emploi du temps s'agissant de savoir s'il supportera de rester
devant son écran durant deux heures ou s'il préférera se contenter
de la version française, plus courte d'une demi-heure...
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