Vingt-trois ans après
avoir réalisé la comédie Trois Zéros,
le cinéaste français Fabien Onteniente est revenu en octobre
dernier avec la suite des aventures d'Alain Colonna. Désormais écrit
par le réalisateur lui-même et Antonin Fourlin, Quatre
Zéros
confirme d'abord une chose : que Fabien Onteniente vit dans un
autre monde, à une époque révolue dans laquelle il semble se
complaire au point de perpétuellement vouloir le reproduire chaque
fois qu'une idée de scénario lui vient en tête. Quatre
Zéros est
ainsi le digne héritier de la franchise Camping,
de Jet Set,
de Disco
ou encore de All Inclusive.
On aura rarement vu un réalisateur et scénariste demeurer aussi
fidèle à son propre style que le cinéaste français. Les
États-Unis ont John Waters et nous, en France, nous avons Fabien
Onteniente. Ce qui, en soit, n'est pas annonciateur d'une très bonne
nouvelle. Mais plutôt d'une très mauvaise. Surtout si l'on est
allergique à cette vision passéiste, voire même extrêmement
ringarde de la société française. Fabien Onteniente semble être
resté bloqué dans les années 2000. Et plus précisément en 2002,
année où sort Trois Zéros,
lequel attire le public en masse puisque plus d'un million et
deux-cents mille spectateurs viendront assister à l'arrivée dans
l'équipe de France de l'excellent joueur de football, Tibor Kovacs
qu'incarna Lorant Deutsch. De l'ancienne équipe d'interprètes il ne
reste ''malheureusement'' pas grand monde. Samuel Le Bihan est aux
abonnés absents. Lui qui incarnait le rôle de Manu, l'agent du
jeune prodige du football laisse donc désormais la place à Paul
Deby. Et comme Fabien Onteniente n'a pas eu l'air de vouloir trop se
fouler ou plus simplement rappeler le personnage qu'interprétait à
l'époque Samuel Le Bihan, le réalisateur a choisi la simplicité en
donnant à ce nouveau caractère le même prénom. Manu (Paul Deby)
découvre à son tour un nouveau phénomène du ballon rond. Un
certain Kidane qu'interprète le jeune Mamadou Haïdara qui jusque
là n'était apparu sur grand écran que dans La
vie de ma mère
de Julien Carpentier il y a deux ans. De manière si grossière que
l'évocation de son arrivée sur notre territoire transpire une
certaine idéologie, Fabien Onteniente aborde le sujet des migrants
et du périple qu'ils rencontrent lors de leur traversée de leur
pays d'origine jusqu'aux frontières hexagonales.
Un
prétexte en réalité hautement fallacieux puisque le réalisateur
et son scénariste vont assez peu s'intéresser par la suite à ce
tout nouveau personnage puisque les séquences qui lui seront
consacrées se compteront sur les doigts d'une seule main. Non, ce
qui intéresse avant tout Fabien Onteniente et Antonin Fourlon est
de décrire ce que semble être devenu depuis longtemps le monde du
football. Un univers déjà lucratif à l'époque mais qui désormais
attire une faune que l'on présentait il y a longtemps comme
retranchée aux stricts abords des cités HLM. Désormais, la
''racaille'' s'invite aux festivités (comment nommer autrement les
quelques énergumènes qui pour le compte d'un certain DZ vont
jusqu'à intimider les parents de l'agent du nouveau prodige?). Si
les types en survêt, le bling-bling et le football vous donnent des
aigreurs d'estomac, Quatre Zéros
apparaîtra à vos yeux comme une anthologie du mauvais goût. Gérard
Lanvin reprend le rôle d'Alain Colonna avec cet air renfrogné qui
est devenu sa marque de fabrique tandis qu'Isabelle Nanty rendosse
celui de sa sœur Sylvie. Elle est désormais la compagne de José
Pinto (Didier Bourdon), le propriétaire d'un restaurant qui marche
mal et qui embauche son fils Manu ainsi que Kidane, le prodige du
foot en question. Attirant la convoitise de concurrents, tel DZ
qu'interprète le rappeur français Kaaris, Sylvie décide de faire
appel à son frère qui depuis les événements du précédent
long-métrage se la coule douce à Tahiti... Avant même de sortir en
salle, Quatre Zéros
était déjà totalement largué. Le style ''
Fabien Onteniente''
pue aussi fort qu'une fosse septique complètement bouchée. Tous les
travers de ses anciens projets transpirent ici. De cette incapacité
à moderniser sa démarche au fil de ses comédies, le réalisateur
accouche d'une œuvres qui tente d'évoquer des thématiques
actuelles sous une forme incroyablement démodée. C'est ainsi
qu'apparaissent dans leur propre rôle d'anciennes personnalités du
football, tels Rolland Courbis, Guy Roux, Jean-Pierre Papin, Karl
Olive ou encore le footballeur brésilien Rai. Mais à moins d'être
un passionné du ballon rond, il y a peu de chance pour que les
toutes nouvelles générations de supporters reconnaissent certaines
de ces figures du foot venues cachetonner ou rendre service à Fabien
Onteniente. Bref, Quatre Zéros
s'avère plutôt affligeant, pas drôle et totalement déconnecté du
monde moderne.
Etre déconnecté du monde moderne n'est pas forcément mal étant donné ce qu'il est mais effectivement, ce projet pue (signes : Onteniente, Bourdon, Nanty, "diversité", "influenceurs"...), même pour qui, comme moi, aime le foot à la base. J'ignorais que "mon" Jean-Pierre Papin (JPP pour les intimes) s'était fourvoyé dans cette aventure. Que ne ferait-on pas, pour un "p'tit billet"... :-)
RépondreSupprimerJe me disais aussi, ce nom me dit quelque chose... Karl Olive est par ailleurs un député Macroniste des plus "gratinés" (avec la condamnation réglementaire). J'ignorais son passé footballistique.
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