Auteur de nombreux
longs-métrages dont plusieurs gialli et films d'horreur, le
réalisateur italien Sergio Martino est au même titre que Dario
Argento, Michele Soavi, Mario Bava, Luigi Cozzi, Lucio Fulci, Bruno
Mattei ou encore Umberto Lenzi l'un des cinéastes transalpins les
plus reconnus par les amateurs de cinéma fantastique ou d'épouvante
des années 60, 70 et 80. L'Isola degli Uomini Pesce
sorti chez nous sous le titre Le Continent des
hommes poissons fait
partie de ces œuvres dont le titre est devenu peu ou prou légendaire
mais dont le contenu n'est pas toujours à la hauteur de sa
réputation. Mais qu'il s'agisse de La montagna
del dio cannibale ou
de Assassinio al Cimitero Etrusco,
tout ce qui touche de loin ou de près au cinéma de Sergio Martino
mérite un moment d'attention... qui devra cependant perdurer au delà
d'une première moitié de récit que l'on pourrait évoquer de
terriblement ennuyeuse. En effet, durant trente ou quarante bonnes
minutes, l'intrigue s'appesantit sur ses personnages en ne laissant
que peu d'alternatives au sujet qui plus tard préoccupera notamment
le docteur Claude de Ross (l'acteur Claudio Cassinelli) qui au départ
du récit était en route pour le bagne de Cayenne lorsque le navire
qui les transportait lui et un certain nombre de futurs bagnards fit
naufrage sur la côte d'une petite île dirigée de main de fer par
l'immonde Edmond Rackham. Ce dernier, incarné par l'acteur
britannique Richard Johnson tente de maintenir en vie le professeur
Ernest Marvin (Joseph Cotten). Ancien biologiste radié de l'ordre
des médecins pour avoir osé se lancer dans des expériences visant
à pratiquer d'étranges mutations entre hommes et animaux, ce
dernier évoque très sensiblement le roman de l'écrivain
britannique H. G. Wells qui en 1895 écrivit l'essai The
Limits of Individual Plasticity
avant de prolonger sa théorie sur l'expérimentation animale en
publiant l'année suivante l'une de ses œuvres les plus célèbres,
The Island of Dr.
Moreau !
Roman de science-fiction ayant connu nombre d'adaptations au cinéma,
à la télévision et même en littérature, l'ouvrage pénètre
littéralement les esprits des spectateurs lorsque sont décrites,
assez grossièrement d'ailleurs, les expériences menées par le
professeur Ernest Marvin.
Les
hommes-poissons du film demeurant donc comme l'un des fruits de ses
recherches même si certaines affirmations semblent aller en totale
contradiction avec plusieurs propos tenus notamment par Edmond
Rackham, individu avare, peu scrupuleux et ne possédant pas une once
de morale lorsqu'il s'agit de faire du profit ! L'idée
principale de Sergio Martino n'étant pas de se contenter de
reprendre le concept de l'écrivain britannique, le réalisateur et
ses scénaristes Sergio Donati, Cesare Frugoni et Luciano Martino
intègrent un sujet qui a fait et continue de faire fantasmer et
parler de lui. Un sujet inépuisable malgré son grand âge puisque
sa première évocation semble remonter à l'époque de Platon lors
de l'écriture des dialogues Timée
et Critias
plus de quatre-cent ans avant Jésus Christ. On parle là de
l'Atlantide, une île qui se situerait au delà des montagnes
délimitées par le détroit de Gibraltar et qui aurait été
engloutie lors d'un cataclysme provoqué par Zeus. Si Sergio Martino
se désintéresse du récit propre à sa construction dans
l'antiquité, il permet au principal antagoniste de L'Isola
degli Uomini Pesce
de justifier ''l'incarcération'' du professeur Ernest Marvin qu'il
utilise à des fins strictement pécuniaires. Ayant localisé le site
situé sous les fondations de son île, l'homme utilise une substance
créée par le professeur afin de garder le contrôle sur des
créatures amphibiennes auxquelles il ordonne de récupérer les
trésors enfouis sous l'océan dans ce qu'il juge être justement
l'Atlantide. Richard Johnson incarne un individu véritablement
affreux, amoral, détenant un certain pouvoir et maintenant de force
auprès de lui, la propre fille du professeur, Amanda Marvin.
Incarnée par Barbara Bach, la jeune femme nourrit les créatures à
l'aide de l'étrange substance, laquelle peut être comparée à une
drogue. Si dans un premier temps le film de Sergio Martino s'avère
on ne peut plus inintéressant, au fil de l'aventure, l'attention du
spectateur finit par se focaliser autour de Claude de Ross, de la
jeune femme et de leur... ''geôlier'' ! L'Isola
degli Uomini Pesce
gagne alors en intensité même si d'un point de vue strictement
technique, on est loin du blockbuster et très proche du cinéma Z.
Mais ce qui empêche le film de tomber dans de basses besognes est la
générosité du cinéaste à multiplier les actes de bravoure. Et
même si ses créatures font plus généralement pouffer de rire par
leur esthétique foireuse que par réellement faire peur, on quitte
l'aventure avec la conviction d'avoir passé un très agréable
moment de cinéma bis...
Sans blague, t'es une véritable encyclopédie du 7ème Art... J'ai un pote un peu comme ça mais beaucoup moins dans l'analyse et moins "pointu" dans ses choix, 47 ans, qui n'a jamais bossé de sa vie (quand ses parents ne seront plus là, le réveil risque d'être douloureux...) et dont le principal passe-temps est de voir des films (sauf... ceux que je chro...nique), principalement à la TV, moins sur grand écran qu'à une époque. Franchement, en terme de nombre de films vus, ça doit se tenir, même si lui fait parfois de "l'avance rapide" sur ceux qu'ils trouvent trop long (ce que je trouve incompréhensible et toi aussi certainement). Bon week-end.
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