Second long-métrage cinq
ans après le film d'horreur The Cleansing Hour
en 2019, A Creature was Stirring du
réalisateur américain Damien LeVeck demeure assez compliqué à
définir. Ou dirions-nous plutôt, les intentions de son auteurs sont
elles difficiles à déterminer. Il existe depuis maintenant un
certain nombre d'années des cinéastes qui plutôt que de reproduire
sans cesse le même schéma préfèrent introduire des éléments
fantastiques dans le domaine du quotidien. Il serait trop fastidieux
d'énumérer toutes celles et ceux qui d'un matériau de base
constitué de tout ou partie du bestiaire fantastique se sont joués
des codes pour fournir aux amateurs ivres d'innovation, de quoi
provoquer un clash entre drame social et horreur la plus décomplexée.
A Creature was Stirring
fournit en cela la matière idéale, sorte de croisement entre
huis-clos tendu façon Run d'Aneesh
Chaganty, Teen-movie à la Teen Wolf
de Rod Daniel ou Craignos Monsters façon nanar de science-fiction
américaine des années cinquante et soixante. Concepteur
d'effets-visuels avant tout, Damien LeVeck sort son matériel de
bricoleur du dimanche afin de le confier à John Travisano lequel
façonne alors une créature qui n'aurait sans doute pas pu sortir
d'un esprit autre que le sien mais qui pourrait par contre aisément
rejoindre la série d'ouvrages de Jean-Pierre Putters Ze
Craignos Monsters
dans laquelle l'ancien rédacteur en chef du magazine Mad
Movies cataloguait
tout ce que le cinéma d'épouvante, d'horreur, de fantastique et de
science-fiction avait pu jusque là charrier d'improbable en terme de
créatures ! Alors que A Creature was
Stirring
démarre sous les meilleurs auspices avec cette ventripotente mère
de famille et infirmière prénommée Faith (excellente Chrissy Metz)
qui garde cloîtrée chez elle sa fille Charm (Annalise Basso), une
adolescente apparemment atteinte d'un mal étrange, le réalisateur
semble un peu trop pressé de nous montrer les talents de son
maquilleur et exhibe un peu trop rapidement, certes en ombres
chinoises, l'étrange bêbête qui vit tapie dans le garage familial.
Nantie
d'un diplôme d'infirmière fièrement brandit sur l'une des photos
encadrées et accrochées au mur de l'escalier qui mène à l'étage,
Faith (dont le prénom sonne ironiquement à nos oreilles lorsque
l'on découvre sa position vis à vis de Dieu, de la Bible et de
leurs adeptes) doit maintenir un certain niveau de température chez
Charm si elle ne veut pas que sa fille change d'humeur et surtout, ne
se transforme en une créature similaire à celle qui se cache dans
l'obscurité du garage. Ici, il est question de transmission.
D'hérédité. Le sujet n'est pas tout neuf puisque les mythes des
loups-garous et autres vampires ont eu droit chacun à leur tour et à
diverses occasions l'opportunité d'être abordés sous ce même
angle. En ce sens, le second long-métrage de Damien LeVeck n'innove
en aucune manière. Débarquent ensuite Kory (Connor Paolo) et sa
sœur aînée Liz (Scout Taylor-Compton) dont les intentions, au
départ, sont beaucoup moins nobles qu'ils ne le prétendent. Armée
d'une Bible et d'un Taser, la jeune femme et son frère
s'introduisent officiellement chez Faith et sa fille pour s'y
réchauffer. Car dehors, le blizzard frappe depuis des semaines. Ce
climat et cette absence totale de visibilité extérieure crée un
cocon qui empêche de très clairement situer le lieu et le temps de
l'action même si l'on peut imaginer que le récit se situe en plein
hiver. C'est à peu de chose près à ce moment là que tout part en
vrille. Pour les personnages mais également pour les spectateurs qui
assistent presque médusés à un mélange incontrôlé entre film
d'horreur de type ''Body
Horror'',
Exorcisme, Monster
Movie,
drame et comédie... La mise en scène de Damien LeVeck danse sur un
pied, puis sur l'autre, puis sur le premier, puis sur le second comme
si le réalisateur marchait sur des braises ardentes... Le tout
mélangé ainsi offre un résultat pas vraiment convainquant mais pas
tout à fait déplorable non plus. Grâce à l'interprétation assez
remarquable de Chrissy Metz en mère protectrice, A
Creature was Stirring navigue
entre diverses eaux sans jamais vraiment prendre l'eau. Au final, le
film est divertissant sans réussir cependant à créer le moindre
sentiment d'angoisse. Mais tel était-il au fond le but recherché
par son auteur ? Pas sûr...
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