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mercredi 23 novembre 2022

!!! 11 ans-3000 articles !!! Chronique remaniée de ''Maniac'' de William Lustig édité à l'origine le mardi 12 avril 2011



William Lustig, le clandestin

Né le 1er février 1955 dans le quartier du Bronx à New York, qui aurait pu penser que William Lustig, futur réalisateur du cultissime Maniac allait d'abord se spécialiser dans le X en tournant coup sur coup, les pornos The Violation of Claudia (en 1977) et Hot Honey (en 1978) ? Certainement pas ses parents comme on l'imagine. Ces deux longs-métrages expliquent cependant peut-être pourquoi Maniac sera aussi cru, réaliste, et surtout, terriblement malsain. Car si les exactions de son tueur demeurent fort heureusement du domaine de la fiction, et si certains effets dépassent parfois le cadre du portrait froid et méticuleux (la séquence de l'amant se faisant exploser la tête dans sa voiture est impressionnante mais relève de la pure fiction dans son traitement), après le cauchemar 'slashérien' qui éveille dans la moiteur de son sordide et minuscule appartement, le tueur dont on suivra les péripéties durant plus d'une heure-trente, la séquence suivante pourrait tout aussi bien ouvrir les hostilités d'une scène purement érotique si William Lustig n'avait pas choisi d'en faire une séwuence gore réaliste et particulièrement éprouvante.

L'agonie de l'enfance

Loin du charme d'un Ted Bundy, Frank Zito incarne le tueur en série chassant ses proies de nuit. Mais si ses exactions peuvent paraître inexcusables, il faut comprendre qu'elles ne sont en revanche, jamais gratuites. S'il tue, c'est pour une raison bien précise : sa maman, qu'il honore d'un autel à son effigie, le maltraitait lorsqu'il n'était qu'un tout jeune enfant. De cette période, il a conservé des stigmates physiques et psychologiques. Sur le torse, Frank arbore des cicatrices. Des brûlures de cigarettes que lui infligeait sa génitrice. On imagine le calvaire d'un enfant qui une fois parvenu à l'âge adulte, est devenu l'un des pires prédateurs nocturnes. Ses proies ? Essentiellement des femmes. Parfois, des hommes également. Mais principalement parce qu'ils demeurent au mauvais endroit, au mauvais moment. L'enfant est devenu adulte, certes, mais a conservé toute la rancœur qu'il a eu le temps de nourrir envers sa maman chérie. Un drôle de rapport oppose d'ailleurs l'enfant à la mère, puisque parvenu à l'âge adulte, il nourrit pour elle, une haine et un amour immodérés dont les meurtres sont une source d'apaisement, une manière de lui faire payer les tortures infligées, mais aussi et surtout, une méthode particulièrement tordue de la ressusciter.

Les méthodes de l'assassin

Henry Lee Lucas aurait pu glisser à l'oreille de Frank Zito que la meilleure méthode pour ne jamais éveiller les soupçons de la police  est d'utiliser à chaque fois, une arme différente (Henry, Portrait of a Serial Killer de John McNaughton, 1986). Meurtre au fusil, au couteau, étranglement, Frank Zito use de ce qu'il a sous la main. Mais invariablement, il choisit de conclure la chasse en prélevant sur ses proies, un trophée à l'aide d'un cutter. Toujours identique : le scalp de ses victimes féminines. Car Frank Zito, que parfois, l'on prendrait presque pour un individu normal (sa voisine ne soupçonne pas la bête qui se cache en lui) n'est jamais véritablement libéré de ses obsessions. Sortir la nuit et prendre une vie n'est pas qu'un exutoire qui lui permet, de retour dans son appartement, de passer à autre chose. Car chez lui, dans cette étouffante atmosphère, on comprend que le meurtre n'est que la première étape d'un processus qui mène le personnage au plaisir œdipien qui l'étreint. Plus que les crimes particulièrement sanglants dont Frank se rend coupable, la fascination qu'exerce Maniac se situe sans doute davantage dans ce portrait saisissant d'un homme incarnant le fils ET la mère. Parallèlement à ces tueurs qui prélèvent un 'souvenir' de leurs victimes afin de retrouver l'excitation du meurtre exécuté bien après les faits, Frank emporte le scalp de ses victimes pour une raison qui sera rapidement évoquée. Se procurant, lorsque le tueur en a besoin, des mannequins de vitrine, il y cloue les trophées des femmes dont il a ôté la vie. 
 
Frank Zito est sans doute l'un des tueurs les plus étranges auquel le septième art ait donné vie. Plus que le désir de faire de Maniac un simple film de tueur bête et méchant à l'allure de slasher, William Lustig dépasse son simple statut de 'serial killer film' et plonge littéralement le spectateur dans la tête de son assassin. Comme le fera d'ailleurs trois ans plus tard le cinéaste autrichien Gerald Kargl avec son traumatisant Schizophrenia (Angst). Frank Zito s'adresse à sa mère disparue. Mais pas seulement puisque c'est à travers ces mêmes lèvres qu'elle aussi s'exprime. Mais on s'éloigne ici du pur produit fantastique puisque l'on a bien compris que c'est Frank et personne d'autre qui persévère à la faire revivre au delà de la mort et à lui dicter son attitude. Amour immodéré pour sa génitrice ou 'syndrome de Stockholm' ?

L'incarnation de Joe Spinell

Né le 28 octobre 1936 et décédé le 13 janvier 1989, l'acteur Joe Spinell (de son vrai nom Joseph J. Spagnuolo) aura marqué de son incroyable faciès différents genres cinématographiques. De ses débuts dans Le Parrain de Francis Ford Coppola pour lequel il ne sera pas crédité, jusqu'à son ultime interprétation dans l'épisode pilote de la courte série Dream Street (une saison, six épisodes), en passant par Starcrash de Luigi Cozzi dans lequel il côtoyait pour la première fois deux ans avant Maniac, l'actrice britannique Caroline Munro, Rocky 2 de Sylvester Stallone, Les Frénétiques (encore aux côtés de Caroline Munro), Vigilante (une autre bande culte signée William Lustig), ou Rapid Fire de David A. Prior, sa dernière incarnation sur grand écran. Joe Spinell aura également été l'auteur de deux scénarii. Celui du film qui nous intéresse ici, mais également de ce qui aurait dû devenir la suite des aventures du maniaque, Maniac 2 : Mr Robbie. Un projet que devait réaliser Buddy Giovinazzo, auteur du traumatisant Combat Shock (produit par Troma Entertainment) mais qui demeurera à l'état de court-métrages, quelques séquences ayant tout de même été tournées. De ces deux films, l'acteur et scénariste en est également le producteur. Co-produit par Andrew W. Garroni et co-scénarisé par C.A.Rosenberg, Maniac est donc en partie le bébé de Joe Spinell. Au moins autant que celui de William Lustig.
La mort de Joe Spinell a non seulement laissé la place à sa légendaire interprétation, mais également à plusieurs hypothèses concernant sa disparition. Si officiellement, l'acteur est mort d'une crise cardiaque en raison de sa très grande consommation de drogue et d'alcool consécutive au traumatisme engendré par le décès de sa mère deux ans auparavant, certains cultivent une autre théorie qui veut que le personnage de Frank Zito qu'il incarna neuf ans plus tôt le hanta au point qu'il se mit à prendre des drogues et à boire de l'alcool plus que de raison. Hémophile, Joe Spinell serait rentré ivre, la veille de la découverte de son corps, se serait blessé, aurait fini par s'endormir et se serait lentement, mais inexorablement, vidé de son sang. Légende ou pas, ce détail plutôt sordide renvoie évidemment au délirant et très sanglant final de Maniac. Vrai ou faux, toujours est-il que l'acteur est devenue depuis, l'une des icônes du cinéma d'épouvante les plus reconnues dans le monde. Depuis, l'homme repose au cimetière de 'Calvary Cemetary' (littéralement, le Cimetière du Calvaire) dans le Queens.

La bande originale, Les Meurtres et les effets-spéciaux

Ce qui marque presque instinctivement les esprits avec Maniac, c'est son ambiance extraordinairement pesante, morbide, glauque, malsaine, incommodante... appelez-là comme vous voudrez. Outre l'apparence inquiétante d'un Joe Spinell bedonnant, le visage grêlé, respirant et gémissant bruyamment, l'un des aspects qui y participent demeure dans la composition de thèmes musicaux dus au compositeur américain Jay Chattaway, notamment auteur de plusieurs œuvres pour les diverses séries télévisées Star Trek (pour lesquelles il a reçu à plusieurs reprises les fameux Emmy Awards américains) et d'un peu plus de vingt longs-métrages pour le cinéma, dont le Vigilante de William Lustig, Peur Bleue de Daniel Attias, The Ambulance de Larry Cohen, ainsi que de plusieurs séries et téléfilms documentaires. La bande originale de Maniac, principalement produite à l'aide de sonorités électroniques, demeure parmi les plus angoissantes que le septième art ait produit. L'un des points culminants demeurant lors de la séquence de poursuite dans le métro où, avec une brillante économie de moyens, le compositeur imagine un air de piano désaccordé que tous ceux qui l'entendirent à l'époque ont sans doute encore en mémoire. Entrecoupée de musique disco bien dans l'air du temps (je rappelle que nous sommes alors en 1980), la partition accompagne parfaitement les exactions d'un 'héros' libérant ses frustration sexuelles au cœur d'un New York nocturne et fiévreux. Sans distinction aucune, Frank élimine en effet tout ce que ses congénères (avec une nette préférence pour la gente féminine) préfigurent sous la forme de débauche. Couple dormant sur une plage, prostituée, amants batifolant à l'arrière d'une voiture, et même mannequins. Tout commence comme dans un cauchemar. Celui, sordide, de Frank qui avant de se réveiller, va se rêver en train de tuer un homme et sa petite amie sur une plage. Un double homicide encore bien 'propre' en comparaison de ce qui va suivre.

William Lustig pousse le réalisme de la séquence suivante lors de laquelle le tueur s'en prend à une prostituée dans l'une des chambres d'un hôtel de passe miteux tenu par un gérant incarné par... William Lustig lui-même (le gros type au cigare qui fait du gringue à une 'pute à perruque', c'est lui) en ne faisant intervenir qu'un programme radio en lieu et place de bande-son. En matière d'effets gore, le maquilleur Tom Savini (qui débuta sa carrière quelques années auparavant avec deux autres films cultes, Martin et Dawn of the Dead, tous deux signés par George Romero) commence à s'en donner à cœur joie et après l'étranglement que subit la prostituée de la part d'un Frank Zito pris d'une rage meurtrière, la pauvre jeune femme est scalpée devant la caméra à l'aide de l'instrument favori du tueur : un cutter. L'effet est saisissant. C'est le début d'une orgie sanglante qui connaîtra son apogée lors d'une séquence relativement amusante à évoquer puisque l'une des victimes voyant littéralement exploser sa tête à l'aide d'un fusil à pompe n'est autre que Tom Savini, lui-même concepteur de l'effet plutôt cradingue. La jeune femme qui l'accompagnait sans doute pour une relation adultère se verra, hors-champ, subir le même sort avant d'être elle aussi scalpée. Chaque scène de meurtre étant entrecoupée d'interludes particulièrement éprouvants montrant un Frank Zito de retour à la maison et plantant ses trophées au sommet du crânes des mannequins de vitrine qu'il s'est procuré au préalable, William Lustig et Joe Spinell nous concoctent alors, l'une des scènes d'épouvante les plus marquantes de l'histoire du septième art. 
 
La fameuse séquence durant laquelle, Frank parcourt les rues sombres de New York à la recherche d'une nouvelle proie avant de trouver celle qui lui convient : une infirmière qui plutôt que de patienter jusqu'à ce qu'on vienne la récupérer, choisit la mauvaise option en parcourant la distance qui la sépare de la rame de métro qu'elle a finalement décidé de prendre. Une poursuite infernale entre rues désertes et métro qui prend des allures de lieu désaffecté. La dernière rame venant d'abandonner la jeune femme à son triste sort (impressionnante Kelly Piper dans son rôle le plus marquant), la scène se termine dans des toilettes publiques aux murs 'tatoués' de graffitis en tous genres... Puis c'est au tour du mannequin Rita de faire les frais de la folie de Frank lors d'une séquence qui en comparaison avec le spectacle sanglant et morbide auquel nous venons d'assister, paraît relativement sobre. Entre temps, Frank aura eu le loisir de nous faire découvrir un autre aspect de sa personnalité en se sociabilisant auprès de la belle photographe Anna d'Antoni, incarnée par la superbe Caroline Munro. On pourrait croire pendant un instant que le tueur s'est définitivement effacé au profit d'un Frank séducteur, mais les apparences sont parfois trompeuses...

Anecdotes

Tourné à New York et majoritairement de nuit, Maniac a rencontré quelques difficultés puisque William Lustig ayant décidé de tourner le film sans autorisations légales adéquates, il lui a fallut faire vite et ce, notamment lors de la séquence de la tuerie à bord de la voiture. Le coup de feu ayant attiré l'attention de passants, il a fallut au réalisateur ainsi qu'à l'équipe technique et les interprètes, se dépêcher de quitter les lieux à l'issue du tournage avant que ne débarquent les autorités. Trente huit ans après sa sortie, Maniac n'a pas perdu de sa superbe et face à la concurrence actuelle, il demeure encore très largement au dessus du niveau de référence actuel. Plusieurs anecdotes entourent le film bien au delà de la légende qui entoure le décès de Joe Spinell. La plus évidente demeurant autour de la réception de ce qui restera comme l'un des quelques longs-métrages horrifiques à avoir connu le (dés)honneur de la censure en France puisqu'il fut interdit pendant un an (ce qui en comparaison des cinq années d'interdiction de Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper peut paraître anecdotique). Le film connaîtra tout d'abord les honneurs d'une édition au format VHS avec sa parution dans la cultissime collection 'Les Classique de l'Horreur et de l’Épouvante' de René Château Vidéo, à l'arrière des jaquettes desquelles était mentionnée la fameuse citation :'Les Films que Vous ne Verrez Jamais à la Télévision !'. Pire qu'en France, le film connut de sévères coupes selon les pays où il fut distribué. Notamment en Angleterre et en Australie. L'anecdote la plus surprenante demeure sans doute celle entourant la célèbre chanson 'She's a Maniac' que l'on entend dans la comédie musicale Flashdance d'Adrian Lyne. Il faut savoir qu'à l'origine, elle fut composée pour le long-métrage de William Lustig mais n'étant pas de la même inspiration que le reste de la bande originale, elle fut finalement rejetée avant de devenir le succès que l'on sait...

Diverses affiches, posters et éditions VHS, DVD et Blu-Ray de Maniac...


Bande annonce


Bande annonce Remake 2012 


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